Des étudiantes dans le pétrin ou presque

par Salomé Di Nuccio

Chaque samedi, sur le coup de 2h du matin, Lisa et Coralie Wüthrich se retrouvent autour du pétrin de la cuisine familiale. Les deux frangines de Cortébert, toutes deux étudiantes, préparent, pétrissent, puis façonnent la pâte, aux fins de livrer, entre 6h et 8h, plusieurs commerces et particuliers des environs. En gros, avant-hier: des commandes pour 150 petits pains fourrés, une soixantaine de tresses et une dizaine de pains pour la fondue, leur toute dernière création. «C’est notre job du samedi», relève Lisa. «On ne dort pas beaucoup, mais on récupère le dimanche avant de reprendre nos études durant la semaine.»
Depuis les premières tresses de Lisa, il y a tout juste un an, les boulangères autodidactes ont connu un essor inespéré, ces six derniers mois. Sans afficher davantage de prétention professionnelle, elles dédient maintenant un jour sur sept à un travail soigné et expert, dont ont très vite eu vent les commerçants de la région. Parmi eux Franziska Wenger, patronne de la Fromagerie de Cortébert, qui a ouï d’emblée d’excellents retours de la part de sa clientèle. «Les gens ont adoré trouver des pains super frais et encore chauds, qui étaient en plus produits de manière artisanale par des jeunes du village.»

Coup de fouet printanier
Contrôlées comme tout producteur par un inspecteur du laboratoire cantonal, les étudiantes ont désormais également leurs fournisseurs attitrés. Ce qui leur permet d’approvisionner divers points de vente, entre Renan et Pontenet.
Or il est vrai que chez les Wüthrich, une grande cuisine était déjà équipée de deux fours à pain et d’un pétrin. Des acquisitions de la maman des deux jeunes filles, ayant fait partie, un certain temps, de l’Union des paysannes du Jura bernois. Des outils indispensables pour initier cette activité annexe, bénéficiaire au printemps d’un second coup de fouet. Le confinement a en effet soudain joué un grand rôle en termes d’évolution. La population s’étant rapprochée des fabrications artisanales, l’occasion se prêtait pour étoffer l’assortiment, tout en prenant le temps d’expérimenter des nouveautés.
«A partir de recettes de base qu’on a un peu modifiées et rajeunies, notre idée étaitde créer des choses rien qu’avec des produits duvillage.»  Dès l’émergence de la période automnale, Lisa et Coralie se sont attelées à la création d’un pain local et surtout «léger», à même d’être associé idéalement aux traditionnelles fondues au fromage. Une recette apparemment simplissime, qui restera la chasse gardée des deux sœurs.

Un à-côté gratifiant
Pourquoi ne pas faire de la boulangerie leur profession? Changer d’orientation, les artisanes du samedi n’y songent même pas. Lisa poursuivra son bachelor en soins infirmiers, et Coralie son apprentissage d’employée de commerce.
Travailler la pâte, puis livrer, restera pour elles un «chouette à-côté». Un job d’étudiante un peu particulier, qui, bien plus que d’emplir la tirelire, leur procure avant tout une immense satisfaction. «Après une semaine passée à étudier, ça fait vraiment du bien de faire quelque chose de ses mains dans un contexte différent. Et c’est très gratifiant d’amener sa tresse à une personne qui vous attend impatiemment derrière sa porte...»

Premier marché de Noël au village
De concert avec les fromagers du village, Lisa et Coralie projettent d’organiser, le5décembre, le premier marché de Noël de Cortébert, auquel prendront part plusieurs autres producteurs du Vallon. Prévu sur la place derrière la gare, l’événement à venir s’adaptera aux exigences prévisibles du contexte sanitaire, avec uniquement de la vente à l’emporter. «On s’entraîne déjà pour pouvoir proposer des Grittibenz.»