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Énergie photovoltaïque

Consommer malin pour faire des économies

L’étude Flexi menée auprès des clients des Forces électriques de La Goule veut évaluer dans quelle mesure ces derniers sont prêts à modifier leurs heures d’utilisation pour mieux profiter du solaire.

L’étude Flexi vise à évaluer le potentiel de transfert de consommation aux heures où l’énergie photovoltaïque est la plus productive. DR

Rappel des faits: L’abandon, à terme, de l’énergie nucléaire et le développement des énergies renouvelables posent de gros défis en termes d’approvisionnement électrique. Contrairement à la première, qui fournit du courant en continu, la production des secondes est en revanche aléatoire. Pour relever ce défi, il faut, bien sûr, économiser l’énergie et développer des moyens de la stocker, mais également adapter la consommation aux heures de production.

 

Philippe Oudot

Durant une année, la région du haut vallon de Saint-Imier et des Franches-Montagnes va faire l’objet d’une étude scientifique bien particulière en termes de consommation électrique. «Nous cherchons en effet à déterminer dans quelle mesure les gens sont prêts à optimiser leur utilisation de courant en modifiant leurs horaires de consommation afin de mieux profiter de l’énergie photovoltaïque», explique Yves Chevillat, coordinateur de cette étude baptisée Flexi.

Ce projet, qui vient de démarrer au début juillet, est prévu sur une année. Il est mené par l’Institut de recherches économiques de l’Université de Neuchâtel, la société d’ingénieurs conseils Planair et le Laboratoire photovoltaïque de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), avec le soutien de l’Office fédéral de l’énergie.

Comme le relève Yves Chevillat, «il existe beaucoup d’études concernant les économies ou le stockage d’électricité, mais très peu sur les déplacements de consommation. Or, c’est important, car pouvoir adapter celle-ci à la production permet d’éviter de surdimensionner les installations de transport et de stockage, et donc de réduire les investissements.»

Changement de paradigme
Jusqu’à ces dernières années, on recommandait aux ménages de mettre en service leur machine à laver la vaisselle ou leur lave-linge durant la nuit, période de faible consommation, pour profiter du tarif de nuit, moins cher. Cela permettait aussi d’utiliser une partie de l’électricité fournie en ruban (en continu) par les centrales nucléaires. Mais les choses changent, avec la sortie, à terme, du nucléaire et le développement des énergies renouvelables – en particulier de l’énergie solaire.

Le courant photovoltaïque est en effet produit principalement à la mi-journée quand le rayonnement est le plus fort, alors que la consommation, elle, se concentre surtout en soirée. «Si on veut pouvoir profiter au mieux de l’énergie fournie par le soleil, il faut encourager les ménages à programmer leurs lessives au milieu de la journée plutôt que de nuit», observe notre interlocuteur.

Appel à participer
Pour mener à bien l’étude Flexi, les chercheurs se sont donc associés avec les Forces électriques de La Goule. Quelque 1700clients ont en effet reçu, avec leur facture d’électricité du 1ertrimestre, une lettre leur expliquant les tenants et aboutissants de cette étude et les invitant à s’inscrire pour y participer.

Pour ce faire, ils avaient à remplir un questionnaire portant sur la taille du ménage, le nombre et le type d’appareils électriques, etc. L’invitation n’a eu qu’un succès mitigé, admet le coordinateur, raison pour laquelle un nouvel appel, formulé en termes plus simples et plus directs, va être envoyé ces prochains jours aux clients avec leur facture au deuxièmetrimestre. «Nous espérons avoir plus de succès et, d’ici à fin août, convaincre environ 600ménages à jouer le jeu», indique-t-il.

Et pour les encourager, le projet Flexi propose une incitation financière sous forme de tarif différencié avec bonus/malus. Au lieu de 24centimes par kilowattheure (ct./kWh), les clients vont bénéficier d’une réduction de tarif de 15ct./kWh consommé aux heures de plein soleil.

En revanche, le tarif sera majoré de quatre centimes en dehors des heures cibles. Au final, le client qui joue bien le jeu verra sa facture allégée s’il a du bonus. Et pour éviter qu’ils soient pénalisés en cas de malus, ces derniers devront simplement s’acquitter de leur facture au tarif normal, sans majoration. Comme le souligne Yves Chevillat, il est difficile de chiffrer les économies potentielles, mais pour un ménage standard, il évalue le gain à au moins une cinquantaine de francs par an.

Pour les besoins de l’étude, les participants inscrits seront répartis en trois catégories: un groupe témoin, un autre avec une plage horaire fixe pour le tarif réduit, et un troisième, avec plage horaire flexible. Ces derniers seront informés la veille par SMS en fonction des prévisions météo, ce qui leur permettra de programmer leurs appareils en fonction des heures à tarif réduit, afin d’optimiser leur consommation.

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