Vous êtes ici

Abo

Francophonie

Des données pour Berne

Le Forum du bilinguisme a présenté son baromètre des entreprises pour la ville de Berne. Le français est plus pratiqué que l’anglais, selon les chiffres.

Les résultats révélés par le baromètre du bilinguisme en ville de Berne ont surpris les mandants. Pixabay

Par Jérôme Burgener

«La conclusion de l’enquête que nous avons menée n’est pas une surprise. Par contre, le fait que le français soit si répandu dans les firmes bernoises l’est», a déclaré, étonné, Alexandre Schmidt, ancien conseiller municipal bilingue de la Ville de Berne et président de BernBilingue, hier en présentant les résultats du baromètre du bilinguisme, réalisé pour la région de la ville de Berne. Il en a profité pour rappeler l’histoire géographique du canton qui s’étendait, à l’époque, jusqu’aux frontières de la France et du Léman.


Les chiffres ont également permi à René Graf, président du Forum du bilinguisme, de briser les mythes et idées reçues sur la pratique du français à Berne: «Nous aurions pu nous attendre à une percée de l’anglais et à une perte de vitesse du français dans les entreprises, mais ce n’est vraiment pas le cas.»


Le baromètre, dont les mandants sont le Forum du Bilinguisme, Bernbilingue, l’Union du Commerce et de l’Industrie (UCI) de la section de Berne et Entente bernoise, montre que parmi les 167 compagnies ayant répondu au sondage, toutes membres de l’UCI, 69% des employés utilisent le français en parallèle de l’allemand dans le cadre de leurs contacts professionnels. Le chiffre s’élève à 57% concernant ceux pratiquant l’anglais.


Alexandre Schmidt a apporté une potentielle explication:«Des trains remplis de francophones arrivent tous les jours à Berne. De plus, les 10 plus grands employeurs du canton sont bilingues. On peut citer la Confédération, l’Hôpital de l’Ile ou encore Swisscom.»


La clarté des résultats
Cette omniprésence de la pratique a réjoui Virginie Borel, directrice du Forum du bilinguisme:«Le canton de Berne dit vouloir développer le bilinguisme. Avec de tels résultats, nous pouvons aller de l’avant et entrevoir des mesures à mettre en place.»


Pour le président de Bernbilingue, il faut absolument augmenter la présence de la langue française en ville de Berne:«Essayez donc de trouver des mots en français à la gare de Berne, vous allez difficilement y arriver.» Selon ses estimations, sur une population avoisinant les 300000 personnes pour Berne et son agglomération, 20000 sont francophones, soit un peu moins de 10%. «La tendance est décroissante. Surtout depuis la levée de l’obligation de résider à Berne pour le personnel de l’administration», a-t-il expliqué.


Le baromètre montre que 44% des entreprises sondées estiment que le recrutement de francophones est plus difficile que pour les germanophones. 53% jugent que la situation est similaire, quelle que soit la langue pratiquée. En parallèle, 85% des firmes jugent que les compétences linguistiques représentent un avantage lors du recrutement.


Plus pour les apprentis
Pour le Forum du bilinguisme, la capitale fédérale reste donc un terrain important, à intégrer à son champ d’action. «L’économie bernoise pourrait davantage profiter des francophones, que ce soit en tant qu’employés ou en tant que clients», a insisté Virginie Borel. Elle a regretté que les firmes n’exploitent pas systématiquement ce potentiel: «Tout passe par une politique des petits pas, comme nous le faisons actuellement à Bienne et ses environs. A Berne, nous pouvons regretter le manque de place laissé à la question des langues durant l’apprentissage, surtout du côté des employés de commerce.»

Articles correspondant: Région »