Vous êtes ici

Asile

«500 places, de toute urgence»

Le conseiller d’Etat Hans-Jürg Käser lance un appel aux communes

Patron de la Direction de la police, Hans-Jürg Käser a appelé les communes à faire preuve de solidarité afin de pouvoir héberger les requérants d’asile dans de bonnes conditions. A. Keystone

Philippe Oudot

Hier, à la reprise des débats sur le thème de l’asile, le directeur de la Police et des affaires militaires (POM) Hans-Jürg Käser a fait une déclaration forte devant le Grand Conseil. Se félicitant des signaux positifs émis par nombre de députés lors des débats de lundi, il a rappelé qu’au vu de l’afflux des requérants d’asile que la Confédération continue d’attribuer aux cantons, «nous avons besoin au plus vite de 500 places d’hébergement supplémentaires».

Les 28 centres d’hébergement collectifs que gère le canton offrent 2600 places, et les deux centres pour mineurs non accompagnés (RMNA) 180 places.

«Mais aujourd’hui, nos capacités d’accueil sont épuisées – y compris la réserve stratégique d’hébergements de 10%. Pour anticiper la croissance attendue du nombre de demandeurs d’asile, j’ai écrit à toutes les communes pour qu’elles m’indiquent les lieux d’hébergement appropriés dont elles disposent. Eh bien, je n’ai eu aucune réponse positive! Voilà pourquoi j’ai voulu ouvrir dans l’urgence des abris de PC», a-t-il martelé.

Les pieds au mur

Il a ainsi tenté de négocier avec cinq communes (Aarberg, Neuenegg, Oberhofen, Täuffelen et Wohlen) pour pouvoir utiliser ces abris comme hébergement temporaire, en vain. La POM a donc décidé de les réquisitionner, mais certaines ont mis les pieds au mur et ont fait opposition. «Voilà pourquoi nous avons fait appel à l’armée pour installer des tentes sur le site d’hébergement de Kappelen-Lyss en guise de solution d’urgence», a expliqué Hans-Jürg Käser.

Si l’hébergement adéquat des demandeurs d’asile reste une tâche du canton, ce dernier a besoin de l’aide des communes, et les conflits ne débouchent jamais sur de bonnes solutions. «J’ai donc décidé de retirer le décret sur l’ouverture de ces abris et de repartir à zéro. De cette manière, j’espère pouvoir relancer le partenariat avec les communes, dans l’intérêt de l’accueil des requérants d’asile.»

Au passage, il s’est félicité de l’attitude de l’Association des communes bernoises, qui s’est dite prête à contribuer à détendre la situation et à trouver une solution pour créer des places d’hébergement.

Erich Hess envoyé dans les cordes

Pas plus de 2% Venu défendre sa motion demandant en particulier de limiter le nombre de requérants d’asile à 2% de la population des communes, Erich Hess (UDC) a dénoncé le discours de Hans-Jürg Käser. Pour lui, il faut appliquer les accords de Schengen-Dublin, fermer les frontières et renvoyer les requérants dans le premier pays d’accueil au lieu d’ouvrir des places d’accueil dans les communes. Un point c’est tout.

«Car si, à court terme, la Confédération paie pour ces gens, ils seront des décennies à l’aide sociale, aux frais du canton! Il faut s’opposer à une telle évolution!», a-t-il clamé, appelant à soutenir sa motion.

Des propos qui ont suscité de vives réactions jusque dans ses propres rangs. Au nom du PBD, Monika Gygax-Böninger a lancé: «Aujourd’hui, 2%, et demain, ce sera la couleur de peau, la religion ou le pays?» Maria Esther Iannino Gerber (Les Verts)a dit son écœurement:«C’est indigne! Je n’ai jamais entendu quelque chose de pareil dans cette salle!» A l’adresse d’Erich Hess, Philippe Müller a asséné qu’avant de déposer une telle motion, il aurait mieux fait de réfléchir. Au final, sa motion a été balayée par 143 voix contre 4.

Le canton à la caisse Par voie de motion, l’UDC Christoph Berger demandait au gouvernement de modifier les règles pour que les coûts administratifs liés à une infrastructure d’hébergement collectif soient couverts par le canton, ce qui contribuerait à mieux faire accepter ces centres par la population. Sur proposition de plusieurs députés, de gauche comme de droite, il a accepté de transformer sa motion en postulat. Au vote, celui-ci a été largement accepté: 125 oui contre 10 non.

Oui à l’hôpital Ziegler

Entamé lundi en fin de journée, le débat à propos de la transformation de l’ancien hôpital Ziegler en centre d’accueil pour requérants d’asile s’est achevé hier, avec le soutien des Verts ainsi que des libéraux-radicaux. Patron de la POM, Hans-Jürg Käser a alors indiqué que sa direction s’engageait dans ce sens et a annoncé qu’une séance entre ses services, la ville de Berne et le Spitalnetz SA, aurait lieu le lendemain (réd: aujourd’hui) pour en discuter.

Il a toutefois rappelé que même en cas d’accord, la mise à disposition ne se ferait sans doute pas du jour au lendemain. Au vote, la motion a été adoptée par 114 oui contre 26 non et 1 abstention.

Articles correspondant: Région »