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Conférence

Du suffrage féminin à nos jours

La commune de Tramelan, le CIP et la Société jurassienne d’Emulation ont invité, mercredi soir, l’historienne Sarah Kiani pour une présentation en lien avec le 50e anniversaire du droit de vote des femmes.

La grève des casseroles, à Bienne, pourtant méconnue du public, a marqué l’histoire du féminisme suisse. Archives Bureau Cortesi Bienne

Par Marisol Hofmann

«L’année 1971 marque non seulement l’introduction du suffrage féminin, une étape fondamentale vers l’égalité des sexes, mais également le début, ou plutôt l’intensification, de toute une série de luttes pour les droits des femmes, notamment au niveau institutionnel», a relevé, en guise d’introduction, Sarah Kiani, historienne et maître-assistante en études genre à l’Université de Neuchâtel. «Dans les années 1980 et 1990, les femmes ont été particulièrement actives en proposant tout un arsenal de mesures juridiques et légales ou encore en tentant de modifier des textes juridiques existants», a-t-elle poursuivi.
 
Trois événements phares
La présentation de Sarah Kiani, invitée mercredi soir au CIP, par ce dernier, la Société jurassienne d’Emulation et la commune de Tramelan, dans le cadre de son cycle de conférences, avait pour but d’élargir la question de l’obtention du suffrage féminin. Elle s’intéressait, d’une part, aux luttes qui ont suivi cette étape charnière jusqu’à nos jours et, d’autre part, à l’évolution de la perception des droits des femmes au sein de la société suisse, s’appuyant sur des archives vidéos d’émissions de télévision ou d’affiches de campagnes féministes.
Pour illustrer son propos, Sarah Kiani s’est notamment basée sur trois grands événements: la lutte pour le droit à l’avortement et la question de l’émancipation des femmes, l’inscription de l’égalité des sexes dans la Constitution de 1981 ainsi que les débats et initiatives pour une meilleure représentation féminine en politique.
Elle a par ailleurs mentionné une action féministe locale qui a eu une résonance au-delà des frontières helvétiques: la grève des casseroles (lire encadré ci-contre). Pour rappel, il s’agit d’un mouvement contestataire mené par une cinquantaine de gymnasiennes et d’apprenties de Bienne, qui ont décidé, en 1979, de boycotter les cours obligatoires ménagers (lire aussi le JdJ du 11 juin). Le procès très médiatisé des grévistes a poussé le canton à changer la loi scolaire et à introduire un plan d’études identique pour garçons et filles, à compter de 1984.
Pour ce qui est du contexte actuel en Suisse, l’historienne observe ce qu’elle définit comme «une nouvelle phase de mobilisation du féminisme. Celle-là se concentre beaucoup sur la question de la dénonciation des violences sexuelles au sens large et s’intéresse aux inégalités dans d’autres sphères.»

 

Elle a également noté que la cause féministe s’est peu à peu démocratisée depuis les années 1970, sortant des milieux universitaires dans lesquels se développaient, à l’époque, la plupart des mouvements.
 
3 questions à....
Sarah Kiani
Maître-assistante en études genre à l’Université de Neuchâtel
«La grève des casseroles a été un acte symbolique fort» 
 
  1. En quoi la grève des casseroles est-elle relevante?
    Cette petite action locale a eu une résonance importante et a permis de faire bouger les choses. Il s’agit d’un acte symbolique fort, car il vise tout un ensemble de discriminations.
  2. C’est-à-dire?
    Plus que l’éducation différenciée entre filles et garçons, c’est la question de l’organisation familiale et ses conséquences économiques sur les femmes, réduites à effectuer un travail gratuit, qui est remise en cause.
  3. Qu’en est-il de la perception des droits féminins à cette époque? 
    Les revendications de ces jeunes filles ne sont pas passées aisément, ce qui démontre qu’il y avait encore de la résistance, y compris de la part de certaines de leurs camarades.
 

 

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