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Valbirse

C’est la guerre pour la Pierre de la Paix

La commune organise mardi une séance d’information à propos d’un projet de carrière. Une soirée qui risque d’être explosive.

Le Plan de quartier prévoit une emprise au sol d’environ 55'000 m². Photo: DS

Par Dan Steiner

Pour le conseiller communal de Valbirse André Rothenbühler, ce que dit le Plan directeur régional d’extraction, de décharge et de transport de matériaux du Jura bernois est clair comme de l’eau de roche: la carrière et la plateforme de recyclage prévues à la Pierre de la Paix sont nécessaires pour l’économie de la construction régionale et l’intérêt public.

Mais certains restent de marbre devant les arguments du responsable au village de l’Aménagement du territoire, de l’urbanisme, de l’environnement, des énergies et du transport. Eh bien ceux-ci auront largement l’occasion de faire part de leur mécontentement mardi soir prochain, à 19h30, à la salle communale de Malleray. Dans le cadre du projet pour remplacer la carrière du Pré Rond, victime d’un gros glissement de terrain en mai 2012, une séance d’information et de recueil des griefs est organisée.

D’accord, mais pas chez moi
Et on peut s’attendre à un feu nourri, notamment par les riverains du chemin d’accès, par où transitent des dizaines de poids lourds quotidiennement. Claude Tissot en fait partie. «La route de Moron n’est pas adaptée pour les convois de camions», peste-t-il. «Le dos d’âne induit des accélérations, alors que les chicanes font arrêter ces véhicules, qui peinent ensuite à redémarrer.» Selon lui, ce sont ces allers-retours incessants qui provoquent l’affaissement progressif d’un mur qui trône devant sa maison.

Pour André Rothenbühler, qui précise qu’il en ferait certainement de même, c’est le réflexe typique. «‹Not in my backyard.› On est pour ce genre de projets, mais pas derrière chez nous.» Et d’ajouter que l’exploitant prévu – la commune bourgeoise de Malleray, via l’entreprise Pierre Faigaux SA, la même configuration qu’à la carrière du Pré Rond –, offre notamment des places de travail. «Dire que la commune n’a rien à y gagner n’est pas un argument recevable, c’est égoïste.»

«Un rapport édifiant»
Un avis qu’est loin de partager Serge Monnerat, bordier, lui aussi, de la voie d’accès à l’ancien et à l’éventuel futur chantier. Depuis mardi, le président du PS local s’est fendu d’une demi-douzaine de posts sur sa page Facebook, enjoignant la population à «se rendre à la séance d’information» et «vivement faire opposition à ce projet». S’il précise que la procédure n’en est pas au dépôt de permis – «le dépôt public est prévu pour le deuxième semestre 2019» –, il émet de nombreuses mises en garde.

Pour lui, deux principaux problèmes se posent. «C’est un endroit prisé pour la promenade, le VTT, la course à pied et la zone possède également une place de pique-nique.» Ce vers quoi renvoie un panneau placé à la bifurcation de la route de Moron. «Et puis il y a le problème des poids lourds. Quand ces camions de 30tonnes passent, l’accès n’est pas adapté, notamment au niveau de la largeur. Ce projet est inimaginable...» Et ce, sans parler du bruit.

Selon ses calculs, jusqu’à 40 bahuts empruntent ce chemin par jour durant la belle saison. «Pendant huit heures, on arrive à cinq camions par heure, soit un toutes les 12 minutes.» Des chiffres qu’il confronte avec ceux des rapports rendus à la commune – disponibles chez elle et sur son site web jusqu’au 21.12. «Selon eux, ils roulent durant 16 heures. Avec tout ça, on arrive, selon le rapport, à 2,3 trajets par heure (page 56) et on n’utilise que 1,3 trajet pour les calculs.» Une façon de faire jugée édifiante.

Une pétition serait en préparation. Mais dans l’immédiat, les mécontents pourront faire part de leur courroux mardi.

En chiffres
* 39 En années, la durée d’exploitation prévue: de 2020 pour l’extraction à 2058 pour la fin du remblayage
* 1930 Les débuts de l’exploitation de la carrière du pâturage du Droit (Pré Rond)
* 54'151 m², l’emprise de la carrière, accès compris
* 486'000 m³, le potentiel virtuel d’exploitation
* 625'000 m³, le remblais

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