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Moutier: Stand'été

Sous l’éteignoir du vote communaliste

Alain Tissot et le staff de Stand’été font part d’une décision difficile mais inéluctable. Ils veulent engager une profonde réflexion

Michel Zbinden, Alain Tissot et Yves Juillerat renoncent à l’édition 2017 de Stand’été la mort dans l’âme, mais ils souhaitent parvenir à une solution pérenne dès 2019. Blaise Droz
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Blaise Droz

Dès le mail envoyé à la presse, le ton est grave et mystérieux. Alain Tissot, cheville ouvrière du Stand’été, a une information importante à communiquer. Il l’a dévoilée hier dans toute sa simplicité en compagnie d’Yves Juillerat et de Michel Zbinden. La 7e édition de Stand’été, prévue en 2017, n’aura pas lieu, victime d’un redoutable télescopage de dates avec le vote communaliste.

«Depuis 2005, Stand’été se déroule durant la seconde quinzaine de juin pour des raisons non modifiables qui vont de la disponibilité du public et des partenaires, du calendrier des autres événements culturels, de la possibilité de travailler avec les écoles après les bulletins et avant les vacances etc. Du coup, l’édition 2017 aurait dû s’ouvrir le week-end du 17 et 18 juin, soit très exactement aux dates choisies par les autorités prévôtoises pour le vote communaliste qui entérinera l’appartenance cantonale de Moutier», explique Alain Tissot.

Le risque qu’une récupération de notre festival par le camp vainqueur ou que le ressentiment des perdants ternisse la fête est trop grand. De même, le comité de Stand’été qui fonctionne de manière bénévole avec des gens engagés dans les deux camps aurait difficilement pu échapper à une forme de démotivation. Il en serait de même de tous ceux qui donnent un coup de main, prêtent un camion ou du matériel. En un mot comme en cent, l’ambiance de juin 2017 sera trop politisée pour permettre un déroulement serein de Stand’été et la décision a été formellement prise de renoncer à cette édition.

Plus grave encore...

«Pourtant, il y a une menace bien pire et plus sournoise encore!», insiste Alain Tissot qui constate que, sur le plan culturel, la ville de Moutier est un endroit où la frontière cantonale n’est qu’un pâle traitillé. Des institutions culturelles majeures comme le Musée jurassien des Arts, l’Atelier de Gravure, le festival Espacestand et bien sûr le festival Stand’été dépendent d’un financement à trois assumé par la ville de Moutier, d’une part, ainsi que les cantons de Berne et du Jura de manière plus ou moins égale d’autre part.

Au soir du 18 juin, l’un des deux cantons aura perdu Moutier et il est à craindre que son soutien financier à la culture prévôtoise en souffre considérablement. «Jusqu’à présent, le canton de Berne soutient les activités culturelles en Prévôté parce que Moutier se situe sur son territoire et que c’est donc de son ressort.

Le canton du Jura s’y investit également pour cause de proximité d’une part, et peut-être aussi un peu parce qu’un rattachement possible de Moutier est en ligne de mire.» Un raisonnement lucide s’il en est.

De l’avis du comité de Stand’été, idéalement rien ne devrait changer parce que le festival concerne avant tout un bassin de population délimité par un grand cercle de compas centré sur le stand. «D’un point de vue politique par contre, la réalité d’une frontière cantonale est souvent et malheureusement bien plus contraignante», a-t-il analysé.

C’est la raison pour laquelle, en abandonnant l’édition 2017, l’équipe de Stand’été va sans tarder concentrer tous ses efforts sur l’avenir du financement des éditions futures avec la volonté farouche de ne pas renoncer à la manifestation dans le futur, quand bien même elle est clairement menacée.

Un gros budget

La réalité des chiffres est inquiétante. Bon an mal an, le budget de Stand’été avoisine les 750 000 fr., dont les 97% sont répartis entre les charges artistiques, logistiques et techniques. Seuls 3% couvrent les frais de bureau, jetons de présence, etc.

Etant donné que la part de chacun des cantons se monte grosso modo à 150 000 fr., devoir y renoncer serait un coup fatal à la manifestation et l’équipe de Stand’été a déjà pris langue avec les délégués à la culture des deux cantons et les autorités communales. Leur espoir est d’obtenir l’engagement des parties de financer encore Stand’été à l’avenir. Une prochaine séance aura lieu en automne, pilotée par la commune.

L’espoir est d’y obtenir un engagement non pas pour un montant déterminé mais sur le principe d’une poursuite du soutien quoi qu’il advienne.

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