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Fédération de l’industrie horlogère suisse

«C’est l’aboutissement de dix années de lutte»

L’association faîtière a tenu hier son assemblée générale. Elle continue de défendre les intérêts de la branche, notamment les droits de propriété intellectuelle.

Après la partie statutaire, les délégués ont pu entendre le plaidoyer de la présidente d’economiesuisse Monika Rühl en faveur de la RIE III. Ph. Oudot

Philippe Oudot

Après les folles années de croissance, de 2010 au milieu de l’année 2015, l’horlogerie traverse une période difficile. C’est le constat (voir ci-dessous) qu’a dressé Jean-Daniel Pasche, président de la Fédération de l’industrie horlogère suisse (FH), en ouverture de l’assemblée générale de l’association faîtière de la branche, qui s’est tenue hier à Neuchâtel.

Dans son rapport annuel, le président est revenu sur quelques-uns des temps forts qui ont marqué l’année écoulée. Notamment sur les effets de l’abandon du taux plancher de 1fr.20 pour 1euro sur le projet Swissness. En raison du franc fort, «certains représentants de milieux économiques et politiques en ont en effet profité pour demander au Conseil fédéral de reporter l’entrée en vigueur du projet, estimant que l’économie avait déjà bien du mal à absorber le choc monétaire sans devoir encore subir l’adaptation à Swissness».

Le Conseil fédéral ne s’en est toutefois pas laissé compter et, en septembre, il adoptait les ordonnances d’application de Swissness. Celles-ci vont entrer en vigueur en janvier prochain. C’est également à cette date que prendra effet la révision de l’ordonnance sur le Swiss made, qui renforce les critères donnant droit au précieux label.

«Nous en sommes très heureux, car c’est une revendication est l’aboutissement de dix années de lutte.» Pour rappel, l’ordonnance ajoute deux conditions supplémentaires pour se prévaloir du Swiss made. D’une part, 60% au minimum du coût de revient de la montre et du mouvement devront être générés en Suisse. D’autre part, le développement technique de la montre et du mouvement devra être effectué en Suisse.

Abus et copies
Parmi ses nombreuses activités, la FHs’engage pour la défense des droits de propriété intellectuelle. Elle participe ainsi chaque année à la Hong Kong Watch and Clock Fair, le traditionnel Salon horloger de l’ex-colonie britannique, où elle traque les copies et les abus du Swiss made.

Depuis 2008, elle a déjà déposé plus de 350 plaintes, dont 47 l’an dernier. Un travail qui s’avère payant, a constaté Jean-Daniel Pasche, car «les récidives sont plutôt rares. Initialement répressive, l’opération de surveillance de la FH prend aussi désormais une orientation pédagogique».

Dans le domaine des contrefaçons sur internet, le président a constaté que l’émergence croissante de l’utilisation des réseaux sociaux comme vecteurs de vente de produits contrefaits, constatée en 2014, s’était renforcée: «Pour la première fois depuis la création de la ‹cellule internet›, le rythme de croissance de nouveaux sites dédiés à la vente de contrefaçons ralentit au profit des réseaux sociaux.»

Rien d’étonnant, car «les contrefacteurs sont très professionnels et vont chercher leur ‹clientèle› là où elle se trouve: Facebook, Instragram, YouTube, etc.» Ainsi, parmi les 600 000 annonces retirées en 2015 grâce à l’intervention de la cellule internet – un record –, 65% concernaient les réseaux sociaux.

Autre phénomène constaté: les annonces sans marque apparente, qui permettent parfois de tromper les consommateurs de manière astucieuse. «Les contrefacteurs dissimulent les noms de marques sur les images des annonces, en ne mentionnant celles-ci que par des mots clés connus des initiés. Toutefois, la montre envoyée comporte bel et bien une marque et constitue une réelle contrefaçon, susceptible d’être saisie par les autorités», a expliqué le président.

Un million de pièces saisies
En parallèle à ses activités sur la Toile, la FHcontinue sa lutte anticontrefaçons sur le terrain. L’an dernier, elle a ainsi saisi et fait détruire un million de fausses montres suisses dans le monde. Les principales saisies ont été faites au Maroc (180000 pièces), à Dubaï (130 000), en Grèce (50 000) et en Turquie (45 000).

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