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Bienne

«Brelindzè», une autre expérience du cinéma

Le Vaudois Mathias Roch et le Biennois Alex Kangangi ont travaillé ensemble sur le film «Brelindzè». Une création artistique qui sort des sentiers battus.

Photo ldd

Marjorie Spart

Dans un village de montagne, la lune parle à qui sait l’écouter. Certains essaient vainement d’en percer le mystère. Un dessinateur, yeux bandés, se laisse inspirer par l’astre de la nuit. Une jeune femme tente de fuir son destin. Des meurtres se succèdent dans un cadre qui invite plutôt au rêve et à la contemplation: sommets enneigés, vallées escarpées, nature omniprésente et omnipotente. Et puis, il y a la Mort qui s’invite dans d’incertaines parties d’échecs contre un montagnard solitaire.

Tel est le monde étrange et intriguant que l’on découvre dans le long-métrage de Mathias Roch et Alex Kangangi «Brelindzè». Un nom énigmatique à l’image du film qu’il désigne. Lorsqu’on tente de l’appréhender, il nous échappe déjà... Et pour cause: les deux  porteurs de ce projet artistique ont choisi de sortir des sentiers battus. «‹Brelindzè› est une œuvre dans laquelle nous n’avons pas voulu prendre le spectateur par la main et lui imposer une seule interprétation possible», commente Mathias Roch. Ce qu’il propose donc? «Une autre expérience du cinéma.»

L’absurdité de la mort
Le Vaudois, qui a fait mûrir seul ce projet avant de s’allier au photographe biennois Alex Kangangi pour la rédaction du script et la réalisation, présente dans «Brelindzè» sa vision des choses. «Mathias nous plonge dans une ambiance assez contemplative, notamment de la montagne», corrobore Alex Kangangi. Et de préciser que le réalisateur avait alimenté ce long-métrage de son enfance passée dans le Pays d’En-Haut (VD), imprégnée des croyances, de tradition et d’un goût pour la musique chorale.

«Je présente un univers global, un monde où les personnages évoluent sans réellement savoir où ils vont», relève Mathias Roch, tissant un parallèle entre sa fiction et la réalité. Il qualifie d’ailleurs cette dernière «d’esthétiquement belle mais empreinte d’absurdité». Et c’est aussi ce qu’il tente de mettre en exergue dans «Brelindzè»: «Les questions de la vie et de la mort sont omniprésentes. On peut s’isoler pour y réfléchir, mais la mort peut aussi survenir de manière totalement absurde et inattendue.» A l’image des personnages victimes de mort violente dans ce long-métrage. Le réalisateur espère que cet angle de vue amène le public à prendre davantage de recul sur la vie.

Une création esthétique
Alex Kangangi était motivé à aider son collègue car il avait besoin «de mener un projet qui sorte du système de la publicité et de l’industrie». Et dont l’objectif était davantage esthétique que commercial. Pour le tournage, qui a duré deux ans, les deux amis n’ont utilisé que la lumière naturelle, «qui confère davantage de réalisme», note Alex Kangangi soulignant leur volonté de ne pas «tricher» avec les images.
Les deux hommes précisent qu’ils n’ont fait aucune demande de soutien pour leur film, «autofinancé à 100%» et pour lequel ils ont déboursé environ 25000fr. qui ont surtout servi à payer le matériel.
Une démarche qui leur a garanti une totale liberté artistique, mais qui les a passablement bloqués au moment de trouver des salles pour projeter le film. «Sans ces soutiens publics, il nous est quasiment  impossible d’accéder aux festivals», regrette Mathias Roch.

Préparant déjà un deuxième long-métrage, le cinéaste assure qu’il se conformera davantage aux codes du 7e Art et à la manière de le financer en Suisse. «Un film n’a de sens que s’il est montré au public.»
Pour l’heure, les deux hommes se réjouissent de la projection de «Brelindzè», le 21 février au Fimpodium à Bienne, et du débat qui s’ensuivra.

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