Vous êtes ici

Abo

Cap sur le monde (1)

Deux voyageurs devenus pros de l’accueil

Ayant grandi respectivement à Court et Moutier, Joane et Guy Raeber ont sillonné le monde en couple. En 2013, ils prennent un tournant, quittent leurs carrières professionnelles et ouvrent une maison d’hôtes en Afrique du Sud.

Véritables globe-trotters, Guy et Joane Raeber ont parcouru le monde ensemble. Tombés sous le charme de l’Afrique du Sud et avides de passer du temps avec leur fille Chloé, ils ont, un jour, pris un tournant dans leur vie. LDD
  • Dossier

Michael Bassin

Lui a grandi à Moutier, elle à Court. Ensemble, ils ont parcouru le monde à la découverte d’une septantaine de pays. Et puis, un jour, alors qu’ils étaient domiciliés dans le canton de Vaud, Guy et Joane Raeber ont décidé de mettre le cap sur l’Afrique du Sud. Non pas pour y transiter une énième fois mais pour ouvrir une maison d’hôtes à Somerset West et y cultiver de la vigne.

Mais comment cet ancien cadre de chez Swatch Group et Logitech et cette infirmière ayant exercé à Moutier et Vevey en sont venus à sauter le pas? L’explication prend racine au carrefour de leur passion pour l’Afrique du Sud et de leur désir de vivre un nouveau projet en famille.

«Nos voyages nous ont souvent amenés en Afrique du Sud, ceci dès la fin de l’apartheid en 1994. Guy voulait découvrir ce pays», explique Joane. «Tout de suite, nous avons ressenti une atmosphère unique, des gens remplis d’espoir pour l’avenir de leur pays et dotés d’une grande chaleur humaine.»

Et son mari de corroborer: «De par sa diversité, l’incroyable gentillesse des gens, son histoire et son évolution actuelle, nous sommes convaincus que l’Afrique du Sud est le pays le plus extraordinaire.» Quant aux paysages époustouflants et au climat ensoleillé, ils ne gâchaient rien à leur attrait pour ce pays...

Passer du temps ensemble
C’est justement lors d’un de leur voyage en Afrique du Sud qu’un déclic s’est produit. «Alors que nous séjournions dans une maison d’hôtes, son propriétaire, qui voulait prendre une année sabbatique, nous a proposé de la prendre en charge durant son absence», raconte Joane. Une suggestion que le couple refusa.

«Nous étions trop jeunes, pas du tout dans cette optique et pris au dépourvu», explique-t-elle. «Nous étions à fond dans nos carrières respectives. Nous avons décliné l’offre, mais la graine était plantée dans nos esprits!», ajoute son mari, qui exprimait déjà sa volonté de changer de vie lorsqu’il atteindrait 45 ans.

Et puis, après des années d’attente, la famille s’est enrichie de l’arrivée de Chloé, merveilleuse petite fille adoptée en Thaïlande à l’âge de deux ans. «Nous avons alors ressenti le besoin de passer plus de temps ensemble et de revoir notre projet de famille. En effet, le travail de Guy l’obligeait à voyager souvent aux USA et en Chine», confie Joane.

Une fois la décision prise, Guy a encore voyagé huit fois seul dans leur futur pays pour rechercher les lieux idéaux à la concrétisation de leur projet. «J’ai négocié afin que ce soit l’ancien propriétaire qui s’occupe des démarches administratives pour que cela devienne une maison d’hôtes. Ce qu’il a réussi à faire en 14 mois.»

La famille Raeber a posé ses valises en Afrique du Sud en juillet 2013, en plein hiver austral. «Nous avons commencé par entreprendre des travaux dans la maison qui n’était pas destinée à accueillir des hôtes. Les premiers sont arrivés en décembre», se souvient Guy. Avec une pointe de stress, mais aussi une grande satisfaction, la nouvelle activité des Raeber pouvait commencer!

A plein régime!
La première année, c’est grâce à un site de réservation en ligne bien connu que les hôtes, provenant d’un peu partout dans le monde, ont atterri à l’Explorer Guesthouse. «Aujourd’hui, quasiment 80% de nos clients sont des gens qui veulent revenir chez nous (réd.: plusieurs clients y vont même entre trois et cinq fois par année) ou qui connaissent la maison par le bouche à oreille», explique le couple dont la maison a connu un taux de remplissage très élevé dès le départ.

«Notre affaire croît d’année en année, ce qui nous permet d’investir ce que nous gagnons dans l’amélioration de notre propriété.»

Lorsqu’on leur demande quelles ont été les plus grandes difficultés à surmonter, Guy et Joane ne cachent pas que la quantité des tâches administratives et de formulaires à remplir – ou à (re)remplir parce qu’ils se perdent dans les méandres de l’administration – constituent aujourd’hui encore un défi. D’un point de vue personnel, le rythme de travail entre une haute saison (de septembre à avril) et une basse saison est également un challenge. Tout comme le fait de travailler en couple.

L’avis que les Raeber avaient sur les Sud-Africains s’est confirmé. «Nous avons été accueillis infiniment bien, par tout le monde!», relèvent-ils. Des liens d’amitié ont vite été tissés. «D’un point de vue professionnel, il y a une très bonne collaboration entre les différentes maisons d’hôtes et nous n’avons jamais ressenti de concurrence», ajoutent-ils. Les vignerons locaux ont eux aussi très bien accueilli Guy, qui s’est lancé dans le vin.

Bien installés dans leur nid douillet sud-africain, les Raeber conservent toutefois un lien étroit avec la Suisse. Ils y reviennent deux fois par année afin de revoir leurs familles, et ils suivent de près l’actualité nationale et régionale. «De plus, en recevant notre matériel de vote suisse dans notre boîte aux lettres sud-africaine, nous n’avons pas l’impression de vivre au bout du monde!», concluent-ils.

 

SON PROPRE NECTAR BIENTÔT EN ROMANDIE
La ville de Somerset West, où les Raeber ont élu domicile, n’est située qu’à quelques kilomètres du célèbre vignoble de Stellenbosch. Le rêve pour Guy, passionné par le vin, qui s’est lancé dans la fabrication de son propre nectar.

Concrètement, il a noué un partenariat avec l’un des meilleurs viticulteurs de Stellenbosch – qui lui assure notamment son éducation viticole – et possède deux caves (une en collaboration avec un autre vigneron pour la fermentation et vinification, une autre pour le stockage du vin).

Ainsi, Guy Raeber produit un peu plus de 1000 bouteilles par année d’un assemblage rouge fait de cabernet sauvignon, de merlot, de petit verdot «et d’un très rare cépage sud-africain extraordinaire, le roobernet». Ensuite, ce mélange passe encore du temps dans des fûts de chêne séchés naturellement à l’air libre et importés de France. «J’ai un distributeur en Afrique du Sud et je planifie d’avoir mon vin disponible à partir d’août 2017 en Suisse romande», confie-t-il.

 

L’océan et la montagne réunis

CHAMBRES La maison d’hôtes des Raeber est située sur les hauts de la ville de Somerset West, à 40 kilomètres du Cap. Elle offre ni plus ni moins que la vue sur l’océan et la péninsule du Cap! La famille loue cinq chambres et se fait un plaisir de préparer elle-même les petits-déjeuners.

Guy Raeber ne se lasse pas de faire découvrir à ses invités les nombreux vignobles alentours et leurs succulents nectars, mais aussi de les accompagner en VTT sur les multiples sentiers balisés de la région.

LOISIRS A Somerset West – qui tient son nom d’un gouverneur anglais de la colonie du Cap dans les années 1800, Lord Charles Henry Somerset –, les hôtes des Jurassiens bernois d’origine se trouveront au pied de la montagne Helderberg, un terrain propice à de magnifiques balades. Mais ils seront aussi à deux pas des plages réputées pour la pratique du surf et du kitesurf.

«C’est aussi le départ de la route des baleines, de celle des vignobles et de celle des jardins», détaillent-ils. Visiblement, il ne semble guère possible de s’ennuyer dans ce coin de pays...

Articles correspondant: Région »