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Bienne ne veut plus du centre de Boujean

Accordée jusqu’en octobre, une prolongation de l’affectation du terrain pour les requérants d’asile déboutés est remise en cause. La Ville de Bienne a répondu négativement à une demande du canton de Berne.

Bienne refuse de prolonger l’utilisation à fin 2022 pour des raisons juridiques et sociales. Archives

Par Maeva Pleines

Un peu cavalière, l’attitude du canton de Berne. Voilà ce qu’estiment les autorités biennoises. En mai 2017, une autorisation avait été demandée pour utiliser les baraques de chantier à Bienne-Boujean pour héberger des requérants d’asile. «Nous avions alors autorisé une affectation temporaire jusqu’en octobre 2021, bien que la loi de construction ne permette pas d’habiter les containers sur le long terme. Il s’agissait d’une exception, car la situation était alors très tendue pour abriter le flux conséquent de migrants», raconte le responsable biennois de l’Action sociale et de la sécurité. Beat Feurer appuie bien que l’accord était clairement limité dans le temps. 
Pour cette raison, lorsque le canton a demandé à la Ville de prolonger l’affectation jusqu’à la fin 2022, le Conseil municipal a répondu par la négative. Une décision transmise dans un courrier daté de la fin avril, communiquée hier aux médias par les autorités bernoises. «En plus de la réflexion juridique mentionnée, nous avons aussi refusé pour des raisons sociales. Depuis 2020, le site a été transformé en centre uniquement de renvoi, ce qui a modifié les conditions-cadres. La situation pour les familles de requérants déboutés est devenue inacceptable, notamment avec des interventions ponctuelles de police», relate le responsable de l’Action sociale et de la sécurité. 
Afin de remédier à ces problèmes, la Ville avait demandé de donner accès au centre à des associations d’aide pour organiser des activités. Elle avait également suggéré de laisser les familles occuper des logements privés, ce qui se pratiquait encore jusqu’en juillet 2020. Deux requêtes balayées par le canton.
Négociations mal entamées
«Actuellement, la situation n’est plus aussi tendue pour accueillir les migrants. Sans compter que le canton a disposé de quatre ans pour réfléchir à une solution», estime Beat Feurer. Le conseiller municipal ne cache pas que l’approche de Berne ne présage rien de bon pour les négociations. «Pour l’instant, nous avons décliné la demande de prolongation informelle et nous venons de recevoir la requête officielle. Je ne peux pas encore me prononcer sur le résultat des discussions, mais Berne a fait un faux pas  en s’adressant aux médias à ce stade. Il aurait d’abord fallu se mettre à table ensemble, plutôt que nous mettre le couteau sous la gorge en ameutant la presse.»
Dans son communiqué, le canton rappelle que plusieurs des requêtes de Bienne avaient été mises en œuvre, mais les autres ne sont pas admises par la législation. Il ajoute qu’«il est clair que la fermeture du centre de retour de Bienne-Boujean en octobre n’améliorera pas la situation pour les habitantes et les habitants concernés, mais qu’au contraire elle provoquera une forte détérioration». Les autorités bernoises jugent que, suite à une phase de stabilisation ces derniers mois, le centre a désormais un fonctionnement ordonné. «Il offre des possibilités d’hébergement séparé, en particulier pour les familles. Sa fermeture affecterait tout particulièrement les enfants car ils vont à l’école à Bienne, ce qui leur a permis de nouer des contacts sociaux», notent-elles.
Après le refus d’implanter un centre de retour à Prêles, au motif notamment que le site est trop excentré, c’est Bienne-Boujean qui avait été désigné pour sa situation centrale. Pour Berne, il est peu probable de trouver un site de remplacement offrant les mêmes avantages. Un recours aux abris souterrains de la protection civile, utilisés en 2015 et 2016, «serait à éviter». Ceux-ci ne sont, par ailleurs, pas adaptés aux familles. Les possibilités d’hébergement restent limitées en raison de la pandémie, c’est pourquoi le canton espère toujours trouver une solution amiable avec la Ville de Bienne. Beat Feurer rappelle, quant à lui, que le futur de ces requérants relève de la responsabilité du canton, et non de la Ville de Bienne.

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