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Violences intrafamiliales

Berne en fait déjà beaucoup

Une députée demandait au gouvernement des mesures concrètes de détection. Il répond que le canton dispose déjà d’une large palette de mesures.

Depuis 2016, le canton a mis en place plusieurs types de soutien contre la violence intrafamiliale. DR

Par Philippe Oudot

En janvier dernier, le Conseil fédéral publiait un rapport qui mettait l’accent sur la nécessité de disposer d’instruments de détection précoces en matière de violence au sein de la famille, ainsi que d’abus ou de négligences à l’encontre des enfants. Il soulignait notamment que la mise en œuvre de mesures de protection de l’enfant était avant tout de la compétence des cantons.

Saisissant la balle au vol, la députée socialiste Sarah Gabi Schönenberger avait déposé une motion en mars dernier en exigeant du gouvernement qu’il prenne «des mesures concrètes pour favoriser la détection précoce des cas de violence, de mauvais traitements et de négligences dont sont victimes les enfants au sein de la sphère familiale». Pour argumenter sa requête, elle citait notamment la hausse de 12%des cas de maltraitance enregistrée par le groupe de protection de l’enfant de l’hôpital pédiatrique de Zurich. En février dernier, dénonçait-elle, «une petite fille de huit ans présentant des signes de mauvais traitement est décédée dans un hôpital bernois».

L’élue relevait aussi dans son argumentation le fait que 25% des enfants victimes de maltraitance avaient moins de deux ans, et 45%, moins de six ans. Les filles sont plus souvent victimes d’abus sexuels, souvent commises au sein de la famille, et les garçons, de violences physiques. Regrettant que rien ne soit fait «au niveau fédéral contre cette tendance désastreuse, il est maintenant de notre devoir, au niveau cantonal, de prendre au plus vite les mesures qui s’imposent».

Même longueur d’onde
Le Conseil exécutif partage bien évidemment les préoccupations de la députée. Il a d’ailleurs reconnu depuis plusieurs années l’importance d’un dépistage précoces des menaces pesant sur les jeunes enfants. Il a pris des mesures pour optimiser les structures existantes. Ainsi, depuis 2016, les sages-femmes, les responsables de garderie, de groupes de jeu et autres spécialistes de la petite enfance disposent d’aides à l’évaluation offrant des conseils spécifiques, ainsi qu’un aiguillage rapide vers d’autres types de soutien. Il note toutefois que contrairement à Zurich, le nombre de cas enregistré par le groupe de protection de l’enfant de l’Hôpital de l’Ile est assez stable.

«Ces aides à l’évaluation permettent aux spécialistes d’apprécier la situation en cas de doute et de percevoir les signes d’une menace qui pèserait sur l’enfant», note le gouvernement. Au besoin, un service de conseil spécialisé peut proposer un accompagnement, un aiguillage vers un service adéquat ou le suivi de la famille concernée. Le nombre de consultations a nettement augmenté l’an dernier.

Le Conseil exécutif précise en outre que le canton est «le seul à proposer depuis 2016 une procédure de transfert standardisée qui a fait l’objet d’un accord entre la section bernoise de la Fédération suisse des sages-femmes et le Centre de puériculture. Elle améliore ainsi le soutien précoce et ciblé aux familles vivant des situations difficiles.»

Formations dispensées
Avec la HES bernoise (travail social) le canton organise depuis 2016 des formations de deux jours qui s’adressent à divers groupes professionnels. Quelque 480 personnes ont ainsi participé aux 28 formations dispensées en allemand et en français. Le canton assure vouloir continuer à faire connaître cette offre de prestations.

Pour le Conseil exécutif, «les structures ordinaires cantonales permettent de disposer d’un vaste réseau professionnel de dépistage précoce des situations de mise en danger du bien-être de l’enfant». Au niveau cantonal, toutes les activités sont coordonnées avec les acteurs du domaine du dépistage précoce, de la protection de l’enfant et des mesures ordonnées par une autorité. Au niveau fédéral, le canton s’engage pour faire inscrire dans la législation le droit à une éducation non violente et pour la prise en compte systématique de ce sujet dans les cursus de formation. Fort de ses explications, le gouvernement invite le plénum à adopter et classer la motion.

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