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Moutier

Des récriminations à la pelle

En marge du dernier Conseil de ville, le camp probernois d’Ensemble prévôtois a arrosé le Conseil municipal d’exigences pour un climat pré-28 mars le plus apaisé possible.

Comme ses quatre collègues du Conseil communal de Delémont, la socialiste Murielle Macchi-Berdat a affiché son soutien aux partisans prévôtois du oui, il y a deux semaines. BIST/Danièle Ludwig

Par Dan Steiner

Bon, finalement, elle est bonne ou pas l’ambiance en ville de Moutier? Grande question à laquelle les différents acteurs politiques tentent régulièrement de répondre. Pour certains, elle est tout à fait convenable. Mais les mêmes craignent qu’elle ne se détériore salement au soir du 28 mars 2021, jour d’autodétermination cantonale par la population. Ça, c’est dans le cas du «non» et c’est un scénario imaginé dans notre page Forum du 13 novembre par l’ancien maire prévôtois Jean-Rémy Chalverat. «Si le non l’emporte, les autonomistes seront révoltés du fait que leur victoire de 2017 leur aura été volée sous des prétextes futiles. (...) En revanche, une victoire du oui (...) engagera un processus d’apaisement progressif, à mesure que les craintes se dissiperont.»

En quelque sorte, seul l’un des deux camps aura le droit d’être déçu. En marge de la séance du Conseil de ville de lundi, l’antépénultième avant le scrutin – alors que la suivante tombera le lendemain! –, les probernois d’Ensemble prévôtois ont justement déposé deux motions qualifiées d’urgentes pour protester contre les sorties publiques de différents protagonistes.

Sonner la fin de la Question
La première implique le précité, la seconde les autorités de Delémont. Partagé sur Facebook par Moutier ville jurassienne, ce courrier des lecteurs de Jean-Rémy Chalverat paru (aussi) dans Le Quotidien jurassien a notamment été «liké» par des membres du législatif et de l’exécutif. Du coup, «Ensemble prévôtois demande à ce que le Conseil municipal réfrène les ardeurs des auteurs de telles opinions, car elles sont en porte-à-faux avec la loi sur l’organisation de votations relatives à l’appartenance cantonale de communes du Jura bernois (LAJB)». Mais aussi avec la charte prévôtoise ou encore la déclaration d’intention signée en 2012.

Les autorités sont donc priées de faire paraître dans Moutier.ch une condamnation de ces propos. Mais ce n’est pas tout: les probernois exigent également de l’exécutif qu’il indique à sa population que cette votation marque la fin de la Question jurassienne. «Il est totalement hors de propos de la part de conseillers municipaux et de ville de propager l’opinion que si le non l’emporte, il n’y aura pas de paix durable à Moutier et dans le Jura bernois, que le combat continuera ou que les séparatistes seront révoltés et ne pourront pas accepter le résultat de la votation», concluent-ils.

Sonner les cloches à Delémont
Mais ce n’est pas tout, bis. L’autre récrimination non séparatiste s’attaque aux autorités delémontaines. Finnovembre, soit quatre mois avant le vote de Moutier, le maire, Damien Chappuis, et les quatre autres conseillers communaux de la capitale ont choisi d’annoncer la couleur. Le rouge, le blanc et un peu de noir. «Les membres du Conseil communal de Delémont ont souhaité afficher leur soutien au rattachement de la cité prévotoise à la République et canton du Jura en accrochant un drapeau jurassien avec la mention MOUTIER devant chez eux», a-t-on expliqué dans un communiqué. L’étendard est d’ailleurs en vente sur le site de la ville jurassienne.

Là encore, Ensemble prévôtois charge ses propres édiles de «montrer son désaccord face à toute pression et propagande effectuées par des communes, des politiciens ou des entités du canton voisin». Question d’«autonomie communale», de «retenue», de prise de «hauteur» et de «respect pour les 50% des Prévôtois qui n’adhèrent pas au projet de rejoindre le canton du Jura».

Pour eux, Delémont n’a aucune compétence légale pour afficher pareillement son soutien, «même symbolique». D’aucuns auront toutefois vite fait de demander au camp jurassien bernois de balayer devant sa porte. Ensemble prévôtois aborde ce point. Il rappelle en effet que l’ancienne Conférence des maires, désormais association Jura bernois.Bienne, avait invité la population de Moutier à voter pour rester sous autonomie bernoise. Or les «autorités prévôtoises avaient signé un recours remis à la Préfecture du Jura bernois».Cette dernière leur avait donné gain de cause, admettant la violation de l’autonomie communale et la séparation des pouvoirs, écrivent les motionnaires.

Du coup, dans l’une des interventions comme dans l’autre, les partisans du plantigrade plutôt que de la vouivre appellent à «éviter de créer un climat de tension inutile».

Commerçants ignorés?
Puisque l’on est dans les demandes urgentes envoyées au Conseil municipal de Moutier, notons que le PLR, seul, a également dégainé. Par trois fois (notamment), la Municipalité n’aurait pas favorisé les boutiques locales: pas de crus d’Aurèle Morf à l’apéro d’ouverture de l’Expo des commerçants2019, pas de desserts des confiseurs de la place lors du repas des employés communaux en fin d’année dernière ou encore appel fait à un jardinier non prévôtois quand il s’est agi de rénover la place de jeux de l’école du Clos, en 2017. «A Moutier, cela suscite une certaine incompréhension voire une certaine révolte auprès des acteurs locaux.»

Le groupe de droite exige donc des autorités qu’elles prennent l’engagement que, «à qualité de produit et travail égaux, il s’adressera aux acteurs domiciliés en Prévôté ou dans le Jura bernois pour toute dépense découlant de sa compétence». Il en va désormais de leur survie. A titre subsidiaire, le PLR (se) demande aussi quel est le montant qui a échappé aux échoppes locales...

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