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Bienne

Alpes suisses sur fond noir

Le peintre biennois Roger Birbaum a fait du noir sa couleur de prédilection. Il s’est ainsi lancé dans une série de peintures sur les Alpes suisses dans cet unique coloris.

Roger Birbaum dans son atelier biennois, peignant «Enchevêtrement marine». Photo de Peter Samuel Jaggi

Julie Gaudio

«Le noir est le commencement de tout. Les individus l’associent à la mort mais en peinture, on se sert du blanc pour représenter le deuil.» Roger Birbaum, un peintre ayant son atelier à Bienne, voit en cette couleur l’essence de sa peinture. «Les couleurs sombres donnent plus de profondeur et reflètent la lumière», assure-t-il. Tel «le peintre du noir» Pierre Soulages, Roger Birbaum s’est lancé dans une série de toiles toutes noires sur les Alpes suisses, qu’il espère exposer à l’automne. Jouant avec les superpositions de peinture à l’huile et ses outils de maçon-carreleur, il crée ainsi les reliefs des massifs alpins. «En plus, selon la lumière du jour, le tableau change. Tous les jours, il est différent», se réjouit Roger Birbaum.

Maçon-carreleur de formation, Roger Birbaum se décrit comme un peintre autodidacte «toujours à la recherche de plus». S’il confie avoir commencé par l’impressionnisme, il déclare aujourd’hui être plus abstrait et mélanger deux écoles de peinture: l’école classique de la Renaissance et celle du Bauhaus. «Je reprends la technique du glacis, utilisée à la Renaissance, qui consiste à peindre couche par couche pour donner de la densité», explique Roger Birbaum. «Les peintures du Bauhaus sont plus minimalistes et l’on se sert de la matière pour créer la lumière, et non l’inverse», détaille-t-il.

Noir c’est noir

Contrairement à beaucoup de peintres, Roger Birbaum commence toujours par peindre ses toiles blanches d’une couleur sombre pour faire un fond. «La plupart des peintres n’osent pas faire des toiles toutes noires», estime Roger Birbaum. Si l’artiste s’est lancé dans une série sur les Alpes, il avoue pourtant ne pas puiser son inspiration dans la nature, mais plutôt se concentrer sur la construction de ses peintures. «Après trois ans à peindre le même genre de toiles, je me suis rendu compte qu’elles avaient toujours la même construction, que les tableaux soient abstraits ou figuratifs», reconnaît Roger Birbaum. La construction fait «l’essence d’un peintre et c’est cela qui les distingue», estime-t-il. Parfois, le peintre esquisse également quelques traits à la mine de plomb sur du papier. «Seulement un tiers de mes toiles sont faites à partir d’esquisses», témoigne-t-il.

Outre Pierre Soulages, Roger Birbaum confie puiser son inspiration chez Piet Mondrian. «L’idée du fond noir vient aussi de lui», explique-t-il. Parmi les artistes de la Renaissance, Roger Birbaum cite Le Caravage comme «son peintre préféré». «Il raconte une vérité crue», commente-t-il.

Des noms qui fusent

Alternant entre sa série sur les Alpes et d’autres tableaux plus abstraits, Roger Birbaum songe à une exposition à l’automne. «En général, j’expose une fois tous les deux ans car cela me coûte de l’argent d’exposer», raconte le peintre biennois. Cela étant dit, il a exposé en juin 2019 à l’Ancienne Couronne, en vieille ville, et a présenté sa collection sous le nom «Aequilibrium». Un nom pour sa collection, mais presque aucun pour ses toiles. «Je n’aime pas trop nommer mes tableaux car je préfère laisser la liberté aux spectateurs de se représenter ce qu’ils veulent», confie-t-il. Parfois cependant, des noms lui viennent très spontanément, comme un tableau fait de noir et de bleu, qu’il a intitulé «Enchevêtrement marine». Ou encore ce tableau rouge et noir qui porte le titre «Tokyo».

Pour sa prochaine exposition, il envisage ainsi de présenter sa série sur les Alpes aux côtés d’autres toiles plus colorées, «car le noir peut faire peur», conclut-il.

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