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Escapades de déconfinement (9)

Au cours de l’eau, remonter le temps

Longer le canal Nidau-Büren offre un parcours ombragé suivant les traces d’une histoire fascinante.

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par Adrian Vulic

Un parcours tranquille, franchissable sans efforts, à pied comme à vélo, permet de relier la cité seelandaise à la petite ville de Büren an der Aare. Le chemin que nous avons emprunté, d’une longueur d’environ 12,5km, prend la gare de Bienne pour point de départ. De là, on rejoint Nidau, d’où l’on s’engage sur le sentier qui longe le canal sobrement baptisé Nidau-Büren.

Suivre le cours du temps
Accompagner l’Aar en suivant le cours de son lit artificiel permet, non seulement, de goûter aux charmes des paysages plats et reposants de ce coin de Seeland, mais aussi de suivre les traces de l’histoire épatante de la région. Il faut rappeler, en effet, qu’avant la seconde moitié du 19esiècle, la région des Trois-Lacs avait un visage très différent. L’Aar, tortueuse et indisciplinée, sortait alors régulièrement de son lit, inondant le bassin-versant et menaçant les populations et les cultures qui s’y développaient péniblement. Heureusement, entre 1868 et 1878, tout va changer.
C’est effectivement durant cette décennie que s’opère la première correction des eaux du Jura, imaginée et mise en œuvre par Johann Rudolf Schneider et Richard La Nicca, les «sauveurs du Seeland». Nidau rend d’ailleurs hommage à ces deux visionnaires, une stèle, située à la route principale, leur étant consacrée. Les travaux titanesques qu’ils engagent modifient le paysage en profondeur: deux canaux sont creusés pour relier entre eux les trois lacs, et deux autres dévient le cours originel de l’Aar, contraignant la rivière à traverser le lac de Bienne.
Pénétrant dès lors l’étendue d’eau à Hagneck, elle n’en ressort qu’à Nidau, d’où elle rejoint Büren an der Aare, où une boucle de l’ancien lit plonge dans le cours principal.
Mais revenons-en à notre balade. Après avoir quitté Nidau, le promeneur tombe rapidement sur un autre symbole de la correction des eaux du Jura: le barrage de régulation de Port. Mis en service en 1939, il complète, en quelque sorte, le système développé une soixantaine d’années plus tôt. Sa fonction est double: réguler le débit de l’Aar, et permettre, par son écluse, le passage des navires. Précisons que la construction marque une différence de niveau pour la rivière, et dessine une chute d’eau certes assez modeste en termes de hauteur, mais plaisante à observer: le dénivelé colore somptueusement ces eaux bleu-vert de gerbes blanches et turquoise.
De là, on continue à suivre la rivière, qui semble s’écouler plus lentement. Le sentier qui imite son cours est idéal pour une sortie en pleine chaleur, puisqu’il bénéficie de la fraîcheur de l’eau et de l’ombre des arbres, souvent centenaires, qui la jouxtent. Toujours au plat, on traverse ou l’on frôle, notamment, les localités de Brügg, Schwadernau, Scheuren et Meienried.

Idéal en pleine chaleur
Le parcours offre également l’avantage qu’il ne s’éloigne jamais bien longtemps de la civilisation: si le temps venait à se gâter, il serait facile de rejoindre une gare d’où l’on peut regagner Bienne sans problème.
Pour notre part, nous poussons jusqu’à l’objectif que nous nous étions fixé, nous autorisant même un détour, à Meienried, par le Baggersee et la réserve naturelle portant le nom de l’affluent que nous cherchons: Alte Aare, la vieille Aar. Cette dernière forme une boucle qui côtoie Meinisberg, puis retourne dans le lit de son aînée, à Büren an der Aare.
De là, tout est possible: pousser plus loin l’expédition, rentrer en train ou en bus ou rebrousser chemin. L’option retenue s’impose finalement comme une évidence: un bateau, que l’on peut rejoindre facilement depuis le débarcadère de la cité, trace le chemin en sens inverse. Une heure et demie suffit à nous ramener à Bienne, au port. En plus du plaisir de revoir, en accéléré, le chemin parcouru, le passage par l’écluse du barrage de Port laisse tout loisir d’admirer les merveilles d’ingénierie et le travail titanesque qui ont permis de dompter l’Aar.

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