Par Sébastien Goetschmann
La plantation de CBD légal, ou cannabis thérapeutique, installée dans d’anciens locaux de la verrerie, continue de provoquer des remous dans la cité prévôtoise. En guise de rappel, en fin d’année dernière, de fortes émanations avaient suscité passablement d’interrogations et de mécontentement au sein de la population. Si bien que les autorités se sont rendues sur place, le 22 décembre dernier, pour rencontrer le propriétaire du bâtiment et le gérant de l’exploitation.
Mais, cette fois, ce ne sont pas les odeurs importunes qui ont fait réagir Francis Pellaton, député de Moutier à venir au Conseil de ville. C’est bien plus la démarche administrative qui a permis l’installation de cette exploitation qui le tracasse. Il a d’ailleurs déposé une interpellation urgente à ce sujet. «Premièrement, je n’ai pas vu de publication officielle concernant le changement d’affection de ces locaux, et j’aimerais donc savoir si cela a été fait», explique-t-il.
Il faut savoir qu’une première entreprise avait également pris ses quartiers dans l’ancienne verrerie pour y cultiver du CBD, en janvier de l’année dernière. Mais les inondations survenues en juin ont dévasté les plantations et l’exploitant a déposé le bilan. Selon le maire, Marcel Winistoerfer, il ne reste désormais plus qu’une firme chinoise à louer les locaux, dans lesquels environ un à deux hectares de cannabidiol seraient cultivés.
Visiblement bien renseigné, Francis Pellaton s’inquiète également des conditions de travail des employés, qui viendraient essentiellement d’Asie. «Il y a parfois quatre, parfois 15 personnes qui y bossent», assure-t-il. C’est pourquoi il sollicite également le Conseil municipal pour savoir si le personnel embauché dispose de «visas, respectivement de permis de travail valables, et de salaires décents».
Craintes partagées
Une autre question, certainement induite par le parfum de chanvre qui a récemment envahi la ville, s’ajoute encore aux préoccupations de l’élu prévôtois. Il prie donc l’Exécutif d’indiquer si «les services communaux et cantonaux concernés ont contrôlé toutes les installations, évacuation des eaux, sanitaires et ventilation», entre autres. «A mon avis, il n’y a rien qui joue dans cette histoire», insiste Francis Pellaton.
Du côté du Conseil municipal, on se questionne également sur la légalité de ces installations. Lors de sa visite en fin d’année, Marcel Winistoerfer a notamment constaté que les filtres étaient en mauvais état. «Mais l’exploitant a rapidement réagi pour limiter le dégagement d’odeurs», relève le maire de Moutier. Il n’en reste pas moins que des travaux devront certainement être réalisés pour répondre aux normes d’une telle infrastructure. Mais cela sera discuté lors d’une séance, qui est prévue dans deux semaines, entre les autorités communales, le propriétaire des lieux, l’exploitant de la plantation de CBD, ainsi que les instances cantonales, comme l’Office de l’environnement et celui du travail.
Notons encore que la police cantonale a effectué un contrôle au mois de juin auprès des deux exploitants alors en activité pour vérifier que la teneur en THC, la principale molécule active du cannabis, soit inférieure à 1,0%. Au-delà de ce pourcentage, le produit est en effet soumis à la législation sur les stupéfiants. Aucune infraction n’avait alors été constatée.