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Après les food trucks, le barber truck débarque chez nous

Barbier atypique, Jean-Pierre Mur a lancé, il y a moins d’un mois, le premier Barber truck de Suisse. Désormais itinérant, il propose des séances de barberie dans un ancien camion retapé à cet effet.

Désormais, c’est le barbier qui se rend chez le client. Photo: Peter Samuel Jaggi

Par Jeremy Jaquet

Il n’a d’hirsute ni la barbe, ni les manières. Véritable gentleman, Jean-Pierre Mur soigne ses mœurs comme sa pilosité faciale. Et pour cause: ce barbier atypique fait du port de la barbe un art de vivre. Art pour lequel il a conçu un projet qui ne manque pas de sel. Il y a moins d’un mois, Jean-Pierre lance le premier Barber Truck de Suisse. Désormais itinérant, il propose des séances de barberie – le terme officiel désignant le savoir-faire dans l’entretien de la barbe - dans un ancien camion Zweifel retapé à cet effet. Rencontre avec un maître de la barbe au parcours protéiforme.

De nombreuses ressources
Présent samedi et dimanche à une réunion de motards fadas de Harley Davidson, Jean-Pierre et son truck se fondent parfaitement dans le décor. «Le biker d’aujourd’hui, ce n’est plus le gros lourd prêt à te casser la figure, maintenant ce sont des mecs qui font très attention à leur style» explique le barbier sans ambages. Faconde convaincante et barbe bien soignée: J-P sait se mettre en avant. Sans oublier l’essentiel, bien évidemment, une expertise certaine de la barberie. «Il y a deux ans, j’ai suivi une formation de barbier à Paris», relate-t-il. Et avant? Avant, cet original, originaire du Doubs, est passé par un chemin atypique. Entre le métier de mécanicien, appris mais jamais pratiqué, un passage dans l’armée française, un poste dans le marketing chez Coca-Cola, Jean-Pierre Mur a de la bouteille dans des domaines aussi variés qu’antinomiques en apparence. Car de ses expériences il conserve de nombreuses compétences. «Etant donné que j’ai travaillé pour L’Oréal par exemple, je suis un peu visagiste également. Et mes clients apprécient beaucoup cet aspect de mon travail».

Projet fou
Installé depuis plusieurs années à Neuchâtel, il se souvient de l’hiver passé, alors qu’il tenait encore un salon de barberie au centre-ville. « Les mois de janvier à mars ont été très durs pour les commerçants. Avec la neige et le froid, les clients ne sortaient plus de chez eux». C’est alors que germe dans son esprit une idée dont il ne se défera plus. Et qu’il concrétise, fonçant la tête la première. Après trois mois d’intenses travaux, et en collaboration avec «Ironwood – aménagement de véhicules» le premier Barber Truck suisse voit le jour. Le 19mai, les premières barbes taillées. Adieu, loyer trop cher payé; adieu, centre-ville déserté! Depuis ce moment-là, Jean-Pierre se déplace comme il l’entend, et il n’en est pas peu satisfait. «J’indique sur mon site internet où je me trouverai avec mon truck, et les clients prennent rendez-vous aussi via le site web», explique-t-il. Sans compter qu’il n’a presque plus de frais, son avantage principal est évidemment la mobilité que permet le truck. C’est le barbier qui se rend chez le client, en quelque sorte, et plus le contraire.

Entre mode et VIH
Depuis quelques années la pilosité faciale plus ou moins fournie se fait présente sur les visages masculins, notamment chez les jeunes adultes, alors que barbe et moustache avaient été éradiquées dans les années70. Effet de mode? Nenni! «A partir de 1968, avec l’émergence du sida, les hommes ont fui les salons de barbiers à cause du rasoir à lame unique. Ils craignaient qu’on puisse être contaminé par le sang», développe Jean-Pierre. Mais depuis l’invention des «coupe-choux» à lame renouvelable, la barberie est redevenue une pratique inoffensive. Par ailleurs, le goût pour une belle barbe nous est venu du monde anglo-saxon, plus spécifiquement des Etats-Unis, où le phénomène des Barber Trucks est bien implanté. Se rendre chez un barbier, comme l’explique J-P, c’est bien plus qu’une question esthétique. «Une séance chez moi, c’est un moment d’échange. Je pratique quelques massages pour commencer, je me tais et le client peut parler librement s’il le souhaite. D’ailleurs, beaucoup sont devenus des potes!»

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