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Sport féminin

Des premiers Jeux olympiques à l’équipe féminine du FC La Neuveville-Lamboing

A l’occasion de la Journée internationale du sport féminin, un retour historique sur la place de la femme dans le sport est proposé. L’évolution et un point sur le football féminin régional sont ensuite abordés par l’entraîneur Hassan Dellal et la joueuse Estelle Gauchat.

Les filles du FC La Neuveville-Lamboing doivent encore faire face à certains préjugés tenaces dans le monde encore très masculin du ballon rond. Photo: LDD

Aude Zuber

Le 24 janvier a été déclaré Journée internationale du sport féminin par le Conseil supérieur de l’audiovisuel. Constatant une sous-médiatisation sévère, l’autorité française de régulation de l’audiovisuel a décidé de promouvoir la pratique féminine. Cet événement met ainsi à l’honneur le football, le rugby, le roller et bien d’autres sports exercés par les femmes.

Place des femmes dans le sport d’hier
Aujourd’hui, la pratique sportive féminine ne semble plus choquer personne. Mieux, l’OMS recommande même une pratique quotidienne tant aux hommes qu’aux femmes. Hélas, cela n’a pas toujours été le cas. A la fin du 19ème siècle jusqu’au milieu du 20ème siècle, plusieurs préjugés nourris par l’idéologie de certains médecins visent à interdire la pratique sportive à la femme. Certains disent craindre de voir les dames perdre leur féminité en devenant trop musclées. D’autres s’interrogent sur le risque de stérilité.

Ces arguments justifiaient l’interdiction promulguée aux femmes de participer aux premiers Jeux olympiques d’Athènes. Le fondateur des Jeux olympique moderne, Pierre de Coubertin, a été un fervent opposant à la participation des femmes aux compétitions olympiques. Il estime que la place de la femme est celle de supportrice: «l'exaltation solennelle et périodique de l'athlétisme mâle avec [...] l'applaudissement féminin pour récompense».

De véritables combattantes
Les femmes ne se laisseront pas faire! Sans être vraiment conviées, elles participent aux Jeux de 1900 pour les épreuves de golf et de tennis. Le CIO votera, en juin 1910, l'admission des femmes aux Jeux, mais uniquement pour deux sports, la natation et le plongeon. Un long combat est engagé pour élargir le nombre de sports autorisés. En effet, Pierre de Coubertin déclare encore en 1928 : «Quant à la participation des femmes aux Jeux, j’y demeure hostile. C’est contre mon gré qu’elles ont été admises à un nombre grandissant d’épreuves.»

Une lente évolution
Et aujourd’hui, les femmes sont-elles gagné le combat? Peuvent-elles enfin pratiquer et concourir à tous les épreuves sportives? Persiste-t-il des différences ou des inégalités en termes de pratiques sportives entre les femmes et les hommes? L’entraîneur de l’équipe féminine du FC La Neuveville-Lamboing, Hassan Dellal, et l’une ses joueuses, Estelle Gauchat apportent des éléments de réponses et confient leurs impressions.

L’annonce de la création d’une équipe féminine à la FC La Neuveville-Lamboing a surpris un certain nombre de personnes. «Les gens étaient étonnés. Ils pensaient que c’était une blague. On n’a pas été pris tout de suite au sérieux», s’exclame la joueuse âgée de 23 ans. L’étudiante en soins infirmiers explique que son équipe a dû faire ses preuves: «On a montré qu’on pouvait aussi gagner et qu’on ne venait pas pour danser ou boire le thé entre copines mais bien pour s’entraîner.» Hassan Dellal, diplômé de l’ASF & Macolin acquiesce. Il déclare que ses joueuses ont la volonté et l’envie de faire davantage que bien des joueurs masculins. « Je me suis engagé à entraîner les filles, et elles méritent d’avoir un entraineur expérimenté. Elles sont super-motivées et ont envie d’apprendre, de bien jouer et surtout envie de gagner.» Il tient à relever qu’il les prépare et entraîne de la même manière que les hommes. «Mon but est de mettre mes joueuses dans les meilleures conditions, physique, technique, tactique bien sûr, mais aussi mentale.»

Différences
Néanmoins, des différences entre les femmes et les hommes subsistent. L’entraîneur a constaté que des moyens moins importants sont investis pour les filles. Les arbitres sont généralement moins qualifiés que ceux qui dirigent les matchs masculins. «Ce sont souvent des débutants ou des personnes proches de la retraite», explique-t-il. Dans la région, la rareté des arbitres femmes est également un fait. «En général, les femmes ne sont pas encouragées à suivre une formation d’entraîneurs ou d’arbitres par manque de moyens à disposition», déclare l’entraîneur.

Faisant le même constat que le Conseil supérieur de l’audiovisuel, la visibilité des femmes est encore déficiente. «Dans certains clubs, on va plus volontiers parler, voir les matchs et encourager l’équipe de foot des hommes plutôt que celle des femmes, même si l’équipe féminine est en 3ème ligue et celle des hommes en 4ème», regrette Hassan Dellal.

Préjugés tenaces
Estelle Gauchat est victime de préjugés. «On a parfois des commentaires, du genre, vous faites quoi sous la douche. On colle souvent l’image de l’homosexualité à la pratique féminine du football.» La jeune femme n’est pas pour autant pessimiste. Elle est se dit déjà contente des améliorations qu’elle a pu observer ces dernières années. Sans oublier que le combat continue pour que les femmes obtiennent les mêmes droits que les hommes.

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