Chant du cygne à la Maison de la musique

Par Sébastien Goetschmann

Pour Mario Annoni, c’est l’incompréhension totale. Le Conseil du Jura bernois (CJB) n’était pas prêt à soutenir le projet de transformation et de réaffectation de l’ancien manège de Saint-Imier en salle de concert à la hauteur de ce qu’espérait l’association Maison de la musique. Le processus est donc avorté.

«Nous venons de manquer une occasion de faire rayonner le Jura bernois sur le plan culturel», s’attriste le président de l’association. «Le CJB ne s’est pas montré aussi enthousiaste que ce que nous escomptions», poursuit Mario Annoni. «Cet organe, qui a pour mission d’aider à forger l’identité de la région, n’a eu que des considérations économiques et n’a pas mené de réflexion sur l’apport culturel d’un tel lieu.»

Ainsi, après près de cinq ans de réflexions et l’acceptation en votation populaire, à Saint-Imier, d’une subvention d’investissement de 885000francs, en mai 2019, la réponse du CJB s’avère clairement insuffisante pour couvrir les besoins de trésorerie, selon les porteurs du projet.

Occasion manquée
«Cette décision étant encore suspendue à la validation du service juridique du canton de Berne, le comité de l’association considère qu’il n’est plus possible, dans ces conditions, de rechercher les compléments de financement nécessaires à la réalisation de ce projet», ont fait savoir les responsables dans un communiqué paru hier.

«Nous avions pourtant de nombreux acteurs culturels qui étaient intéressés par ce nouvel outil, destiné à accueillir des productions musicales dans les meilleures conditions possible», affirme Mario Annoni, citant, par exemple, la Haute école de musique de Berne.

«En tant que directeur de l’Ecole de musique du Jura bernois, je ne peux que regretter toutes ces perspectives qui s’envolent», indique Philippe Krüttli, également vice-président de l’association. «Cette salle de qualité, tant au niveau acoustique que pour l’accueil de groupes et de spectateurs, serait véritablement venue combler un manque et aurait offert un positionnement idéal au Jura bernois.»

Le comité de la Maison de la musique déplore que «l’opportunité pour la région d’occuper une niche laissée libre par Nebia et le nouveau Théâtre du Jura, grâce à cet art majeur qu’est la musique déclinée sous toutes ses formes», n’ait pas été saisie.

Nouvelle vie avortée
«C’est en effet regrettable que cette entreprise soit abandonnée», indique Patrick Linder, directeur de la Chambre d’économie publique du Jura bernois. «Sur le papier, la Maison de la musique correspondait parfaitement à l’esprit de la Stratégie économique 2030, plus particulièrement à l’axe identité, culture, ouverture et rayonnement, qui a notamment pour objectif d’encourager la mobilité intrarégionale et de soutenir des projets qui ont un éclat positif pour toute la région.»

«La réaffectation de ce lieu aurait aussi permis de trouver une solution intelligente qui mette en valeur une ancienne bâtisse protégée par l’Office des monuments et bâtiments historiques du canton de Berne», ajoute Mario Annoni. «Enfin, cet espace aurait pu jouer un rôle important de médiation culturelle pour les jeunes du Jura bernois», termine Philippe Krüttli, qui tenait à remercier les personnes qui ont soutenu cette vision novatrice.