En première suisse à Neuchâtel

Daniel Droz

Dans le monde impitoyable de l’horlogerie, ça s’apparentait à une mission impossible. Finalement, elle est accomplie. «Je suis assez honoré.» Propriétaire de la bijouterie Robert à Neuchâtel et distributeur exclusif de la marque dans le canton, François Engisch sera le premier en Suisse à commercialiser la montre connectée de TAG Heuer. Quelques jours avant la boutique de la marque à l’aéroport de Zurich. «Grâce à Jean-Claude Biver», précise-t-on du côté de La Chaux-de-Fonds. Allusion faite au directeur général de la société basée à La Chaux-de-Fonds.

Inutile, par contre, de se précipiter au centre-ville dans les jours à venir. «J’ai déjà une liste de clients que je vais appeler. Nous allons satisfaire leur patience», précise François Engisch. L’engouement pour ce produit connecté est énorme. Dans la région neuchâteloise également.

«Nous sommes en train de vivre ce que nous avons vécu avec Swatch dans les années 1985-1990», relève le détaillant. Même si le prix – 1400 francs pour ce nouvel objet – n’est pas comparable. Son obsolescence quasi programmée a été prise en compte. «Le petit plus est que le client pourra l’échanger contre une vraie montre mécanique au bout de deux ans.» Plus précisément, débourser 1400 francs supplémentaires pour s’approprier un modèle Carrera.

Clientèle diverse

Pour le produit connecté, la clientèle de la région neuchâteloise est diverse. «Il y a des gens qui veulent être les premiers à avoir ce nouvel objet. Comme ils le font avec l’iPhone», constate le détaillant. «Ensuite, des gens informés par la presse, curieux, qui veulent voir avant de décider. Des gens un petit peu branchés. Pas forcément des jeunes, pas davantage des personnes âgées. De tout.»

Jean-Claude Biver va dans le même sens. «Les puristes ou les aficionados ont plutôt bien, voire positivement, accueilli la montre connectée», se réjouit-il. «Ce d’autant plus qu’elle possède toutes les caractéristiques d’éternité de la montre mécanique traditionnelle. Nous sommes d’autre part étonnés de voir une clientèle plutôt traditionnelle et d’âge mûr être aujourd’hui nos premiers clients de la montre connectée.»

Depuis le lancement de l’objet à New York en novembre dernier, le nombre de montres écoulées va au-delà de ce qu’imaginaient les responsables de TAG Heuer. Environ 30000pièces à ce jour. Depuis le salon de Bâle en mars, «le rythme de production a augmenté», précise-t-on du côté de la marque. Aujourd’hui, les pièces sont produites à Zurich chez un partenaire du groupe informatique Intel – partenaire avec Google à part entière de cette réalisation. «Nous allons rapatrier l’assemblage à La Chaux-de-Fonds après l’été», indique-t-on chez TAG Heuer. Entre 30 et 50 emplois devraient être créés.

Qu’est-ce qui fait le succès de cette montre? «C’est un produit ludique, sympathique», juge François Engisch. «L’esthétique, la marque, tout ce qui a tourné autour, le lancement à New York a été très suivi. Après l’Apple Watch, la montre de TAG Heuer est la plus attractive.» Son utilisation nécessite néanmoins quelques explications. «Mon personnel a reçu une journée de formation», relève François Engisch. Il estime à 40minutes le temps qui sera consacré à chaque client pour qu’il prenne la montre en main.

Emulation

Fort de ses 42 ans d’expérience dans la branche, le détaillant loue le sens des affaires et la réactivité du boss de TAG Heuer. «Il est récompensé. Il transmet son enthousiasme. Jean-Claude Biver a créé une émulation. Il y a un créneau à prendre. L’avenir dira si ça continuera ou pas.»

Dans le courant du mois de mai, pour marquer le coup, la bijouterie Robert consacrera un samedi à la marque chaux-de-fonnière. Le public pourra se faire une idée de la montre connectée, mais aussi de ses autres produits horlogers. Et les animations ne manqueront pas.