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Valbirse

De l’espoir pour la famille de la jeune Samin

Sorties des écoles du village pour être placées à Bienne, elle et sa sœur, mais aussi leur mère, sont suspendues à la décision du Secrétariat d’Etat aux migrations quant à leur troisième demande d’asile.

Samin est partie d’Iran avec son père, transitant par la Grèce, pour retrouver sa sœur et sa maman. Le père est de retour au pays. Pixabay

Par Dan Steiner

Ce n’est qu’un au revoir. C’est en tout cas ce qu’espèrent Manuel Leonardi, directeur de l’Ecole secondaire du bas de la Vallée, àMalleray, et le reste du corps enseignant de l’établissement, mais aussi celui de l’Ecole primaire de Valbirse. Dans leurs classes, on s’était habitué à la discrète mais aimable présence de Samin et de sa petite sœur, Selin.

Iranienne, arrivée en Suisse en passant par la Grèce, la famille n’a pu que provisoirement profiter de la quiétude de la vallée de Tavannes. Mère et filles sont désormais placées dans un centre d’asile à Bienne. Dans une attente inconfortable, surtout. «Samin n’est pas la première et ne sera pas la dernière à vivre ce genre de parcours chaotiques», regrettait le directeur de l’école secondaire dans un courrier de lecteurs paru dans nos colonnes, samedi dernier.

Un nouveau danger
«Elles se trouvent en effet dans un état de désolation complet et de déprime», explique l’avocat de la maman, Walo Ilg. «Mais elles sont également animées par une grande espérance que nous puissions réussir, même s’il est toujours difficile de promettre un succès dans ce genre de cas.» Basé à Berne et désormais à la retraite, l’homme de loi se définit volontiers comme un défenseur des causes perdues. Ou en tout cas difficiles. Il a désormais l’habitude, et s’en est fait un point d’honneur, d’entreprendre ce type de démarches administratives pour des familles démunies.

Arrivée de l’étranger avec son papa, Samin, 13 ans et ancienne élève de 9H en classe de soutien à Malleray, a rejoint sa sœur et sa maman, l’été dernier, dans l’espoir d’obtenir l’asile dans notre pays. Leurs deux premières demandes auprès du Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) ont été marquées du sceau du refus. Maître Ilg a désormais jusqu’à lundi pour rédiger son mémoire, en espérant que la troisième demande soit la bonne. Pourquoi en serait-il autrement? Eh bien, contrairement aux deux premières requêtes, la présente s’axera sur une triste évolution familiale. Retourné au Moyen-Orient, le père est accusé de battre sa femme et ses filles. Un renvoi de ces dernières auprès de lui les exposerait ainsi à un danger potentiel.

Des professeurs rassurants
«A moi de trouver les arguments pour qu’elles puissent rester en Suisse», note Walo Ilg avec détermination. De manière qualifiée de plutôt cynique par l’avocat mais en ligne avec d’autres affaires similaires, le SEM a précédemment jugé que la famille n’était pas exposée à une violence personnelle si elle devait être renvoyée. Un argument crucial dans ce genre de procédures. «Le droit d’asile possède encore cette ancienne conception selon laquelle seules les personnes persécutées personnellement sont protégées. La situation est complexe: on estime ainsi que des génocides touchent toute une population, pas la famille X ouY...» explique Walo Ilg.

Au SEM, donc, d’estimer le risque encouru par ces trois femmes, tout en sachant que le mari entend avoir ses filles sous sa garde, comme le prévoit la loi iranienne. «Les femmes divorcées sont en effet socialement rejetées, car cela est toujours considéré comme un scandale, là-bas», craint l’avocat.

A l’école, les deux jeunes filles avaient la malchance de parler turc, plutôt que le persan... «On aura mis le temps nécessaire mais ô combien salvateur de te montrer, de te prouver, que l’enseignant ne te frappera jamais, que ce dernier est là pour te considérer à ta juste valeur», écrivait Manuel Leonardi dans son «Au revoir Samin», paru le week-end dernier.

Des émotions partagées
Au téléphone, ce dernier confirme que l’élève Samin est quelqu’un de «très intéressée, qui s’engage et prend du plaisir à cela». Il regrette évidemment qu’elle ait dû quitter son établissement au moment où elle commençait à parfaitement s’intégrer dans son environnement.

Sa professeure un peu trop éphémère d’allemand, Laura Da Fonseca, relève, elle, ses rapides progrès. «Malgré des lacunes, elle a fait de gros efforts d’apprentissage dans nos langues nationales», explique-t-elle. Obtenant à certains tests de meilleurs résultats que ses collègues de classe. «Pour apprendre son vocabulaire d’allemand, elle devait d’abord l’intégrer en français», fait-elle remarquer. Ses camarades, justement, lui préparent quelques mots. Eux qui ont été émus aux larmes au moment de son départ.

Mots clés: Samin, Selin, Migration, Asile

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