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Drones

Ils captent la vie en prenant de la hauteur

Passionnés par ces engins et le vol en immersion bien avant l’effet de mode, les deux Jurassiens bernois Florian Gluszka et Stefan Wyssen adoptent une approche professionnelle des images aériennes. Et leur hobby se développe

Florian Gluszka (à g.) et Stefan Wyssen, deux passionnés qui proposent des prises de vue inhabituelles grâce à leurs engins à hélices.Incopter

Michael Bassin

Les drones tournent à plein régime. Toujours plus de personnes s’essaient en effet au pilotage de ces engins volants. Parmi eux, de nombreux curieux qui cèdent à la tentation commerciale. Mais il existe aussi des intéressés de longue date qui ont développé une approche quasi professionnelle des drones.

C’est le cas des deux Jurassiens bernois Florian Gluszka et Stefan Wyssen, aujourd’hui respectivement domiciliés à Malleray et près de Berne. Animés d’une même passion, les deux amis ont mis en place inCopter.ch et proposent des vidéos et des photos aériennes à couper le souffle.

«Très jeune, j’étais déjà attiré par le modélisme. Plus tard, j’ai repris cette passion avec l’acquisition d’hélicoptères, raconte Florian Gluszka. Et puis, j’ai eu envie d’installer une caméra sur une plate-forme volante. J’ai alors monté, seul, un appareil en commandant les pièces aux Etats-Unis et en Asie.» Un intérêt communicatif, puisqu’il l’a transmis à son pote Stefan Wyssen.

Un hobby à côté du job

Leur dada, c’est le vol en immersion. En clair: piloter un drone qui retransmet, via un appareil photo fixé sur une nacelle, des images en direct. Voilà maintenant plus de deux ans que les deux trentenaires manient ce type d’engins.

«Cela nous a permis d’acquérir de l’expérience et un savoir faire pour piloter dans des endroits difficiles d’accès, pour améliorer la stabilité et la qualité des images, pour effectuer des mouvements de caméra plus intéressants et pour développer des compétences dans le montage vidéo. Et, surtout, d’assurer la sécurité», explique Florian Gluszka.

Aujourd’hui, les deux Jurassiens bernois tournent des images saisissantes et offrent des perspectives inhabituelles pour diverses occasions. «Les domaines potentiellement intéressés sont nombreux comme le tourisme, les entreprises ou les manifestations sportives par exemple. Certains nous demandent des photos, d’autres une séquence aérienne qu’ils inséreront dans un montage, d’autres encore souhaitent un film en entier», indiquent les deux hommes.

Pour l’instant, cette passion, même vécue avec professionnalisme, n’est qu’un à-côté. «Nous travaillons les deux à 100%, dans l’informatique. Ce que nous rapporte notre hobby nous permet toutefois de renouveler notre matériel. Car les évolutions sont ultra-rapides en la matière, encore plus que dans l’informatique!»

Engin à 20 000 francs

Florian et Stefan se soucient des moindres détails au niveau de la réalisation. Le type d’engin utilisé et les configurations des appareils varient en fonction du contexte et des prises de vue à effectuer. Ils utilisent principalement un drone professionnel appelé octocoptère – huit hélices –. Comme il est équipé, celui-ci avoisine les 20 000 francs.

«Les mouvements de caméra (capteur de 22,3 millions de pixels), la stabilité et la qualité des vidéos ne sont pas comparables avec les petits drones vendus 700francs en grande surface…», observe Florian  Gluszka.

Pesant environ 7-8 kilos, mesurant 1,4mètre d’envergure, l’octocoptère des deux hommes tel que monté dispose d’une autonomie d’une douzaine de minutes.

Les amis d’inCopter.ch veillent à tous les aspects sécurité. «Nous aimons aller repérer les lieux avant le tournage, non seulement pour voir où nous positionner mais aussi pour distinguer les éventuels obstacles.» Un vol en immersion nécessite toujours deux personnes: un pilote (qui regarde et dirige l’engin de visu) et un opérateur (qui regarde l’écran et manie l’objectif).

Si les appareils peuvent être programmés grâce à des coordonnées GPS, Florian et Stefan avouent clairement préférer le pilotage manuel. «Un bon cadrage se fait à la main», souligne Stefan. «Et puis, nous n’osons pas perdre de vue l’engin et devons être capables de reprendre les commandes en cas de problème.»

Soucieux des règles à respecter, les deux passionnés approuvent l’interdiction (sauf autorisation) de filmer un rassemblement à moins de 100 mètres. Ils verraient même d’un bon œil l’émergence d’un permis de drones.  
Après la pluie de ces derniers jours, Florian et Stefan guettent désormais les rayons avec impatience, histoire de faire prendre l’air à leur pieuvre du ciel.

infos, images et vidéos sur www.incopter.ch

Les deux compères d’inCopter.ch ont réalisé quelques vidéos de paysages, dont une sur les éoliennes. Incopter

Leur dernière production, prochainement mise en ligne, se concentre sur le mont Pilate. Incopter  

Des règles pour éviter les incidents

Poids  Sur le plan juridique, les drones sont assimilés aux modèles réduits volants. Aucune autorisation n’est nécessaire pour les engins dont le poids n’excède pas 30kilos. Passée cette limite, une autorisation de l’Office fédéral de l’aviation civile (OFAC) est obligatoire.

«Nous avons reçu trois demandes en 2015 en ce qui concerne des drones de plus de 30 kg. Il s’agit de professionnels qui développent des drones utilisés pour faire des mesures dans le domaine de l’aviation ou de la surveillance», indique Martine Reymond, du service de communication à l’OFAC.

Contact  Parmi les autres principales règles à observer avec un drone figure le fait que son pilote doit maintenir un contact visuel permanent avec l’engin. «Une règle simple qui, respectée, peut empêcher les incidents», note Martine Reymond.

Le recours à des équipements permettant d’accroître la portée du regard (jumelles ou lunettes vidéo) nécessite l’autorisation de l’OFAC. Les lunettes vidéo et dispositifs analogues sont par contre admis si un deuxième opérateur supervise le vol et est en mesure de reprendre en tout temps le contrôle de l’appareil. Il est par ailleurs interdit de voler à moins de 5km des pistes d’un aérodrome civil ou militaire.

Foule  Depuis le 1er août 2014, il n’est plus permis de faire évoluer des drones à moins de 100 mètres d’un rassemblement de personnes (à savoir quelques dizaines rassemblées dans un espace restreint ou défini). A moins d’une autorisation de l’OFAC.

«A ce jour, nous avons reçu 15 demandes officielles; une seule a été autorisée et quatre sont en examen. La procédure actuelle est complexe, mais une procédure simplifiée est possible. Celle-ci prévoit que le drone est attaché par un câble (drone captif) et, qu’en cas de chute, l’engin ne peut pas tomber sur la foule», indique Martine Reymond.

Images  Les utilisateurs de drones doivent également respecter la sphère privée et plus généralement les dispositions de la loi sur la protection des données.

Info  «Du côté de l’OFAC, nous avons produit un flyer qui est distribué par les vendeurs lors de l’achat d’un drone. Il résume les règles de base de l’aviation et de la protection des données», conclut Martine Reymond.

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