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Expliquer les dangers du monde digital

Bienne

La police va informer les élèves des écoles du canton de Berne afin de les mettre en garde sur les risques liés à l’ère numérique.

Un quart des écoliers bernois a déjà été victime d’intimidations en ligne, dont 10% âgés de 12 à 13 ans. Ldd

Par Jérôme Burgener

Les chiffres présentés hier par la Police cantonale bernoise mentionnent que 80% des 104000 élèves du territoire reçoivent des cours de sécurité routière, chaque année. Cependant, seul un cinquième des enfants et adolescents suivent une formation liée à la prévention de la criminalité, physique ou numérique. Les forces de l’ordre ont donc décidé de prendre le taureau par les cornes et vont proposer aux étudiants de 8H un cours spécifique: «Sur le Net en toute sécurité». 
 
Un choix qui n’est pas né suite au phénomène de société que représente «SquidGame», série violente proposée par la très progressiste chaîne Netflix et largement regardée par certains écoliers, alors que celle-ci est destinée aux plus de 16 ans. «Je n’ai reçu aucun appel d’un directeur d’école biennoise vis-à-vis de ce phénomène précis mais il y a toujours une possibilité que cela donne des mauvaises idées, comme le ‹ice bucket› ou le ‹momo challenge› par le passé», a déclaré Pierrick Danz, chef du groupe de prévention de la criminalité Seeland-Jura bernois pour la Police cantonale bernoise.
 
Chiffres impressionnants
Non, cette initiative est appuyée par des chiffres, considérés comme «impressionnants» par Michael Fichter, responsable de la prévention au sein des pandores cantonaux. Ainsi, 44% des élèves ont été harcelés sexuellement en ligne par un inconnu, en particulier les jeunes de 16 à 17 ans. 37% ont déjà reçu des photos ou des vidéos érotiques et 11% ont envoyé les leurs. De plus, un jeune de 12-13 ans sur dix a été en contact avec du contenu pornographique.
 
Concernant le phénomène de cyberintimidation, un enfant sur trois a déjà vu des photos ou des vidéos de lui publiées en ligne sans son consentement. 25% ont été victimes d’intimidations en ligne dont 10% âgés de 12 à 13 ans. En parallèle, 16% ont été victimes de photos ou de textes offensants envoyés à leur sujet et 15% ont vu des informations fausses ou offensantes diffusées à leur sujet. L’exposition à la violence graphique n’est pas en reste puisque plus de la moitié d’entre eux ont regardé des vidéos violentes au moins une fois. Tandis qu’un dixième les a envoyées eux-mêmes. Un tiers des 12-13 ans a déjà regardé des vidéos violentes. «C’est comme pour le nombre de véhicules sur la route, plus il y a d’accès au monde numérique, plus les risques augmentent», a constaté Pierrick Danz. Et d’ajouter: «Il y a ce que l’on sait et ce que l’on ne sait pas. Une statistique nous donne un aperçu mais pas une cartographie réelle de ce qui se passe.»
 
L’histoire de Laura
L’idée de la Police cantonale bernoise est d’illustrer ces diverses thématiques à travers un personnage nommé Laura. «Son histoire est fictive mais basée sur des faits réels. Nous savons que les jeunes aiment s’accrocher à du vécu. Son histoire va nous servir pour aborder les différents thèmes que nous allons présenter aux élèves durant deux périodes de 45 minutes, comme la cyberpornographie, le sexting ou encore l’estime de soi», a détaillé le chef du groupe de prévention de la criminalité . 
Durant ces périodes de sensibilisation, les écoliers pourront prendre part à un quizz, un outil plus ludique et moins dramatique selon Pierrick Danz:  «Le but de ce questionnaire est de libérer les jeunes après avoir entendu des informations émotionnellement lourdes. De plus, cela nous permet de contrôler les acquis théoriques».
 
En plus de ce programme, la Police cantonale entame une phase pilote, dans les écoles de Nidau et Saint-Imier notamment, autour de l’addiction et de la violence à l’école.

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