Comment se dépatouiller avec un tel dépouillement?

Par Dan Steiner

Election complémentaire pour les 13 sièges vacants au Conseil de ville de Moutier, dernier épisode. Avant le verdict. Encore que, encore que... Si l’aura qui enveloppe le scrutin de dimanche ne traduit pas le même enjeu qu’un vote ou des élections, c’est surtout le contexte particulier qui donne du grain à moudre.

Il ne s’agit en effet que de combler un vide de quelques mois avant de s’embarquer pour une nouvelle législature, dès 2023. Mais trouver une autre élection libre, sans dépôt de liste, à 4'400 candidatures potentielles, n’a rien d’une sinécure. «Je ne vois pas d’autre exemple d’une ampleur pareille, en tout cas pas récemment», réfléchit à voix haute le chancelier prévôtois, Christian Vaquin. «C’est certainement assez rare, et loin à la ronde.»

A événement à ce point inhabituel, dispositif exceptionnel. Ce week-end, une équipe d’une trentaine de personnes sera spécialement affectée au dépouillement de cette élection complémentaire. Elle s’y attellera d’ailleurs dès 8h30, dimanche, pour prendre de l’avance avec le vote par correspondance.

Douze équipes de deux personnes seront accompagnées d’une à la vice-présidence et d’une à la présidence du Bureau de dépouillement, auxquelles il convient d’ajouter une équipe administrative. A l’œil, Christian Vaquin ne voyait pas, en début de semaine, de différence majeure entre le volume d’enveloppes déjà déposées à la Municipalité par rapport à une échéance populaire traditionnelle.

Soyons précis
Reste que le service informatique de la Ville a mis une semaine – une personne – pour mettre en place un dispositif numérique à même de permettre à la cellule de tri de gagner le plus de temps possible lors du comptage des suffrages. Pour un résultat que l’on espère voir tomber quelque part dans l’après-midi.

Chaque nom se rapportant à un numéro, il sera dicté par un milicien du Bureau à son binôme du personnel administratif, qui se chargera de la saisie. Habituellement, à Moutier, un dimanche de votations peut drainer 40% d’ayants droit, 50% selon les objets soumis au souverain. Si l’on n’atteindra pas les 4'400 bulletins contenant 13 noms différents, le cas extrême nécessiterait un classement de 57'200 noms. Plus sérieusement, on rappelle que l’élection se fera selon le système majoritaire. Cela signifie aussi qu’une élection refusée par une personne élue impliquera un siège vide jusqu’à la fin de l’année. Ça, c’est si le refus est dûment motivé par écrit et accepté par le Conseil municipal. Age avancé, maladie ou situation professionnelle déjà chargée sont par exemple de justes motifs.

Sur la masse des patronymes potentiellement inscrits sur les listes, 40 (2 x 20) sont identiques: prénom et nom. Il s’agit donc d’être précis une fois ses choix arrêtés, si possible en précisant l’année de naissance ou l’adresse des candidats. Comme le cumul n’est pas admis, une personne indiquée deux fois impliquera qu’une ligne sera biffée.

Dans le même ordre d’idée, si deux homonymes sont indiqués mais sans possibilité de les différencier, aucun des deux ne comptera, étant donné qu’il n’est pas possible de distinguer un faux cumul de la volonté de voter pour les deux personnes sur le même bulletin. Quand on vous disait qu’il s’agissait d’une vraie gymnastique organisationnelle... Mais Christian Vaquin de souligner la bonne collaboration avec l’Office cantonal des affaires communales et de l’organisation du territoire, l’intransigeant OACOT.

Pour finir, notons qu’une égalité de voix entre deux ou plusieurs personnes nécessitera un tirage au sort et qu’il est toujours possible de voter pour l’un ou l’autre des 13 démissionnaires. Ce qui n’est pas forcément le but d’un exercice déjà assez scabreux.