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Tavannes

Elle fabrique des soins à base de lait... maternel

Julie Gygax, jeune maman de deux enfants, s’est retrouvée avec des stocks qu’elle n’a pas eu le cœur de jeter et a trouvé une manière bien originale de les recycler.

Un savon, une crème pour le corps et une seconde pour le visage, à base de lait maternel. Voilà ce que propose, jusqu’à épuisement de stock, Julie Gygax. MAH

Par Marisol Hofmann

Il suffit d’une petite recherche sur internet pour se rendre compte que cette pratique est bien existante mais peu répandue. Sans doute car elle suscite de prime abord le dégoût et l’incompréhension. «C’est dégueulasse! Voilà la réaction presque instinctive à l’évocation d’une autre utilisation possible du lait maternel. C’est tellement ancré en nous et dans nos mœurs», analyse Julie Gygax. «Pourtant, c’est naturel...» défend-elle.
Cette jeune maman de deux petites filles ne pensait d’ailleurs pas très différemment des sceptiques avant de se retrouver avec un stock de près de 4 litres de lait dont son bébé ne voulait pas.
«De nature organisée, j’avais préparé des réserves au congélateur pour que la personne qui garderait mon enfant au moment de la reprise du travail puisse lui en donner. Si tout s’est déroulé sans problème avec ma première fille, la seconde a toujours refusé d’être nourrie au biberon, que ce soit avec mon lait ou celui d’un autre animal», raconte la Tavannoise.
Afin de ne pas devoir jeter les quantités qu’elle avait conservées, elle a d’abord envisagé d’en faire don dans un centre de stockage, afin que des bébés prématurés ou des mères, dont la production de lait serait insuffisante, puissent en bénéficier. Mais ce genre de structures sont encore rares – une banque de lait maternel valdo-genevoise devrait notamment ouvrir d’ici à 2022 (lire Le JdJ d’hier) – et la complexité des démarches a refroidi la jeune maman.
C’est alors que lui vient l’idée de créer des cosmétiques. «Pourquoi ne pas utiliser mon lait plutôt que celui d’un animal pour mes soins?» s’est demandé cette adepte des produits naturels et locaux.
«Je me suis approchée de la boutique Chemin de Traverse (réd.: spécialisée dans les cosmétiques naturels), à Tavannes, pour demander conseil et trouver une recette adaptée. Les autres ingrédients que j’utilise proviennent d’ailleurs du magasin», précise Julie Gygax.
D’abord prévus pour son usage personnel, ses produits à base de lait maternel – un savon, une crème pour le corps et une seconde pour le visage – ont peu à peu intrigué son entourage qui s’est mis à les tester à son tour. Selon les retours qu’elle a pu obtenir, en plus de leurs vertus adoucissantes pour la peau, ils réduiraient aussi l’apparition de boutons ou encore l’inconfort dû à l’eczéma.
 

Antigaspi et sensibilisation
La jeune femme n’a toutefois pas l’autorisation de commercialiser ces produits fabriqués artisanalement dans sa cuisine ni d’en faire la promotion sur internet. «Je peux uniquement les vendre dans des petits marchés locaux», explique-t-elle. Si les gens l’approchent, c’est surtout par le bouche-à-oreille.
Mais se faire de l’argent n’a jamais été son objectif principal. D’ailleurs, cette activité est forcément limitée dans le temps. Au départ, il s’agissait avant tout d’une démarche antigaspi qui a pris une autre dimension: celui de briser le tabou autour d’une autre utilisation possible du lait maternel et de l’allaitement de manière générale.
Julie Gygax a été invitée pour animer une conférence à ce sujet dans le cadre du festival Terr-Indigo. Formée dans d’autres champs des médecines alternatives, elle ouvrira en outre, bientôt, son cabinet dans lequel elle proposera plusieurs types de soins avec une focalisation particulière sur l’accompagnement des femmes durant leur maternité.

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