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Des courbes de paysages à celles de femmes

Architecture minimaliste, paysages poétiques et politiques ou sensualité féminine: il y en a pour tous les goûts au Pasquart et Photoforum. Visite guidée des nouvelles expos.

L’artiste biennois Rudolf Steiner présente des photos légèrement étranges qui questionnent la perspective humaine sur la nature. LDD

Par Maeva Pleines

Pas moins de quatre nouvelles expositions sont à découvrir dès aujourd’hui et jusqu’au 22novembre, au Pasquart et au Photoforum. Tous les artistes étaient présents hier pour une visite guidée haute en couleurs. Ouvrant les feux, le Biennois Rudolf Steiner a dévoilé un travail mené depuis 2013. «Ricochet» se compose de nombreuses photographies prises dans la région. «Les clichés se déclinent dans différents formats qui, chacun à sa manière, comportent des irrégularités, des incohérences de perspective et des couleurs étonnantes invitant les curieux à s’approcher», décrit la directrice du Photoforum, Danaé Panchaud. Et le photographe d’enchaîner: «C’est à la fois beau et faux. Cela pose la question de la perception ainsi que de l’emprise de l’humain sur la nature».

Dans son exposition «Human Territory», Roger Eberhard interroge aussi l’impact de l’homme sur son environnement. «Les frontières sont des constructions artificielles dans un environnement naturel. Elles dénotent notre besoin de délimiter et de posséder», analyse le Zurichois. Le trentenaire a parcouru le monde pendant trois ans pour photographier des zones de frontières, anciennes ou nouvelles. On retrouve ainsi, en grand format, des lieux mythiques, comme la grande muraille de Chine, qui côtoient des zones apparemment plus anodines, comme un champ de palmiers qui constituait une des 200 petites enclaves entre l’Inde et le Bangladesh. «Il y a deux lectures à ces images: elles paraissent d’abord très paisibles, puis, après avoir lu le descriptif, des aspects plus menaçants se révèlent», observe Danaé Panchaud.

Espace et architecture

Du côté du Pasquart, la lauréate du Prix culturel Manor pour le canton de Berne présente un travail sur l’espace et les matériaux. Miriam Sturzenegger investit les murs de l’institution en mettant en avant des espaces épurés, légèrement transformés pour faire écho à d’autres éléments architecturaux environnants. On découvre par exemple toute une section de parquet déchaussée, qui rappelle que le bâtiment était jadis scindé en deux. Selon les mots de Felicity Lunn, directrice du Pasquart: «Il faut passer d’une salle à l’autre pour comprendre la vision de l’artiste dans son ensemble».
La responsable du centre passe ensuite à sa deuxième trouvaille: l’artiste écossaise France-Lise McGurn. «Nous avons retenu notre souffle jusqu’au dernier jour pour savoir si elle pourrait bien se rendre à Bienne», précise-t-elle avec satisfaction.

Inspirée tant par Matis que par la pop-culture, la peintre présente des corps de femmes dans toute leur sensualité. Couleurs pastels, courbes rondes et postures suggestives... France-Lise McGurn ne se laisse pas arrêter par un cadre et brise joyeusement les limites de sa toile pour recouvrir directement les murs afin de créer une expérience d’autant plus immersive. «Lorsque l’on se promène dans le Pasquart, j’aimerais qu’on ait l’impression d’être entourés par des silhouettes familières», partage l’artiste.

Celle-ci interroge aussi le désir et la représentation féminine. «On m’a déjà reproché de montrer des corps trop parfaits... mais finalement c’est ce genre de plastique qu’on nous montre toujours dans l’espace public et c’est aussi ma manière de questionner la barrière entre le public et l’intime», explique France-Lise McGurn. Celle-ci présentera d’ailleurs son approche aujourd’hui, à 14h, en anglais lors d’un entretien public avec Felicity Lunn.

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