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Conseil des Etats

Beatrice Simon reste à l’exécutif

Les partis ont arrêté leur stratégie pour le 2e tour. A gauche, Hans Stöckli et Regula Rytz feront face au ticket bourgeois formé de Werner Salzmann et Christa Markwalder. Quant à Beatrice Simon, elle renonce également au Conseil national.

Bien qu’élue au Conseil national, Beatrice Simon renonce et reste au Conseil exécutif. Anne-Camille Vaucher

Par Philippe Oudot

La nuit porte conseil. Au lendemain des élections de dimanche, les partis ont fait leur choix en vue du 2e tour des élections au Conseil des Etats. Ils seront finalement quatre à se disputer les deux sièges de la Chambre haute. Asavoir, à gauche, le socialiste Hans Stöckli (sortant) et la Verte Regula Rytz, arrivés aux deux premières places, et à droite, l’UDC Werner Salzmann et Christa Markwalder, classés respectivement troisième et cinquième.

Quant à Beatrice Simon (PBD), quatrième, loin derrière le candidat UDC, elle jette l’éponge, non seulement pour le Conseil des Etats, mais également pour le National, alors même qu’elle y a été élue! C’est le Seelandais Heinz Siegenthaler qui va la remplacer. Une décision prise d’entente avec le parti, explique son président Jan Gnägi. En effet, «suite aux élections de ce week-end, la situation politique a changé, avec le bon score de la gauche. Il y avait donc un risque de changement de majorité au Conseil exécutif en cas de départ de Beatrice Simon. Nous avons donc choisi de donner la priorité au maintien de la majorité bourgeoise au gouvernement.»

Le canton d’abord
Qui plus est, l’effondrement du PBD sur le plan national a aussi joué un rôle dans cette décision: ne disposant plus que de trois élus à la Chambre basse, le parti ne pourra plus y former un groupe, puisqu’il faut disposer d’au moins cinq représentants. «Dans ce contexte, n’ayant plus un poids suffisant pour influencer la politique sur le plan national, Beatrice Simon a choisi de se concentrer sur la scène cantonale», annonce Jan Gnägi.

Une alliance forte
A gauche, le PS et Les Verts vont reconduire leur alliance pour le 2e tour. Lors de la campagne, les deux partis avaient pourtant annoncé qu’ils se mettraient d’accord pour soutenir le candidat le mieux placé. Mais comme ils le soulignent dans un communiqué, les électeurs ont donné un signal clair ce week-end en portant le duo rose-vert en tête. «Le PSet Les Verts considèrent cela comme une injonction à aller de l’avant en présentant nos deux candidats au 2e tour.»

Ces prochaines semaines, les deux formations vont donc travailler main dans la main pour soutenir leurs deux champions dans la campagne. «Ce n’est qu’avec Regula Rytz et Hans Stöckli qu’on pourra renforcer les forces sociales et écologiques au Conseil des Etats», affirment-elles.

Faire obstacle à la gauche
Adroite, le retrait de Beatrice Simon permet de clarifier la situation. Président du PLR, Pierre-Yves Grivel salue la décision de la ministre des Finances qui, malgré son élection au Conseil national, a pris la mesure des conséquences qu’aurait pu avoir son départ du Conseil exécutif. «Elle a fait un choix louable qui assure la stabilité du gouvernement jusqu’à la fin de la législature. Le recul de son parti sur le plan national – le PBD ne pourra même plus former un groupe – y est sans doute aussi pour quelque chose.»

S’agissant du ticket bourgeois Salzmann-Markwalder, il estime qu’il est en mesure de faire obstacle à la gauche. «Avec nos partenaires, nous allons nous battre pour faire triompher nos couleurs. Les citoyens auront ainsi le choix avec, à gauche comme à droite, un ticket formé d’un homme et d’une femme.»

Du côté de l’UDC, Hans-Rudolf Wandfluh, chef de campagne pour les élections de cet automne, constate qu’après le score canon du duo Stöckli-Rytz, le retrait de Beatrice Simon n’a rien d’une surprise, vu son maigre score. Lui aussi salue sa décision, «pour le bien du canton». Mais pour l’UDC, n’aurait-il pas été préférable d’avoir Werner Salzmann tout seul, au lieu du ticket Salzmann-Markwalder? «Non. En présentant un seul candidat alors qu’il y a deux places, on risquait d’inciter les électeurs à inscrire le nom de Stöckli, voire de Rytz sur la deuxième ligne. Il vaut donc mieux un ticket bourgeois.»

«En pleine crise d’identité»
Du côté des partis du centre, les Verts libéraux (pvl) vont sans doute donner un mot d’ordre, «mais le comité directeur doit d’abord se prononcer», indique Daniel Näf, secrétaire général. Quant au PEV, la prochaine assemblée des délégués décidera si elle fait une recommandation ou si elle laisse la liberté de vote. Personnellement, Ruedi Löffel, co-secrétaire général, penche pour la 2e solution qu’il défendra lors de ladite assemblée.

Cela dit, il s’étonne de la stratégie du PBD, «qui est visiblement en pleine crise d’identité:pour ces élections, ce parti a fait un apparentement au centre, avec le pvl et nous. Et dès le lendemain des élections, sans même nous en parler, le voilà qui nous tourne le dos et fait alliance avec la droite…» Il le regrette d’autant plus qu’une candidature du centre aurait été envisageable, le pvl et le PEV ayant quant à eux progressé. «Mais le PBDa fait un autre choix et préfère visiblement être le side-car de l’UDC…»

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