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Fillettes voilées

C’est aux parents, pas au canton, d’en décider

Deux élus avaient interpellé le gouvernement à propos du voile islamique porté par de très jeunes fillettes. Celui-ci y est attentif mais ne voit aucune raison d’intervenir.

Les deux députés considèrent que faire porter le voile à des fillettes est une atteinte à leur dignité. Pixabay

Par Philippe Oudot

Alors qu’on s’apprête à voter sur l’initiative anti-burqa, le gouvernement vient de répondre à une interpellation de deux députés portant sur le voile islamique. En septembre dernier, suite à la rentrée scolaire, Mohamed Hamdaoui (PDC, Bienne)et Mathias Müller (UDC, Orvin) s’étaient en effet inquiétés de voir des fillettes, parfois très jeunes, porter un voile islamique. Selon les deux élus, cette tenue, peu adaptée à leur âge, leur était imposée.

Ils voulaient tout d’abord savoir combien de fillettes étaient concernées dans le canton, et ce qu’en pensaient les autorités scolaires. En fait, comme il n’existe aucune enquête systématique sur la tenue vestimentaire dans les écoles, il est tout simplement impossible de donner une estimation du nombre de fillettes concernées, répond le gouvernement.

Il rappelle d’ailleurs que «la tenue vestimentaire des élèves relève de la responsabilité des parents», et que le canton n’a édicté aucune prescription à ce propos dans les écoles. Il précise toutefois que «la règle qui prévaut est que cette tenue ne doit entraver ni la communication ni le travail sous ses différentes formes et qu’elle ne doit pas représenter une source de danger».

Le bien-être des enfants
Les deux auteurs de l’interpellation demandaient aussi au gouvernement si les autorités scolaires émettaient des recommandations aux membres du corps enseignant confrontés à de telles situations». En fait,
répond le Conseil exécutif, conformément à la loi sur l’école obligatoire, ladite école «seconde la famille dans l’éducation des enfants. Elle favorise le bien-être corporel, mental et social des élèves et protège leur intégrité psychique et physique.» Et pour assurer un climat de respect et de confiance, la collaboration avec les parents est d’une grande importance, poursuit le gouvernement.

Dans ce contexte, «les enseignants et le personnel d’encadrement dans les structures d’accueil des écoles à journée continue ont la responsabilité d’observer avec attention les enfants qui leur sont confiés. S’ils voient des signes d’une évolution inquiétante apparaître, ils doivent en discuter avec les parents et, le cas échéant, faire appel aux services spécialisés.»

Favoriser l’intégration
Mohamed Hamdaoui et Mathias Müller voulaient aussi savoir si les autorités scolaires étaient en mesure «d’apporter un soutien aux fillettes, à leur entourage, à des parents d’élèves ou à d’autres élèves qui s’inquiéteraient de leur sort». Le gouvernement assure que tout est fait pour créer un cadre privilégié pour l’intégration, en particulier par le biais des offres d’encadrement et de formation préscolaires, scolaires et extrascolaires. Il rappelle que la Direction de l’instruction publique joue un rôle très important dans l’intégration des étrangers.

Concrètement, affirme-t-il, «tant les enfants que leurs parents et le personnel enseignant peuvent s’adresser aux travailleurs sociaux en milieu scolaire. Les adultes, comme les enfants et les jeunes, peuvent également contacter le Service psychologique pour enfants et adolescents.» Au besoin, poursuit-il, les interlocuteurs de ces deux points de contact peuvent se tourner vers d’autres spécialistes en conseil ou confier les personnes à la recherche d’un soutien à des services spécialisés compétents.

Estimant que faire porter le voile à des fillettes revenait à les enfermer dans une forme de soumission et était contraire au principe d’égalité entre femmes et hommes, les deux députés voulaient connaître l’avis des autorités scolaires. Marchant sur des œufs, le gouvernement assure ignorer les raisons du choix d’une telle tenue vestimentaire, relevant au passage que «les raisons peuvent être complexes». Se basant sur une juridiction du Tribunal fédéral, il rappelle que «le fait qu’une femme porte le voile islamique n’exclut a priori pas qu’elle exerce son autonomie et l’égalité de ses droits dans le rôle qu’elle joue au sein de la société et de sa famille. Dans ce contexte, une approche isolée du port du voile et des vêtements islamiques n’est ni opportune ni utile.

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