Autre étape franchie pour Moulin II

Par Dan Steiner

Pas même l’équivalent d’une mi-temps d’un match de SuperLeague... pardon, de Champions League, c’est ce qu’a duré la séance du Conseil de ville de Moutier, ce soir. Soit 41 minutes. Nul besoin d’arrêts de jeu et de regards fébriles des journalistes de la presse écrite à leur montre. Et, autant le dire tout de suite, ces premières assises depuis le vote clôturant la Question jurassienne n’ont pas été à suspense. «C’est fini. Ces mots peuvent paraître anodins pour qui ne vient pas d’ici. Mais pour nous, Prévôtois, ils marquent la fin du chapitre le plus important de notre ville.»

Ils n’ont été que deux, les membres du législatif, à revenir sur ce 28 mars décisif. Toni Carabotti, représentant du Rauraque, cité ci-dessus, et Julien Berthold, PCSI, mais parlant en qualité de porte-parole de l’Entente jurassienne. «Tous ces efforts pour régler un conflit vieux de 200 ans», a repris le premier nommé.

«Nous avons besoin de vous»
Mais après l’autocongratulation, une main tendue. «Malheureusement, il n’y a pas de joie sans perdants. Et le Rauraque souhaite exprimer tout son respect aux élus pro-bernois du Conseil municipal qui se sont rendus au Parlement jurassien; pour avoir fait ce que peu d’autonomistes auraient eu le courage de faire.» Et d’exhorter ces adversaires de la veille à construire un futur commun. «Nous avons besoin de vous et de votre courage.» Julien Berthold, lui, a parlé d’un grand projet de société qui s’ouvre à présent pour sa ville, «une chance unique de pouvoir dessiner notre avenir à notre image». L’Entente jurassienne veillera toutefois à ce que le processus de transfert soit le plus fair-play possible (lire aussi ci-dessous).

L’Ensemble-Prévôtois n’a de son côté pas jugé utile de s’exprimer. Cela signifie-t-il que les anciens non séparatistes acceptent l’offre de leurs opposants d’hier? Les deux motions du collectif déposées au plus fort de la campagne du vote communaliste et auxquelles réponse avait été donnée pour cette séance ont d’ailleurs été retirées de l’ordre du jour.

Vital pour l’attractivité du centre
Après cette entrée très digeste, le reste du menu du soir a été dévoré avec la même célérité, puisque tous les objets ont obtenu l’aval de l’assemblée. Comme le premier concernait le visage du quartier MoulinII, au travers de l’adoption demandée de la modification du Plan de quartier, il revêtait une importance non négligeable. Conseiller municipal responsable du dossier, Pascal Eschmann a tenu à préciser plusieurs points concernant le projet de réaménagement de cette porte d’entrée de la vieille ville, notamment que l’ancienne mouture, surdimensionnée, avait été abandonnée, mais que cela n’avait pas découragé le propriétaire.

Ce dernier s’est ainsi approché d’une grande enseigne commerciale, qui s’est finalement engagée à occuper le rez-de-chaussée du site, pincé entre la rue Industrielle et celle du Moulin. «Ce projet est important pour l’attractivité de notre centre-ville», a encore martelé l’élu PDC. Mais la foule était déjà conquise et a validé les modifications proposées. Du coup, la demande de permis de construire devrait être effectuée à la rentrée d’août, «mais le calendrier est serré puisque le rez devra être prêt en juin 2024», a-t-il précisé.

C’est assez vert comme ça
On l’avait dit en présentation de la séance, cette dernière se voulait vouée à l’urbanisme. Et du côté de la végétalisation comme de celui de l’administration, on a suivi le mot d’ordre de l’exécutif. Membre de ce dernier, Valentin Zuber a rappelé que les objectifs de la motion PDC demandant un catalogue communal de mesures et de lignes directrices en matière d’aménagement végétal font déjà pleinement partie des réflexions que le Conseil municipal mène pour ses projets. «Plus» serait «trop», mais surtout moins économe. Le groupe PDC a regretté cette décision mais l’a accepté, reconnaissant le côté précaire des finances prévôtoises.

Quant aux parcs à vélos et à trottinettes, on allouera 5'000 fr. par année pour leur remplacement par étapes.

Subventions bien gardées
Moutier a voté, sera jurassienne. Mais restera bernoise quelques années. Et cela inquiète Julien Berthold. Dans une interpellation récente, le seul membre titulaire du Parti chrétien social indépendant au législatif veut s’assurer que comme les Prévôtois continueront de payer leurs impôts à l’Ours, ils doivent jouir des mêmes droits que tout Bernois jusqu’à ce qu’il s’en sépare.

Des déclarations sur Facebook de membres du Conseil du Jura bernois durant la campagne l’incitent ainsi à demander au Conseil municipal quels moyens de contrôle ce dernier «entend mettre en place pour vérifier que nos sociétés sportives et culturelles ne souffrent pas de revanche politique», et, «le cas échéant, quels seraient les moyens d’action pour dénoncer et recourir contre les potentiels abus».

L’élu UDC de Bévilard Maxime Ochsenbein avait notamment déclaré, au sujet d’un clip d’artistes régionaux, diffusé avant le 28 mars: «Je saurai à l’avenir m’abstenir pour l’attribution de vos demandes...» Mais Julien Berthold veille.