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Moutier

«Cette école n’est pas un fourre-tout»

Le professeur de sciences Yves Pillard a repris la direction de l’EMSp le 1er novembre

En charge de la direction depuis le 1er novembre, Yves Pillard veut faire rayonner l’EMSp. S.G.

Catherine Bürki

Heure de pause oblige, on se bouscule dans les couloirs de l’Ecole de maturité spécialisée (EMSp) ou Ecole de culture générale de son nom plus général, à Moutier. Au deuxième étage, plusieurs étudiants se pressent devant le bureau de la direction. Après quelques tentatives infructueuses, Yves Pillard parvient à prendre congé et à regagner son antre. «Je n’ai jamais été autant sollicité que ces dernières semaines», lâche le professeur de sciences fraîchement élu directeur de l’institution.
Dans un soupir ou se mêlent fatigue et enthousiasme, Yves Pillard s’installe autour de la table qui trône au centre du bureau. Souriant, il évoque sa récente nomination: «C’est encore tout frais, il faut que je prenne mes marques.»
Détenteur d’un master en physique de l’Université de Berne et fin connaisseur de l’EMSp, où il officie depuis 26ans, Yves Pillard a été nommé directeur le 1er novembre dernier. Il succède ainsi à Pascal Luce, à la tête de l’établissement pendant 24 ans, décédé en juin dernier des suites d’un cancer. «Il a fait un travail honorable pour cette école. Je ne vais pas tout chambouler mais plutôt continuer ce qu’il a commencé», annonce d’emblée le professeur de sciences. Souriant, il confie encore: «Ceci évidemment tout en apportant ma touche personnelle.»

Pas un fourre-tout

Catapulté à 52 ans à la tête de quelque 120 élèves, le professeur domicilié à Auvernier se dit prêt à prendre ce nouveau départ. Il assure vouloir se retrousser les manches afin «d’œuvrer pour le bien des élèves qui lui sont confiés». «L’EMSp doit être un ascenseur social. Nous devons offrir les infrastructures pour permettre à ceux qui le désirent de s’élever», indique-t-il, enthousiaste.
Délaissant quelques instants le fatras des tâches administratives, il s’enfonce dans sa chaise et s’accorde une pause. «J’ai bien d’autres responsabilités que l’enseignement désormais. J’ai déjà réduit mes heures de cours mais il faut tout de même un peu jongler pour parvenir à tout faire», confie-t-il.
L’air concentré, il esquisse alors les grandes lignes des projets qu’il souhaite mener. En tête de liste: celui de conférer une nouvelle notoriété à l’établissement. «Nombreux sont ceux qui ne savent pas trop ce qu’on fait ici. Il faut que les jeunes de la région soient au courant des possibilités que nous leur offrons.»
Le directeur se munit de fiches explicatives sur le fonctionnement de l’école. Il commente: «Nous offrons une formation dite de culture générale, mais ciblée sur les domaines de la santé et du social. Les étudiants qui passent chez nous se voient ainsi ouvrir les portes des HES ainsi que de la HEP. » Le regard déterminé, il assure vouloir «gommer cette image de fourre-tout qui colle à l’EMSp».

Offrir de la nouveauté

Autre dossier d’envergure: la bonne collaboration avec le gymnase français auquel l’EMSp est affiliée. «Certains parlent de concurrence. Je pense que c’est aberrant puisque nous offrons des formations très différentes. Ici, nous mettons l’accent sur nos domaines de prédilection et allons bien plus en profondeur à ce niveau-là que dans les gymnases», plaide le professeur de sciences.
Soucieux d’apporter sa pierre à l’édifice, il promet encore qu’il ne se bornera pas à faire respecter le programme scolaire déjà établi. Le ton volontaire, il certifie «qu’il est nécessaire d’offrir des nouveautés aux jeunes». «Nous pourrions par exemple développer la bibliothèque et aménager une salle d’étude», lance-t-il à la cantonade, avant d’embrayer sur la possibilité d’améliorer l’offre extrascolaire, et plus particulièrement culturelle, de l’école. Pensif, le directeur évoque l’organisation de pièces de théâtre ou de spectacles en tout genre: «Nous pourrions mettre ça en place en synergie avec le gymnase. Je vais y penser sérieusement...»

Pas le nez dans le guidon

La mine réjouie, Yves Pillard promet d’être un directeur actif et soucieux du bien-être de ses élèves: «J’ai toujours eu un bon contact avec la jeunesse et je compte bien veiller à ce que cela continue.»
Le ton rieur, il fait alors allusion au cliché du vieux prof las et aigri, qui n’a jamais rien connu d’autre que son école dans la vie. «Très peu pour moi. Même si ça fait 26 ans que je travaille ici, je ne suis pas de ceux qui ont toujours eu le nez dans le guidon. Je n’ai pas vécu que pour cette école.» La discussion dévie doucement sur sa jeunesse. «Un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître», comme il s’amuse à la nommer. Brièvement, il mentionne plusieurs déménagements, un job d’animateur radio, un groupe de rock et même un concert sur une scène du Paléo. Des sujets qui, à coup sûr, susciteraient l’attention de ses étudiants, peut-être même davantage que le cours de biologie ou de physique. «Tout ça, c’est une autre histoire. Si on est là, c’est pour l’école, pas pour moi», conclut-il, les yeux rieurs, avant de quitter son bureau pour se mêler à la foule des élèves.

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