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Industrie régionale

Avis divergents sur l'initiative

La Chambre d'économie publique du Jura bernois a sondé des entreprises régionales actives dans les microtechniques à propos de l'initiative du 18 mai sur l'introduction d'un salaire minimum à 4000 francs. Les avis sont contrastés.

Photo Keystone

Michael Bassin
Alors que le peuple suisse se prononcera le 18 mai sur l’instauration d’un salaire minimum à 4000 francs, la Chambre d’économie publique du Jura bernois (CEP) a profité de son baromètre industriel trimestriel pour sonder des entreprises du Jura bernois représentatives des domaines d’activités de l’Arc jurassien à propos de ce sujet.
Les avis? Ils ne permettent pas d’obtenir une réponse claire et univoque. «Variées, les réponses collectées mettent en lumière les questionnements, les appréhensions et les défis des acteurs industriels de la région qui connaissent des enjeux assimilables à ceux de la place industrielle suisse dans son ensemble», indique Patrick Linder, directeur de la CEP. Toutefois, une courte majorité des 22 entreprises actives dans les microtechniquessondées «estime qu’un salaire minimum pourrait engendrer une série de conséquences négatives pour leurs activités en affectant leur compétitivité.»
 

Perte de compétitivité
Schématiquement, on peut classer les entreprises en deux catégories selon leurs réponses: celles qui estiment qu’un salaire minimum poserait peu de problèmes pour leurs activités, celles pour qui cela pourrait engendrer des conséquences négatives. Dans le premier panier figurent les entreprises ayant adhéré à une convention collective de travail, comme celle de l’horlogerie, et qui allouent déjà des rémunérations équivalentes au seuil fixé par l’initiative sur le salaire minimum.
Et puis, il y a la seconde catégorie de sociétés. «L’instauration possible d’un salaire minimum attise les craintes pour la sous-traitance principalement, des domaines où les marges sont très faibles et où une pression concurrentielle s’exerce continuellement», explique Patrick Linder. Hormis l’augmentation instantanée de la masse salariale qui pose d’indiscutables soucis à court terme, l’impact attendu concernerait en premier lieu les postes de travail et leur offre. Si, aux yeux de quelques acteurs industriels, des places pourraient disparaître, il s’agit dans la plupart des cas de postes constituant des revenus d’appoint.
Le gonflement de la masse salariale, sans gain de productivité et sans plus-value, pourrait en outre inciter certaines entreprises à hausser à l’avenir leur degré d’automatisation. Une hypothétique délocalisation est imaginée comme extrême mesure.
Si certains évoquent une pression sur les salaires moyens (car il faudrait bien trouver l’argent pour pouvoir augmenter certains salaires au minimum légal), d’autres estiment qu’un salaire minimum conduirait à lisser les différences de traitement engendrées par le niveau de formation, les compétences ou l’expérience.
Une répercussion sur l’investissement pour la formation est attendue par quelques entreprises, malgré la reconnaissance de l’urgence à former une relève qualifiée. A ce sujet, les sondés n’estiment pas que les professions industrielles gagneraient en attractivité avec un salaire minimum à 4000 francs.
 

Le cumul fait mal
Si d’aucuns regretteraient l’introduction d’un salaire minimum, c’est surtout l’accumulation des contraintes influant sur les dynamiques industrielles et technologiques de l’Arc jurassien (franc fort, difficulté à trouver des ressources qualifiées, manque de relève dans les professions techniques, incidences suite au 9 février) qui est jugée «très préoccupante». Quand bien même l’horlogerie en atténue partiellement les effets cumulatifs.


Les voyants au vert
Les entreprises de la région abordent le deuxième trimestre de l’année avec optimisme. C’est la conclusion du dernier baromètre industriel de la CEP. Un outil qui sonde une vingtaine d’entreprises du Jura bernois représentatives du tissu industriel de l’Arc jurassien et qui collecte des appréciations subjectives des patrons dans différents domaines. Ainsi, d’après les infos recueilles par cet instrument, les entreprises affichent «une solide confiance à court et moyen terme, en dépit des contraintes supplémentaires pesant sur l’économie nationale depuis le 9 février», note Patrick Linder, directeur de la CEP.
Dans le détail, le développement des entreprises (emplois et croissance générale) est perçu positivement par l’ensemble des acteurs sondés. «Le moral est bon», résume Patrick Linder.
Par ailleurs, la majorité des entreprises s’attendent soit à maintenir soit à augmenter leur volume d’affaires. «Les diminutions prévues sont exclusivement à attribuer à des problèmes particuliers non liés à des questions conjoncturelles», précise Patrick Linder.
S’agissant du niveau d’investissement prévu par les entreprises, celui-ci devrait être similaire au trimestre précédant voire supérieur. Ceci pour la majorité des acteurs industriels sondés, qu’ils soient de moins de 50 employés ou plus de 50 employés.
Enfin, au niveau financier, «les anticipations exprimées au sujet du résultat opérationnel suggèrent, elles, une amélioration des résultats comparés à ceux du trimestre précédent, pourtant déjà bons.»
L’année 2014 se dessine donc positivement pour l’ensemble du système de production de l’Arc jurassien, ceci toujours grâce à l’effet d’entraînement provoqué par le dynamisme du secteur horloger.
 

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