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Site de Bellelay

Arrivée imminente d’un médiateur

Enfin conscient du problème, le Conseil du Jura bernois s’est emparé du dossier pour tenter de fédérer les différentes factions qui s’ébattent autour de l’étang à Fell

Saint Augustin? Dans le Bellelay d’aujourd’hui, sûr qu’il deviendrait fou! LDD

Analyse

Pierre-Alain Brenzikofer

Fédérer les innombrables acteurs à l’œuvre sur le site de Bellelay, ce qui sous-entend forcément les galaxies du fromage, du cheval, de l’art moderne, de l’orgue, sans oublier la religion? Vaste tâche et vaste débat, histoire de demeurer sibyllin. Surtout que dans cette énumération presque san fin, on oublie encore cette psychiatrie. Laquelle, pour des raisons évidentes, n’effectuera pas une retraite généralisée dans les mois – voire années – qui suivent.

Parfois lent au démarrage, le Conseil du Jura bernois semble avoir désormais perçu l’importance du dossier Bellelay pour le Jura bernois. Afin d’assurer la pérennité – et surtout la sérénité – du site au sens large, il nommera tout prochainement un médiateur, histoire de mettre un peu d’ordre dans un orchestre où moult solistes éprouvent mille peines à se soumettre à la baguette d’un maestro.

Une tâche pas forcément herculéenne, mais qui demandera à la fois du doigté et une connaissance approfondie du dossier comme du Jura bernois au sens large. Diantre! les problèmes de Bellelay ne datent pas d’hier. En 1988, déjà, le Conseil exécutif s’était vu confronté à un authentique casse-tête.

Que diable faire de ce site et de ce lieu? A l’époque, de bonnes âmes lui avaient suggéré trois variantes. Soit une simple transformation de la clinique actuelle, la conception d’un hôtel-séminaire et enfin la création d’un centre artistique baptisé Impulsorium.

Eh bien, figurez-vous que cette dernière solution étant retenue, une Fondation Impulsorium avait même été créée le 15 avril 1989. En septembre de la même année, le rapport du groupe de travail était déposé auprès de Leurs Excellences. Il préconisait justement la création d’un centre artistique à Bellelay et la construction de deux nouvelles cliniques dans des communes du Jura bernois.

On ne reviendra pas ici sur le cas, forcément clinique, des cliniques décentralisées qui ne le furent pas.Par contre, même si le projet Impulsorium avait rapidement défunté de sa belle mort, Bernard Heiniger n’en réclame pas moins aujourd’hui un projet similaire pour Bellelay, digne de son énorme dimension historico-culturelle.

Le bougre sait fort bien qu’à moyen terme, la psychiatrie s’en ira. Seulement, voilà, sans rentrer une fois de plus dans les détails, on glissera néanmoins que les différents acteurs culturels actifs sur le site sont un peu comme chien et chat.

Décision imminente

Le CJB semble donc l’avoir enfin compris, lui qui devrait se montrer beaucoup plus actif, devenir une véritable force de proposition et de gestion, ainsi que nous le confiait récemment un ancien conseiller d’Etat.

Confronté à tout cela, Lucas Bonadei, l’excellent secrétaire général de l’organe régional, a reconnu que ce dernier entendait bel et bien mettre sur pied une médiation: «Les détails de ce dossier seront justement bétonnés lors de notre séance plénière du 24 février prochain. Tout est prêt, je puis vous l’assurer. Ne manque que la validation du plénum.»

Le CJB est désormais à ce point conscient de l’importance fondamentale de Bellelay pour le Jura bernois, pour sa contribution à une dimension interjurassienne redevenue intelligente, qu’il mettra même des moyens financiers à disposition pour que le futur médiateur puisse travailler avec un maximum d’efficacité: «Nous souhaiterions qu’il s’entoure d’une petite équipe comprenant Jérôme Benoit, délégué aux Affaires culturelles pour le canton comme pour le CJB, mais aussi quelqu’un de l’Office des bâtiments et le maire de Saicourt Markus Gerber.»

Si tout se passe comme prévu, la troupe devrait être opérationnelle au début du mois de mars. «Il y a en effet urgence, insiste Lucas Bonadei. Mais n’allons pas trop vite pour autant! Ceux qui parlent déjà d’installer un carillon dans une tour ne convaicront pas forcément les gens du patrimoine. Car, après tout, la désacralisation du lieu fait aussi partie de ce patrimoine.»

Une fondation élargie?

Le secrétaire général relève que la priorité du médiateur consistera à assurer un fonctionnement optimal à tout ce qui tourne autour de l’abbatiale. Allusion au visuel et à la musique, à l’art contemporain et à la dimension spirituelle. Evidemment, l’homme n’oublie ni la tête-de-moine ni le tourisme.

«À l’image de Bernard Heiniger, j’imaginerais bien la naissance d’une Fondation abbatiale élargie, dont les membres proviendraient des divers horizons précités.» Et plus uniquement des milieux de l’art contemporain, locataires de l’abbatiale, donc.

Au fait, n’oublierait-on pas l’essentiel? Le nom du futur médiateur, par exemple? Eh bien, le CJB demeure coi. Sachez toutefois que dans un éditorial engagé, le soussigné avait réclamé l’an dernière l’entrée en lice d’un certain Mario Annoni, appel qui n’était pas passé inaperçu, bien au contraire. D’ailleurs, franchement, vous voyez quelqu’un de plus qualifié, vous?

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