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cartes nationales

Des mines de renseignements

Toujours à la pointe, Swisstopo renouvelle sa gamme depuis 2013.

Les cartes nationales ont beaucoup évolué avec le temps. Celle de Bielersee, qui montre La Neuveville, date de 1952, celle de Chasseral de 2007. (Blaise Droz)

Blaise Droz

Quant aux autres, la majorité d’entre nous, ils ne verront peut-être qu’un bout de papier imprimé, couvert d’informations difficiles à déchiffrer et appelées à disparaître puisque nous vivons à l’ère du .

Chargées de poésie

Ce serait bien dommage et de toute manière pas près de se réaliser! Pour précises et riches en informations qu’elles soient, les sont également chargées de poésie.

Prenons par exemple la feuille 1304, intitulée Val-d’Illiez. Vous y trouvez les Dents du Midi décomposées en noms aussi charmants que Cime de l’Est, La Forteresse, La Cathédrale, L’Eperon, La Dent jaune, Les Doigts de Salanfe et, finalement, La Haute Cime. Sublimes ou non les glaciers apparaissent en blanc bleuté et même les principaux séracs y sont marqués. Les petits lacs, les torrents, les forêts et les maisons, rien ou presque n’a échappé à la sagacité des cartographes de Swisstopo, à Wabern, une équipe pluridisciplinaire de 380 professionnels, auxquels il faut ajouter un groupe de trois hommes basés à l’aérodrome militaire de Dübendorf pour le service des vols photographiques. Il s’agit d’un quadrillage incessant du pays qui se renouvelle avec un cycle de six ans, de manière à découvrir rapidement toutes les modifications du paysage.

Maillage kilométrique

Que l’on se trouve dans les Alpes, sur le Plateau ou dans le Jura, les 247 feuilles au 1:25000 qui couvrent l’intégralité de la Suisse sont quadrillées par un maillage formant ce que l’on appelle les carrés kilométriques. Sur la carte, ils mesurent quatre centimètres sur quatre.
Le système de coordonnées suisses trouve son point de référence à l’ancien observatoire de Berne. On y a attribué tout à fait arbitrairement la valeur 600000 (mètres) sur l’axe ouest-est et 200000 sur l’axe sud-nord. Afin de mieux intégrer les cartes suisses au réseau européen, ces valeurs sont devenues respectivement 2 600 000 et 1 200 000, ce qui ne change absolument rien pour l’utilisateur lambda, qui continuera de calculer ses coordonnées avec une réglette adaptée, par une simple règle de trois ou le plus souvent à l’estime. Le maillage suisse reste propre à notre pays. Les valeurs 600000 et 200000 permettent d’éviter toute confusion entre abscisse et ordonnée.

Des modifications importantes

Non seulement les cartes de permettent de ne pas se perdre en suivant les chemins et sentiers reportés, mais aussi de transmettre à un tiers les coordonnées exactes d’un point précis. Toujours à la pointe, l’Office fédéral de topographie a commencé à apporter des modifications importantes à ses feuilles depuis l’édition des cartes nationales 2013, à distinguer des cartes touristiques. Les routes, voies ferrées, gares, frontières prennent de nouvelles couleurs, bien plus lisibles. «Et surtout, explique la porte-parole Sandrine Klötzli, leurs versions informatisées seront beaucoup plus aisées à réaliser».

Les amoureux de la géographie ne manqueront pas de consulter le site internet de Swisstopo, une véritable mine de renseignements que l’on parcourt sans se lasser. L’application voyage dans le temps, qui permet de découvrir l’évolution d’une partie des cartes au fil des éditions est tout à fait passionnante et révélatrice de l’évolution que l’homme fait subir au territoire qu’il habite.

Chasseral se voyait trop haut, le voici recalé!

Pierre du niton Bien que plates comme du papier peut l’être, les cartes topographiques permettent de déterminer l’altitude des sites par les courbes de niveau qui y sont dessinées. Pour cela, il a fallu bien sûr se conformer à la règle internationale qui fixe l’altitude zéro mètre au niveau de la mer. Eloignée des côtes maritimes, la Suisse a trouvé sa première référence au marégraphe du port de Marseille. Au 19e siècle, ce sont des cartographes français qui ont calculé en tout premier l’altitude de Chasseral. Depuis cette première référence a été calculée celle du repère Pierre du Niton inscrit sur un bloc erratique plongé dans la rade de Genève.

Ce repère calculé d’abord à 376,86 mètres d’altitude a été utilisé par le géographe genevois Guillaume-Henri Dufour pour la première série de cartes nationales qui portent son nom. Devenu général afin de résoudre la guerre du Sonderbund, il a fait une carrière militaire et politique, tandis que l’Office fédéral de topographie a été fondé à Berne. Au début du 20e siècle, de nouvelles mesures s’appuyant sur différents marégraphes en Europe ont déterminé que le repère Pierre du Niton se trouve à 373,6 m au dessus de la mer, 3,26 m plus bas que le disaient les calculs précédents.

Réadaptation Du coup, l’altitude de toutes les cartes éditées depuis 1902 a été adaptée en conséquence. Quant à notre pauvre Chasseral, il ne cesse de perdre de la hauteur. Affichant 1610,5 m au mieux de sa forme, il a été ensuite recalculé à 1607,4 m pendant la plus grande partie du 20e siècle, avant de tomber à 1607 m en 2008, puis 1606,2 m sur la dernière feuille touristique. Pourtant, personne n’est venu en raboter le sommet. Ces révisions à la baisse ne sont que la conséquence de mesures toujours plus précises, réalisées avec un appareillage plus performant. Malheureusement pour l’ego des Jurassiens bernois, ces adaptations successives placent désormais Chasseral en quatrième position des sommets jurassiens derrière les intouchables Mont-Tendre (1679), La Dole (1677) et maintenant de nouveau derrière le Chasseron qui, bien qu’ayant lui aussi subi une baisse, a été calculé la dernière fois à 1606,6 m (auparavant 1611, puis 1607). Il affiche désormais 40 centimètres de plus que Chasseral. A vos brouettes, montagnards!

 

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