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Bienne: rue du Contrôle

Des squatteurs dans l’antre de l’Eglise

Un bâtiment propriété de la Paroisse générale réformée de Bienne est occupé depuis le 21 décembre par un collectif qui souhaite y accueillir des réfugiés

Squattée depuis le 21 décembre, la bâtisse suscite l’intérêt. La Ville la convoite, alors que les propriétaires réfléchissent à son utilisation future. Tanja Lander

Pierre-Yves Theurillat

Quelques jours avant Noël, un  collectif de squatteurs a pris possession d’un bâtiment de trois étages appartenant à la Paroisse réformée générale de Bienne, à la rue du Contrôle 22. Un bâtiment défraîchi dont la Ville avait indiqué qu’il ne correspondait plus aux normes.
Ce groupement, le Kollektiv Kontrollstrasse, espère y faire résider des migrants en créant un espace solidaire. D’après le site renverse.ch, qui a rapporté l’information, leur leitmotiv est la lutte contre les frontières et la politique gouvernementale des camps pour les réfugiés. Contacté par nos soins, le groupe n’a pour l’heure pas souhaité s’exprimer.

Rapidement, les propriétaires ont cherché à rencontrer les squatteurs, sans toutefois pouvoir pénétrer dans la maison. Les nouveaux habitants de ce bâtiment «resté vide pendant plus d’un an», aux dires mêmes de Christoph Grupp, représentant de la Paroisse réformée générale,  ont pris soin de changer les serrures: «N’ayant plus accès au bâtiment, nous ne tolérons pas et ne sommes pas du tout d’accord avec cette démarche. Nous leurs avons clairement fait part de notre désaccord par écrit.», confie-t-il. Néanmoins, les propriétaires  ont préféré laisser passer la période des fêtes avant de prendre une décision quant à l’action à mener pour retrouver leur bien.

Mesures policières
La semaine prochaine, le comité du conseil de Paroisse générale prendra position, pour savoir si les squatteurs doivent s’attendre  à des mesures concrètes: «Entre temps», précise Christoph Grupp, «Nous allons les rencontrer et pouvoir visiter les locaux. J’espère qu’ils seront coopératifs, car avec cette occupation, nous sommes bloqués. Si avant toute chose les occupants avaient pris contact avec nous, on aurait pu trouver une solution commune. Là, ils nous placent devant le fait accompli.»

Côté sécurité et police, déloger les squatteurs pourrait être un recours: «Le propriétaire doit faire une demande au tribunal civil. Si la demande est jugée valable par le juge, ce dernier mandate les services spéciaux de la sécurité publique de la Ville pour faire le travail. Si, d’autre part, il s’avérait un danger concret pour la sécurité de personnes ou de biens, le propriétaire aurait la possibilité de demander à la police de déloger la maison», explique André Glauser, responsable du Département de la sécurité publique.

Selon Christoph Grupp, la situation est problématique: «Nous sommes justement en train d’examiner avec les organisations chargées de loger les réfugiés quelles seraient les possibilités d’accueillir des requérants d’asile mineurs dans ce bâtiment qui a besoin d’être complétement rénové. Une visite est prévue la semaine prochaine», explique-t-il. Par ailleurs, la Ville aussi s’intéresse au bâtiment et à son terrain, «afin d’élargir la rue des Fleurs d’environ 4m.

En outre, elle a exprimé sa volonté d’éventuellement acheter la maison toute entière», informe encore Christoph Grupp, qui peine à comprendre l’intention des squatteurs, puisque le but des deux camps  est le même: accueillir des réfugiés.

Un projet concret

Le site renverse.ch a publié un manifeste idéologique rédigé par les squatteurs. Ils militent pour «la concrétisation d’actes de solidarité avec des personnes réfugiées, tout en ayant la volonté d’en finir avec ce monde de frontières et d’oppressions qu’il génère».
Le groupe donne un éclairage de ses projets pour la rue du Contrôle 22: magasin gratuit, repas populaires mardi et jeudi soir et hébergement d’urgence avec un espace pour les femmes.

De plus, il prévoit d’y mettre sur pied des cours de langues et d’autodéfense féminine, un bistrot, un cinéma, un atelier vélo et d’offrir un accès gratuit à internet. En bref, un véritable centre alternatif.

La possibilité pour Kollektiv Kontrollstrasse de rester jusqu’à la mi-janvier semble certaine. Il faudra attendre l’issue de la rencontre entre le collectif et la paroisse, puis la décision des propriétaires qui en découlera pour voir la situation se décanter.

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