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Bienne

Bilan médiocre pour Bienne

Selon une enquête du magazine Bilan, la cité seelandaise se classe 24e sur 35 villes romandes, en termes d’attractivité économique. Analyse.

Le prix des logements à Bienne est bas car il y a plus d’offre que de demande: un problème qui touche plusieurs villes frontalières. Archives

Par Maeva Pleines

Le résultat biennois dans le classement de Bilan n’est pas brillant. En termes d’attractivité économique, la ville termine 24e sur les 35 villes romandes (ou bilingues) de plus de 10000 habitants. Le magazine a recouru à onze indicateurs pour établir une hiérarchie où Bulle (FR) remporte la médaille d’or, suivie de Gland (VD) et Nyon (VD), ex æquo. La cité seelandaise, mauvaise élève en ce qui concerne le prix bas des logements (25e) ainsi que les revenus et les inégalités sociales (27e), se rattrape lorsqu’il s’agit des conditions socio-économiques (12e) et la création d’emploi (13e).
Responsable des Finances à Bienne, Silvia Steidle tient à nuancer les méthodes du classement. «Dans le cadre de ces études, il est surtout intéressant d’observer ce qui retient l’attention des médias pour définir le succès. D’ailleurs, l’auteur de l’étude avertit lui-même que les indicateurs retenus ne reflètent qu’une partie de la réalité socio-économique et ne doivent pas être surinterprétés.»
Joël Pauli, membre du comité directeur des PME biennoises, décrypte les raisons du résultat médiocre de la cité bilingue. «Tel qu’il a été réalisé, le classement pénalise les cantons frontaliers, car les travailleurs n’y habitent pas forcément. Ils ne contribuent donc pas à augmenter la population. Par conséquent, il y a aussi moins de demande pour les logements, ce qui fait baisser le prix du mètre carré.» L’entrepreneur souligne que Bienne souffre de la politique fiscale bernoise. «C’est la moins avantageuse de Suisse, mais la Ville ne peut pas grand-chose contre cela», souffle-t-il. 
Si les représentantes de l’Arc jurassien sont toutes reléguées dans le dernier tiers du ranking, c’est notamment parce que «la région présente une économie axée sur le secteur secondaire, et l’étude favorise le tertiaire ainsi que la diversification», selon Joël Pauli. 
Finalement, on peut constater que les villes de plus de 30 000 citoyens n’apparaissent qu’à partir de la 10ème place. Encore une conséquence de la méthodologie, si l’on en croit le représentant des PME biennoises: «Logiquement, la taille influe sur le classement, car plus la commune est petite, plus un fait unique peut faire bondir les statistiques.»
Joël Pauli soulève toutefois que la cité seelandaise fait mieux que le reste de l’Arc jurassien «car nous avons enregistré une variation positive de la population». Les villes du canton de Neuchâtel ne peuvent pas en dire autant. Celles-ci sont affligées par une démographie stagnante, un niveau de chômage élevé, des revenus relativement bas et un faible volume de constructions de logement.
Forces et faiblesses
En plus des quatre critères retenus par Bilan (conditions socio-économiques, emploi, logement, social), Silvia Steidle cite les critères de l’Office fédéral de la statistique, prenant en compte la formation, la culture, la santé, l’environnement ou encore l’engagement civique et la mobilité. «Certains projets voués à stimuler la ville sont en cours. Par exemple, le Parc suisse de l’innovation qui sera inauguré en août, la construction de logements de qualité à la Gurzelen par des coopératives d’habitations et l’établissement de nouvelles entreprises aux Champs-de-Boujean», se réjouit la conseillère municipale. 
La formation dans les deux langues et le bilinguisme en général représentent aussi des atouts difficilement quantifiables. C’est aussi le cas de la culture. «La proximité de l’offre, sa diversité, son multilinguisme offrent à Bienne une situation semblable à celle de New York – toutes proportions gardées», se targue la responsable des Finances.
Celle-ci concède que les finances publiques et l’endettement représentent une préoccupation importante. «La force contributive est faible, comparé aux autres villes suisses, et l’écroulement des recettes fiscales des entreprises en raison du Covid marquera nos finances jusqu’en 2024 au mieux.» Ces dernières années, l’arrivée de revenus plus élevés a renforcé l’équilibre, «mais il nous reste encore beaucoup de chemin à parcourir», selon Silvia Steidle. Un effort qui passera par la diversification de l’économie, l’encouragement aux start-up et le développement de meilleures conditions aux pendulaires pour les inciter à s’installer à Bienne.
«Il faut toutefois noter que le dynamisme est tributaire des forces politiques en place. Les extrémistes de gauche, comme de droite, peuvent freiner les développements et provoquer des crises durables. Sans compter le dommage en matière d’image», déplore la responsable des Finances, prenant Agglolac pour exemple. Et de conclure: «Le défi des villes sera d’intégrer les demandes de cette opposition, souvent portées par les jeunes, tout en maintenant un développement sain. Car la crise de la fin des années 70 reste ancrée dans l’esprit de nombreuses ouvrières et ouvriers, mais également de cadres qui ont perdu leur travail et ont été contraints à quitter la ville.»

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