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Tavannes

«C’est un dossier très mal géré!»

L’opposant au Centre médico-social au cœur du village, qui fait couler encre et salive dans la collectivité, donne sa version des faits et justifie les raisons de son opposition

Le bâtiment attend qu’on décide de son sort depuis que le magasin Manor a retiré ses quartiers. La fin de l’attente n’est pas pour tout de suite. Archives

Blaise Droz

Un nom propre de dix lettres, de consonance italophone et commençant par P. qui circule sur toutes les lèvres depuis hier à Tavannes? Pas besoin d’être vainqueur de «Questions pour un champion» pour deviner qu’il s’agit de Piffaretti, Aldo Piffaretti pour lever totalement le mystère. C’est lui, le fameux opposant au projet de bâtiment médico-social qui devrait remplacer l’ancien Louvre devenu Placette, puis Manor, au centre du village.

Le propriétaire de plusieurs immeubles tavannois construits par l’entreprise familiale dans les décennies précédentes sait qu’il n’a pas la cote auprès d’une bonne partie de la population, qui se demande pourquoi diable il s’ingénie à s’opposer avec un zèle aussi évident à la démolition de l’ancien bâtiment Manor, désormais désaffecté. Le JdJ lui a demandé s’il voulait bien expliquer ses motivations, ce qu’il a accepté de faire.

La première chose qu’il tient à préciser est la suivante: «Je n’agis pas que pour moi, mais également pour les habitants du quartier. Certains sont mes locataires, d’autres non, mais beaucoup d’entre eux pensent comme moi.»

Pharaonique

Ses revendications tiennent en trois points principaux. Le premier est que le centre d’un village ne se prête pas à l’implantation d’un tel établissement, qui ne participe en rien à l’économie et au confort des habitants. «Ce qu’il faut dans ce type d’endroit, ce sont des locaux commerciaux au rez et de l’habitat à l’étage. C’est d’ailleurs, assure-t-il, spécifié dans le règlement de construction.»

Aldo Piffaretti note en seconde position que les bâtiments projetés sont, selon lui, des mastodontes pharaoniques en ordre contigu et de surcroît trop près de la route. Les étages n’accueilleraient pas des appartements, mais des cabinets médicaux qui risquent d’être ouverts aussi en soirée et dont l’activité dérangerait le voisinage. En plus, ces bâtiments feraient de l’ombre et boucheraient la vue aux habitants d’en face. En troisième position, mais pas la moindre, l’opposant déterminé ajoute «qu’il est incompréhensible que ce projet ne prévoie pas un parking souterrain. Les places de parc vont manquer dans ce quartier. Celles qui seront liées au bâtiment seront réservées aux activités du centre médico-social et la population résidente sera lésée.»

Lorsqu’on évoque la procédure, Aldo Piffaretti laisse aussi entendre quelques grincements de dents. «Je suis choqué par le procédé. Séparer la demande du permis de démolition de celle du permis de construire a été une très mauvaise chose. Les autorités du village ont consciemment pris le risque de voir la démolition acceptée et, peut-être ensuite, la construction refusée. Tavannes aurait dans ce cas une zone morte semblable à ce qu’était l’aire Gassmann à Bienne, ou plus simplement au vide longtemps laissé à Tavannes par la démolition précipitée de l’ancienne ferme Guerne. Procéder de la sorte est inconcevable.» L’opposant tient à ajouter qu’une démolition coûte cher et que dans ce cas, on l’impose aux contribuables avant d’avoir la moindre certitude sur la suite du projet. «C’est un dossier mal géré», insiste-t-il.

Détermination

Aldo Piffaretti est également choqué que l’on souhaite implanter des panneaux solaires sur un toit du centre du village. Il estime que dans ce genre d’endroit, il faut respecter le style de toitures des bâtiments voisins couverts de tuiles. Un argument un peu surprenant, d’autant plus qu’à Tavannes tous les immeubles n’ont pas été construits dans un pareil état d’esprit.

Toujours est-il que l’opposition du service cantonal des monuments historiques avait, elle, été retirée.

Aldo Piffaretti déclare qu’il n’a pour l’heure nullement déposé de nouvelle opposition. Il a en revanche fait valoir son droit de contester la décision du préfet, puis celle de la Direction des travaux publics à Berne en activant l’échelon supérieur, à savoir le Tribunal administratif.
«Mais quoi qu’il en soit, ajoute-t-il, ma détermination est totale. J’ai la conscience tout à fait tranquille et la certitude d’agir pour le bien de la commune. Et si je suis encore débouté pour la procédure qui concerne la démolition, je m’opposerai avec la même énergie à la construction.»

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