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Des médias loin d'être inoffensifs

Les réseaux sociaux et les jeux en ligne ne sont pas sans danger pour les adolescents. Santé bernoise organise jeudi une soirée de prévention destinée aux parents.

Photo: Olivier Gresset

Didier Nieto

Les réseaux sociaux, les jeux en ligne ou les applications de partage de vidéo ou de photo ont envahi notre société à une vitesse hallucinante. Ces «nouvelles technologies», les adolescents en sont particulièrement friands. Et l’utilisation qu’ils en font est une source d’interrogation et d’inquiétude auprès de leurs parents. «C’est un domaine que les adultes connaissent moins que leurs enfants. Ils en ignorent souvent les dangers», remarque André Huegi, conseiller en prévention à Santé bernoise. Lui et son collègue Cyrill Gerber, thérapeute spécialisé dans les problèmes de dépendance, aborderont les dangers liés aux nouvelles technologies et la manière de les appréhender demain soir lors d’une conférence à la Bibliothèque de la Ville.

Risque d’addiction
 Parmi ces principaux dangers, les deux conférenciers évoquent en premier lieu une utilisation addictive des nouveaux médias. Selon des chiffres communiqués par Santé bernoise, les Suisses âgés entre 12 et 19ans passent en moyenne deux heures par jour derrière leur ordinateur en semaine, et trois durant le week-end. «En passant trop de temps derrière son écran, l’adolescent risque de perdre le lien avec la réalité», explique Cyrill Gerber, qui tient immédiatement à relativiser: «De nombreux jeunes connaissent une période de consommation excessive, qui n’aura aucune conséquence néfaste». Le diagnostic de cyberaddiction ne s’applique d’ailleurs pas aux moins de 25ans. Pour ces derniers, on parle de surutilisation. Celle-ci peut-être décelée grâce à des «signaux d’alarme»: baisse des notes à l’école, abandon des activités sociales, repli sur soi-même. «Ces facteurs sont cependant à prendre avec des pincettes, car ils sont aussi des symptômes propres à l’adolescence», nuance André Huegi. Les cas extrêmes – un adolescent qui refuserait de sortir de chez lui pour pouvoir rester derrière son ordinateur par exemple – révèlent toujours un mal-être plus profond. «Cela concerne des personnalités qui sont au départ très fragiles», souligne Cyrill Gerber. Les conférenciers tiennent par ailleurs à ne pas diaboliser les jeux vidéo, certains permettant par exemple de développer des compétences. «C’est le cas du jeu Sim City, où il s’agit de bâtir et de gérer une ville», cite en exemple André Huegi.

Harcèlement virtuel
Le cyber-harcèlement est un autre problème qui a pris de l’importance avec la démocratisation des nouveaux médias. Cela consiste à insulter ou humilier un individu à l’aide de messages ou vidéos postés sur internet. «Il est plus facile de dénigrer l’autre caché derrière son écran qu’en face de lui», regrette André Huegi, qui constate que les jeunes ne sont pas toujours conscients des torts que peuvent engendrer leurs actions virtuelles.  «En postant un message calomnieux sur Facebook, celui-ci va être très rapidement diffusé à grande échelle. la personne visée n’aura pas d’échappatoire, elle sera atteinte même en étant dans sa chambre», poursuit le conseiller en prévention.
Les parents craignent également souvent que leur enfant soit confronté à des contenus inappropriés (pornographie, pédophilie, jeux violents) en surfant sur internet. «Selon nous, les enfants ne devraient pas utiliser internet seul avant l’âge de 12ans. Ensuite, il est important qu’ils soient accompagnés par leurs parents», explique André Huegi.

Parents espions
Les nouvelles technologies peuvent aussi s’avérer problématiques pour les parents. Les deux conférenciers tiennent donc à les sensibiliser à l’usage qu’ils en font, notamment dans la relation qu’ils entretiennent avec leurs enfants. «De plus en plus de parents ont un compte Facebook. Certains l’utilisent pour surveiller leurs enfants», constate André Huegi. Dans le même ordre d’idée, le téléphone portable qu’ils ont offert à leur ado devient «outil de traçage»: «Il donne une illusion de contrôle. Les parents s’y accrochent au lieu de chercher à faire confiance à leurs enfants», regrette Cyrill Gerber.
L’adolescence étant une période synonyme d’insécurité, «il est important que les discussions sur l’utilisation et les risques des nouvelles technologies se déroulent dans un climat sain et cohérent», recommandent les deux orateurs. Santé bernoise a créé un site d’information qui délivre des conseils pour une utilisation responsable des nouveaux médias: www.cybersmart.ch./

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