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Bienne: tribunal régional

Coupable de «haut degré de violence»

L’homme de 28 ans accusé de nombreux actes de violence a été condamné à trois ans de prison. Une peine suspendue au profit d’un traitement thérapeutique

En août 2014, le prévenu avait fracassé la voiture du plaignant. Ce dernier s’y trouvait en compagnie de sa mère. A./Tiphaine Allemann

Didier Nieto

«Un individu dangereux et sans scrupule, dévoré par son impulsivité.» Le président du Tribunal régional de Bienne Maurice Paronitti a dressé un portrait peu flatteur d’Enrique*. Ce ressortissant dominicain de 28 ans a comparu la semaine passée pour une série de délits commis entre 2012 et 2014: menaces, violence, dommages à la propriété ou encore tentative d’incendie intentionnel. Des crimes perpétrés la plupart du temps à l’encontre de François* (nos éditions de vendredi et samedi).

Pour rappel, les deux hommes sont liés par une affaire sordide: en été 2011, François a été accusé de viol sur Marie*, l’ancienne petite amie d’Enrique. Un dossier bouclé en octobre 2014 avec l’acquittement de François. Avant ce dénouement, Enrique s’en était pris à plusieurs reprises à son «ennemi».

En mai 2012, il avait provoqué une bagarre sur la place Centrale qui avait nécessité l’intervention de la police. En août 2014, muni d’une batte de baseball, il avait défoncé une voiture dans laquelle se trouvaient François et sa mère.

«Prison pas adéquate»

Composé de trois juges, le tribunal a reconnu le prévenu coupable de tous les chefs d’accusation. Enrique a été condamné à 36 mois d’emprisonnement. Cette peine a toutefois été suspendue au profit d’une mesure thérapeutique. Le tribunal a pris en compte les différentes expertises psychologiques de l’accusé. Elles ont révélé «un grave trouble mental», «un délire de puissance» ou encore «un mépris des règles sociales et de l’autorité», a cité Maurice Paronitti.

«Dans ce cas, la prison n’est pas la réponse adéquate. Le traitement thérapeutique est la seule voie pour une resocialisation, le maître mot de la justice pénale. Le bien du prévenu et celui de la société méritent qu’on tente l’expérience.»

Le verdict du tribunal correspond à la peine requise vendredi par le Ministère public. Le jugement prononcé sanctionne également une infraction à la Loi sur les stupéfiants. Enrique s’est adonné entre 2013 et 2014 à la culture et au trafic de cannabis. La vente de marijuana a représenté un chiffre d’affaires estimé à plus de 110000fr. «Un commerce lucratif avec des marges dont l’économie légale ne peut que rêver», a ironisé le président.

«Justice privée»

 Durant son audience, Enrique avait expliqué que l’état de déprime dans lequel se trouvait Marie l’avait conduit à commettre des «actes stupides». Une justification balayée par le tribunal. Selon les déclarations de Marie, la relation du couple – qui n’entretient plus aucun contact depuis – était déjà fortement désagrégée au moment des méfaits. «Vos mobiles sont futiles et égoïstes, a blâmé Maurice Paronitti. Vous avez agi par vengeance en cherchant à appliquer une justice privée alors même qu’une procédure était en cours.»  

Le président a également fustigé le «haut degré de violence» dont a fait preuve Enrique. «Le guet-apens que vous avez tendu à François et sa mère est digne de ce qui se passe dans les contrées les plus obscures de notre planète.»

Son attitude récidiviste a aussi pesé lourd. Certains de ses crimes ont été perpétrés alors qu’il était déjà sous le coup d’une enquête. «Le prévenu s’est progressivement installé dans la délinquance et la déviance sociale, comme en témoigne son trafic de cannabis», a sermonné le président, qui a en outre relevé la crédibilité limitée et le manque de coopération d’Enrique durant l’instruction. «S’il a admis une bonne partie des faits, cela a nécessité plusieurs auditions. Et ses déclarations manquaient de cohérence, contrairement à celles de la partie plaignante.»

Le tribunal n’a retenu aucune circonstance atténuante à Enrique. Son avocat Me Reich avait notamment mis en avant la consommation d’alcool pour demander une peine de 17 mois de prison – soit la durée déjà purgée par son client.

Le tribunal n’en a pas tenu compte. «Ni la consommation d’alcool, ni celle de cannabis n’étaient problématiques. Le prévenu était mû par la seule volonté d’éliminer votre antagoniste», a conclu Maurice Paronitti.

Enrique n’a pas manifesté de réaction particulière à la lecture du verdict. Incarcéré depuis son agression à la batte de baseball, il passera les trois prochains mois en prison avant d’être transféré dans une institution pour y suivre son traitement.

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