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Bienne

Avalanche de recours

Proposé par le Conseil municipal, le nouveau régime de trafic devant la gare a suscité de vives oppositions. Notamment en provenance du camp bourgeois.

La Ville souhaite interdire le trafic devant la gare. Mais elle se heurte à de vives oppositions. Photo: Aimé Ehi

Par Lino Schaeren  / Traduction Marcel Gasser

«Insensé», «dictature rose-verte», «violation de la parole donnée». Le camp bourgeois critique vertement la décision du Conseil municipal de fermer partiellement la place de la Gare au trafic automobile. Conformément aux prescriptions légales, l’Exécutif biennois a mis sa mesure à l’enquête publique et l’a annoncée par de grands panneaux le long de la rue de la Gare.

«Nous savions que cette mesure prêterait à la controverse, c’est pourquoi nous avons opté pour une communication très transparente», explique Barbara Schwickert (Les Verts), directrice des Travaux publics, de l’énergie et de l’environnement. Corollaire de cette approche résolument offensive: la préfecture a d’ores et déjà enregistré 49 recours.

Pléthore d’oppositions

La réaction est sans surprise: toute mesure qui contraint la voiture à céder du terrain aux piétons et aux bus, rencontre une forte résistance, aussi bien auprès des privés que des entreprises.

Sur le plan politique, la démarche du Conseil municipal a suscité l’ire des partis bourgeois, UDC et radicaux en tête, qui n’ont pas mâché leurs mots à la dernière séance du Conseil de ville. Ainsi, le conseiller de ville Luca Francescutto (UDC) a reproché au Conseil municipal (à majorité de gauche) de prendre des mesures sans y associer les personnes concernées et «d’exercer une dictature rose-verte».

Quant aux radicaux, ils accusent Barbara Schwickert d’avoir manqué à sa parole. Le 18 janvier 2018, elle avait en effet déclaré qu’il incomberait au Conseil de ville de décider quel futur il entendait donner à la place de la Gare. Le législatif traitait alors un postulat demandant qu’on étudie la possibilité de fermer la place de la Gare au trafic individuel motorisé (TIM). Barbara Schwickert avait proposé d’inclure ce postulat dans le nouveau projet de réaménagement de la place de la Gare, après le net rejet du premier projet par le peuple, en 2016. Mais elle avait également ajouté que «si le TIM à la place de la Gare devait poser des problèmes bien avant, il n’était pas exclu qu’on doive prendre des mesures anticipées».

Sans attendre

Selon Barbara Schwickert, c’est exactement ce qui se passe aujourd’hui. Le trafic à la Gare s’est intensifié, notamment avec l’arrivée d’une nouvelle ligne de bus (9) et avec l’augmentation générale de la cadence-horaire des bus.

«Il est urgent d’agir, nous ne pouvons pas attendre un éventuel réaménagement futur de la place de la Gare», poursuit-elle. Elle réfute toute intention de vouloir couper l’herbe sous le pied du législatif. «Il n’y a aucun préjudice: nous ne faisons qu’introduire une mesure de circulation, nous ne modifions en rien les structures.» En clair,: cette fermeture partielle au trafic motorisé individuel n’est pas gravée dans le marbre et, en fonction du futur réaménagement, pourrait disparaître dès l’année prochaine.

Quant à l’accusation de «dictature» proférée par l’UDC, elle fait sourire l’élue écologiste. «D’une part, cette mesure a été décidée à l’unanimité par l’ensemble du Conseil municipal, d’autre part elle fait l’objet d’une procédure démocratique tout à fait normale, avec possibilité de recours», résume-t-elle.

Limiter la traversée

Pour l’UDC et les radicaux, le problème réside dans le fait que la compétence définitive en matière de mesures de circulation relève du Conseil municipal. Du coup, les possibilités laissées au Conseil de ville d’exercer une quelconque influence sont minimes. Ce qui ne signifie pas qu’il faille renoncer à toute tentative. C’est ce que s’est dit Sandra Schneider, cheffe du groupe UDC et lobbyiste du secteur automobile, qui a réclamé par voix de motion un moratoire sur toutes les mesures d’accompagnement liées à la branche Ouest de l’A5.

Or, la fermeture de la place de la Gare au trafic individuel motorisé est justement une mesure de ce type. L’argument de Sandra Schneider est le suivant: comme il est loin d’être certain que l’axe Ouest se construise un jour, il faut renoncer pour l’instant à toute mesure d’accompagnement.

De son côté, le Conseil municipal avance pour principaux arguments la ponctualité des bus et la sécurité des piétons, mais également une stratégie cohérente en matière de mobilité et l’Initiative des villes, plébiscitée par le peuple, qui réclament toutes les deux une mobilité douce et la réduction du trafic de transit dans les quartiers. En fermant partiellement la place de la Gare, l’Exécutif biennois poursuit cet objectif. Une analyse révèle en effet que 5000 à 6000 voitures traversent chaque jour cette place, dont la moitié constitue du trafic de transit.

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