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«Cela ne devrait pas suffire»

Lundi soir, le Conseil de ville se prononce sur deux gros morceaux nécessaires à son fonctionnement: les comptes 2020, déficitaires à hauteur d’1,5 million, et la variante retenue pour l’école ménagère.

Le ciel s’assombrit de jour en jour sur la cité prévôtoise. Photo Matthias Käser

Par Dan Steiner

Epargné à titre personnel, lui qui habite à la Montagne de Moutier, Marc Tobler a tout de même évoqué deux déluges: l’un naturel, qui s’est abattu sur la ville, notamment hier soir, l’autre financier, qui met encore un peu davantage la tête de la Municipalité sous l’eau, elle qui est déjà à découvert au bilan.

Ce matin, en conférence de presse, le conseiller municipal responsable des Finances prévôtoises a quantifié les pertes de l’exercice 2020, évidemment touché par la crise sanitaire: alors que l’excédent de charges budgété était de 54465fr., le résultat du compte général a finalement plongé, pour atteindre un déficit d’1'539'270 fr. On vous épargne les centimes, pour vous dire que le découvert au bilan se montait, au 1er janvier 2021, à 1'931'615 fr.

«De manière générale, le ménage communal a été bien géré», tempère l’élu agrarien. «Toutefois, il fait toujours apparaître le fameux déficit structurel d’1 million de francs provoqué par des prestations dont le financement n’est pas assuré. Et, pour compliquer la situation, bien malin qui peut prétendre connaître les répercussions de la crise sanitaire sur l’économie de la Ville et la fiscalité future.»

Demande de prolongation auprès de Berne envisagée

Déjà sérieuse, la situation du Trésor prévôtois est passée à grave. Avant de détailler les points saillants du dernier exercice, on rappellera que la planification financière doit démontrer la capacité de la Ville à se refaire une santé, désormais dans les sept prochaines années. Avancées lors de la présentation du budget 2021, en novembre dernier, les mesures imaginées pour ce faire comprennent une hausse d’impôts de 1.94 à 2.04 en 2023, des non-renouvellements de postes dans l’administration, une réduction des charges de fonctionnement dans les services ou encore la pédale très douce sur les investissements. Dans un monde libre de Covid, ce serait suffisant.

Et avec cette mise à jour, pourvue ou non d’antivirus? «Le trou est plus grand et le temps est plus court», soupire Fabrice Zartemi, l’administrateur des Finances. «Cela ne devrait pas suffire.»

A situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle? La Ville ne s’est pas encore approchée formellement du canton de Berne pour évoquer une prolongation de délai, mais, en raison du coronavirus, c’est une demande qu’elle envisage. «En 2020, le fossé s’est élargi, mais on a toujours dit que les effets des décisions prises et à prendre ne produiront leurs effets véritables que dans quelque temps», prévient Marcel Winistoerfer. «S’agiter et couper à tous les niveaux n’est pas une méthode que nous privilégions.»

Petits enfants, grands soucis

Oui, mais il faudra bien entreprendre des actions supplémentaires. Notamment pour compenser le découvert induit par l’Ecole à journée continue, qui s’est monté à 613'000 fr. «La volonté du Conseil municipal de présenter une rubrique autofinancée était illusoire», reconnaît Marc Tobler. Une grosse quinzaine de mesures avait, là aussi, été établie pour remonter la pente. Exemple? Engager du personnel moins qualifié, ce que le canton autorise, ou sur appel. La crèche, dont la capacité maximale est de 53 places, n’est occupée en moyenne que par 30 bambins, ce qui constitue une surévaluation due notamment à la réorganisation des familles durant la crise.

Au chapitre des autres postes clés qui ont impacté les comptes 2020, on notera la baisse des rentrées fiscales des personnes physiques, qui, cette fois, n’a pas été compensée par une hausse des revenus tirés des impôts demandés aux personnes morales. «Cette perte au niveau des personnes physiques est alarmante car elle risque de perdurer», conclut Marc Tobler. Comme si Moutier avait encore besoin de ça.

Variante de la ruelle de l’Ours toujours privilégiée

S’il est un investissement qui est toutefois marqué du sceau de l’urgence, c’est celui qui concerne l’école ménagère. On ne va pas refaire son histoire, mais les locaux actuels sont jugés insatisfaisants pour y donner les cours d’économie familiale. Une nouvelle construction avait été refusée par le souverain et une variante de location à la ruelle de l’Ours présentée au Conseil de ville du 25 janvier. Là encore, dossier refusé. Cette fois, le Conseil municipal espère bien convaincre le législatif en lui présentant un rapport fouillé et les trois meilleures options retenues. «Leur faisabilité technique est avérée et rapide, alors que les trois projets répondent aux besoins d’urgence et d’économicité», assure l’exécutif.

Une fois encore, c’est la variante déjà retenue dans le précédent rapport qui a sa faveur ainsi que celle des commissions et services communaux. Le Conseil municipal explique que la location de deux étages à la ruelle de l’Ours, au-dessus de la Maison des brochettes, est idéale techniquement et financièrement. La construction provisoire – des conteneurs – était certes plus avantageuse, mais elle aurait fait fi de considérations écologiques et énergétiques qui tiennent à cœur à la Ville, attachée à son label Cité de l’énergie, mais aussi d’un certain confort. Quant à la troisième solution, le rachat du bâtiment actuel, elle n’est pas davantage satisfaisante au vu du prix proposé et calculé à long terme et des incertitudes y relatives. Une rupture de confiance est également perceptible entre les deux parties.

Du coup, l’exécutif a étudié plusieurs sous-variantes de l’option retenue, notamment une location de trois ans puis un achat, mais est finalement parvenu à la conclusion qu’un bail de 20 ans (avec option pour 10 supplémentaires) à 85'000 fr. annuels est préférable.

Facture «salée» 

Hormis ces deux points chauds cités ci-dessus, le menu du soir du législatif ne devrait pas faire se (sou)lever ses membres. Sait-on jamais... Le dernier élément digne d’être mentionné concerne l’entretien de la voirie municipale. Acheté en 2010, l’un des véhicules communaux est utilisé quotidiennement mais, après 80'000 km, montre «d’inquiétants signes de faiblesse», indique le Conseil municipal. Sollicité notamment en période hivernale, il peut être muni d’une épandeuse de sel routier, âgée, elle, de 14 ans et qui est aussi dégradée, à cause de la corrosion. Pour des questions de sécurité, un crédit de 205'000 fr., déjà prévu au plan financier 2021, est demandé au Conseil de ville pour le remplacement de ces deux objets.

 

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