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Quelle longévité!

22, v’là Tramlabulle!

C’est tout sauf un festival de croulants. Mais à l’orée de sa 22e édition, Tramlabulle peut s’enorgueillir d’une durabilité record à l’échelle de la Romandie. Recette? Talent et modestie.

Milly Bregnard, toujours aussi dynamique, Valérie Loetscher (dessinatrice), Pierre-Alain Kessi, Cédric Humair, Mathieu Chaignat (CIP) et Tania Scommegnia (médiathèque), de gauche à droite: ils se lèvent tous tôt pour Tramlabulle.

ATramlabulle, on a pris pour habitude de faire plus fort que Tintin en personne. La preuve? On y revendique fièrement un lectorat oscillant entre 3(!) et 77 ans. Du comique (petits) enfants au rigolo (vieux) adultes, c’est vrai qu’il y a de l’espace. Et de la matière, tant il est toujours vrai que la BD ne s’adresse pas aux seuls esprits facétieux. Ne se veut-elle pas aussi sérieuse, historique, revendicative et même subversive? Avec, à cet ultime propos, une préférence notoire pour les sandinistes au détriment des fascistes.
On en a eu une nouvelle preuve, hier, à Tramelan, à l’heure de découvrir le programme de la 22e édition, qui se tiendra au CIP du 28 au 30 septembre.

Ces animaux très humains
Cédric Humair, l’érudit président de la manifestation, s’est d’ailleurs chargé d’enfoncer un clou tout sauf rouillé en prenant à témoin l’affiche du festival: «Oeuvre de Baba et de Pal Degome, elle invite à la convivialité et au partage. Elle rappelle aussi que dans le 9e Art, les animaux ont l’apparence et le comportement des humains.» Sauf quand ces derniers se comportent mal? Tel n’est évidemment pas le cas des organisateurs, qui tiennent une fois de plus à louer leur partenariat avec le CIP. Ce CIP qui abrite, comme de coutume, ce festival totalement gratuit. Oui, une identification suffisamment forte pour faire figurer sur l’affiche le prestigieux temple de la formation continue.

Entre anciens et modernes
Dites! et si on passait à l’essentiel? Allusion émue aux quelque trente dessinateurs et scénaristes qui feront le déplacement. Parmi eux, 12 nouveaux et 18 anciens, si on peut résumer ainsi. Dans le lot, notez qu’on n’a même pas compté les glorieux régionaux de l’étape, comme Crigou, Denys – La malice – Mathey, Vincent L’Epée, etc. Ajoutez à ce joli lot quelques fanzines adeptes de la rébellion permanente et vous disposerez d’un panorama plutôt complet.

«Nos auteurs viennent de Suisse, de France et de Belgique, mais aussi d’Espagne et d’Italie, s’est enthousiasmé Cédric Humair. Nous proposons par ailleurs en exclusivité suisse le grand Alexander Izquierdo, un artiste qui nous vient tout droit de Cuba.» Tout d’abord peintre et illustrateur de livres pour enfants, l’intéressé s’est mis à la BD avec suffisamment de bonheur pour que ses œuvres soient traduites en français. Forcément, ce gars doit se sentir plus proche de Fidel Castro que de Fulgencio Batista. Sinon, on ne l’aurait pas invité... On pourra découvrir ses œuvres au stand regroupant les créations de tous les invités. Mais, comme d’hab, un autre stand, tout aussi fourni, sera consacré aux nouveautés de la galaxie BD. D’autres tanières seront dédiées aux livres d’occase et aux publications spécialisées (sans sous-entendu). Enfin, les particuliers ont toujours la possibilité de louer un stand à l’enseigne de Troccazabulles, pour échanger ou vendre leurs BD personnelles. Qu’ils se dépêchent de s’inscrire!

Encore une histoire d’ours
Histoire d’en revenir aux auteurs, l’Espagnol Nadar évoquera son pays en crise. Le Suisse Debuhme, qui vient d’obtenir un prix très prestigieux en Belgique, s’en viendra présenter sa création, «De la nécessité d’avoir un ours chez soi». Avis aux complotistes et autres lanceurs d’alerte à deux zlotys, il ne s’agit pas de l’Ours de Berne!
Et comme nous sommes tous gentils, nous nous intéresserons tous de près à la série du Français Fredman, intitulée «Les méchants de l’Histoire». De Caligula à Dracula en passant par Attila, il y a effectivement un sacré choix.

Ce qui nous mène sans vergogne au fameux «Concombre masqué», œuvre du génial Mandryka. A 77 ans, soit pile poil dans la limite ultime du lectorat de Tramlabulle, ce géant fera le déplacement de Tramelan à visage découvert.

«Mandryka, c’est effectivement un sacré monument, confirme Pierre-Alain Kessi, président fondateur de Tramlabulle. L’esprit de 1968, l’omniprésence de Gotlieb, la saga du journal Pilote? Pas de doute, nous serons au cœur de la grande Histoire avec Mandryka.» Un type très social, à ce qu’il paraît.

Forcément, l’opiniâtre Mathieu Chaignat s’en est venu évoquer les nombreuses activités en lien avec Tramlabulle. Spectacle de marionnettes, conférence de Daniel Thurre, repas-spectacle de magie et d’illusion en compagnie de Blake – Magic – Eduardo, concert des jeunes accordéonistes et DJ au bar le samedi soir? Cet éclectisme qui définit la galaxie BD sera aussi de mise ici.

Grâce à la médiathèque, enfin, on pourra participer, durant les trois jours du festival, à une escape room, comme on dit aujourd’hui.

Ainsi que l’a rappelé l’enthousiaste Tania Scommegnia, ce jeu est destiné à une équipe de quatre personnes au maximum (réservation recommandée au CIP). Thématique? Vous êtes dans un vieux sous-marin rouillé qui craque de partout et vous n’avez pas beaucoup de temps pour vous en extirper. Bref, l’angoisse est tout sauf métaphysique.

Mais si vous avez trop peur, rabattez-vous plutôt sur l’exposition de Cubitus, fébrile quinquagénaire canin. Ouarf!

 

Quelques hauts faits d’armes
A Tramlabulle, on a visiblement une passion pour ce bon Moussorgski et ses «Tableaux d’une exposition». Cette année, le visiteur pourra se farcir la bagatelle de quatre expos. Celle de la paire Baba et Pal Degome, créateurs de l’affiche 2018. Celle célébrant «Cubitus», le mythique clébard crée à l’origine par Dupa et repris par Rodrigue. Figurez-vous que notre canin de jardin a aujourd’hui 50 balais. Et il aboie toujours, le bougre. Troisième galerie, celle de Vincent Di Silvestro, consacrée notamment à «Rodger, l’enfance de l’art». Rodger? Comme Roger Federer, bien sûr. Enfin, Vay, ou Valérie Loetscher, de Grandval, proposera notamment une collection de portraits. Elle a aussi illustré moult livres jeunesse.

Du blues, mais avec un solide zeste de rock
C’est une grande première pour le Jura bernois. The Rockin’ Blues Daddies, nouveau gang du guitariste prodige Pierre-Alain Kessi, mettra une ambiance du feu de Dieu le vendredi 28 septembre, dès 21h30, au CIP. Accompagné de Samuel Joss, basse; Mark Koch, claviers, et Thomas Fahrer, batterie, trois pointures du jazz ayant toutes passé par les écoles éponymes, Pakmann revisitera la folle histoire du blues, du Chicago au British. Mais que les anxieux se rassurent, ce blues-là contiendra sa dose de rock. Et de jazz? Bon, c’est moins important, ça. «Nous ne sommes certes pas les perdreaux du jour, s’amuse Kessi. Mais nous tenons à perpétuer l’héritage de cette musique qui a quand même donné naissance au jazz et au rock.» Damned! un concert qui promet un max.

Bienvenue à la performance dessinée
Vendredi et samedi, on pourra assister à un match dessiné, où les contraintes d’un thème imposé, la spontanéité des auteurs et la communion avec le public seront au rendez-vous. Au crayon: l’accorte Caro et le vif Vincent L’Epée.

 

Le programme complet et la liste desauteurs présents quelques pages plus loin
Le riche programme de cette 22e édition de Tramlabulle et la liste complète des auteurs présents sont à découvrir en page 29 de ce journal, soit la troisième page de l’édition hebdomadaire du Progrès-Courrier.

Mots clés: Tramlabulle, 2018, Programme

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