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Bienne: protection civile

Bien mystérieux et désuet abri

Le bunker des Prés Walker communique avec le tunnel du funiculaire d’Evilard

Le commandant de la PC Sven Eggli découvre aussi les coulisses du bunker des Prés Walker. A plus de 20m sous terre, le passage secret est scellé. Lorsque la porte cède, on débouche dans le tunnel du funiculaire.Marjorie Spart

Texte et photos Marjorie Spart

La ville de Bienne recèle encore quelques mystères. Alors, à l’évocation de l’existence d’un tunnel souterrain – évidemment un peu secret– reliant le discret bunker de l’école des Prés Walker au tunnel du funi qui monte à Evilard, il n’en fallait pas plus pour attiser notre curiosité. Et lorsqu’on ajoute à cette anecdote que ledit bunker est destiné aux autorités locales, le sujet devient carrément palpitant!

Mardi après-midi, le commandant de la protection civile (PC) de Bienne Sven Eggli devient mon guide d’un jour.

En contrebas de l’école des Prés Walker, dans le quartier de Beaumont, le portail grillagé grince lorsque Sven Eggli l’ouvre et le referme derrière nous à clé «pour que personne d’autre n’entre». Précaution oblige. L’imposante porte bétonnée s’ouvre en laissant s’échapper une agréable fraîcheur. Dix-huit degrés au thermomètre, un choc bienvenu en cette journée caniculaire.

D’emblée, un panneau annonce la couleur: PC, direction locale. Dans la succession des pièces qui jalonnent ce vaste abri souterrain, une est identifiée comme celle dédiée au Conseil municipal, la suivante à la chancellerie.

A plus de 20m sous terre, le passage secret est scellé.

Pour l’organe de conduite

«Nous sommes au poste de commandement protégé de Bienne. C’est ici que l’organe de conduite  régional doit se rendre en cas de grosse catastrophe qui nécessite une protection particulière», indique Sven Eggli. En clair, il faudrait qu’éclate une guerre ou un accident chimique ou atomique pour que les autorités se cloîtrent dans ce bunker.

Pour les événements plus anodins, comme les crues, mais qui nécessitent l’engagement de l’organe de conduite – qui réunit entre autres les pompiers, la PC, les services techniques (ESB, voirie, Step, etc) –,  celui-ci se réunit à la caserne des pompiers. «Nous y avons toutes les infrastructures modernes», souligne le chef de la PC. Internet compris.

Parce que dans le bunker des Prés Walker, c’est tout le contraire. Des radios sans âge côtoient des bobines de câbles et des antennes en pièce détachées. «C’était du matériel digne de la Guerre froide», sourit Sven Eggli. Tellement vrai qu’on s’attend presque à y trouver aussi un téléphone rouge.

La visite se poursuit à travers le long couloir. Tout au bout, un escalier descend d’un étage. Là, se trouve une nouvelle porte bétonnée qui ne se laisse pas faire. Sven Eggli use de toute sa force pour en venir à bout. Lorsqu’elle cède, elle s’écarte sur un étroit escalier où s’infiltre de l’eau. Il s’enfonce dans les entrailles de la terre, sans qu’on puisse apercevoir le fond... Près de 20mètres plus bas, le colimaçon débouche sur une porte métallique rudimentairement attachée à l’escalier à l’aide d’une corde.

Lorsque, cinq minutes plus tard, elle révèle ses secrets, c’est le noir total: «Nous sommes bien dans le tunnel du funi, juste en dessous de la station intermédiaire du Centre hospitalier», découvre, lui aussi, Sven Eggli.

Lorsque la porte cède, on débouche dans le tunnel du funiculaire.

L’abri n’a jamais servi

Un brin étonnés, nous croisons des ouvriers tout aussi surpris de nous voir surgir ainsi. Le funiculaire est en révision cette semaine.

Le mystère du tunnel est donc percé. «Il existe des sorties de secours dans tous les bunkers. Cela n’a rien d’exceptionnel, même si celle-ci est un peu plus spectaculaire», note le commandant de la PC, qui rigole franchement à l’idée que seul l’abri réservé aux VIP de la ville contiendrait une seconde issue.

Ce n’est pas parce qu’ils sont plus importants que la population que les membres du Conseil municipal sont intégrés à cet abri protégé, mais bien parce qu’ils tiennent les cordons de la bourse, comme l’explique Hansruedi Zurbrügg, chef de l’organe de conduite régional: «En temps de crise, il est possible que nous devions faire face à des dépenses exceptionnelles, comme faire appel à un hélicoptère ou à des bus pour évacuer la population. Les autorités doivent alors être présentes pour donner leur aval financier.»

De mémoire des deux hommes, jamais le bunker de commandement protégé n’a servi. Son avenir devra d’ailleurs prochainement être discuté, puisque la PC est en train de transférer cette compétence d’abri protégé à celui du Sahligut, «beaucoup plus moderne, déjà en activité, et qui est connecté à internet», appuie Sven Eggli. O tempora, o mores.

Des abris de la protection civile devenus obsolètes

La ville de Bienne compte plusieurs abris de protection civile (PC) de grande envergure pouvant accueillir plus de 300 personnes.

Certains, comme celui situé sous l’école des Prés Walker, ont une affectation particulière. «Celui du BFB est un poste sanitaire, équipé d’une salle d’opération.

Idem pour celui des Tilleuls», détaille Sven Eggli, commandant de la PC.

«Mais, les choses sont en passe de changer, explique Hansruedi Zurgrügg, chef de l’organe de conduite régional.

Nous pensons revoir les affectations des abris. Le poste protégé et les abris sanitaires sont obsolètes. Le CHB possède son propre bunker médicalisé.

Quant au poste de commandement, il sera transféré au Sahligut dès 2016.» Le but de ces changements est de faire de ces bunkers des abris pour la population.

Même si les prescriptions fédérales obligent toujours les villes à offrir une place par habitant dans un abri, les choses évoluent un peu.

«Avant, certains bunkers regorgeaient de matériel: échelles, masques à oxygène, matériel de transmission, marteaux-piqueurs, casques et ceintures de pompiers... Autant de choses qui n’ont jamais servi et qu’on a dû jeter par obsolescence», détaille Sven Eggli.

En temps normal, seuls les abris du Sahligut, du Schlössli et du BFB sont opérationnels. C’est d’ailleurs au Sahligut  que se tiennent les cours de répétitions de la PC.

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