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Horlogerie

But atteint plus tôt que prévu

En baisse constante depuis près de deux ans, les exportations se sont stabilisées au 1er semestre. La FH attendait ce résultat pour fin 2017.

Après quatre semestres en constante baisse, le niveau des exportations horlogères s’est stabilisé durant ces six premiers mois de 2017. A-Keystone

Philippe Oudot

Les horlogers suisses voient enfin le bout du tunnel. C’est en tout cas ce qui ressort des statistiques de la FH (Fédération de l’industrie horlogère suisse) concernant les exportations pour le premier semestre de cette année. «Après quatre semestres en recul, les exportations de produits horlogers se sont en effet stabilisées», se réjouit Jean-Daniel Pasche, président de la FH. «Confrontée à un environnement défavorable sur les plans conjoncturel, structurel, politique ou sécuritaire selon les marchés, elle a progressivement pu s’adapter au nouveau contexte dans lequel elle devra évoluer», indique l’association faîtière dans un communiqué.

La situation s’est même nettement reprise sur quelques marchés. A l’instar de la Chine et du Royaume-Uni, qui ont enregistré une forte croissance, respectivement +21,7% et +16,3%. Certains se sont en revanche stabilisés comme Hong Kong (+0,5%) ou l’Italie (+0,4%) alors que les exportations ont poursuivi leur plongée sur d’autres marchés. C’est notamment le cas de Taïwan (-19,2%), des Emirats arabes unis (-11,3%) ou encore du Japon (-9,8%). Comparées aux résultats du premier semestre de 2016, les exportations se sont stabilisées à 9,5milliards de francs (+0,1%).

Comme le souligne la FH, «cette stabilisation n’était pas attendue avant la fin de l’année. L’objectif pour l’ensemble de l’année 2017 est ainsi déjà atteint après six mois, grâce à un bon deuxième trimestre (+3,0%).» Au vu de cette évolution, elle se dit prudemment optimiste pour l’ensemble de l’année.

Le moteur européen
C’est l’Europe qui «a présenté l’évolution la plus intéressante, avec une hausse moyenne de 3,3% entre janvier et fin juin», souligne la FH. Une croissance due en bonne partie à la forte progression enregistrée au Royaume-Uni. «Cela s’explique, d’une part, par la faiblesse de la livre, qui favorise le tourisme d’achat, mais aussi par la bonne santé actuelle de l’économie britannique», note Jean-Daniel Pasche.

En Asie, malgré le rebond chinois, les exportations sont restées quasi stables, avec une légère baisse de 0,3%. S’agissant de la stabilisation à Hong Kong, le président de la FH observe qu’elle est certainement liée à la forte croissance de la Chine, Hong Kong restant une plaque tournante pour le marché de l’Empire du Milieu.

Les Etats-Unis n’ont en revanche pas répondu aux attentes et affiche un recul significatif de -5,9%. Inquiétant, pour Jean-Daniel Pasche qui constate que la politique du président Trump y est pour beaucoup:«Durant la campagne, il a fait de nombreuses promesses en matière d’investissements et de baisses d’impôt, mais il y a peu de réalisations. Ces promesses non tenues créent un sentiment d’insécurité et d’incertitude, ce qui n’est pas favorable à l’achat d’un produit émotionnel comme l’est une montre. Quant aux jobs récemment créés, ce sont surtout des emplois mal payés. Ces gens ne sont donc pas des clients pour les produits horlogers suisses.» 

Entrée de gamme à la peine
Sur les 9,5milliards de produits horlogers exportés, les montres se taillent la part du lion, à hauteur de 8,9milliards (+0,7% par rapport au 1er semestre de l’an dernier). Une croissance en valeur portée par les montres mécaniques (+2%), alors que celles à quartz ont perdu du terrain (-4,5%).

En nombre de pièces, la FHfait état d’une diminution de 3,3%. Celui-ci est principalement lié à la forte baisse des montres d’entrée de gamme (moins de 200fr., prix export) qui ont reculé de 5,6%en nombre de pièces, et de 11,2%en valeur. Faut-il y voir le résultat de la concurrence de la montre connectée? «Difficile à dire», indique Jean-Daniel Pasche, «c’est peut-être un élément, mais parmi d’autres. Il y a aussi la concurrence des bijoux et parfums, produits de consommation qui se situent dans la même gamme de prix. On constate en outre une forte baisse d’intérêt pour les marques de mode, les ‹fashion brands›, y compris celles qui ne sont pas Swiss made.»

La gamme allant de 200 à 500fr. a en revanche enregistré une croissance de 3% en valeur, alors que pour celles de gamme supérieure, la progression a été plus modeste, atteignant 1,3%. Enfin, la FH constate que sur les six premiers mois de l’année, la croissance des garde-temps en acier a permis de compenser la baisse affichée par les montres en or.

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