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Nidau

Entre rêve et réalité

Pour l’ouverture de sa saison, Nebia propose «La nuit unique». Un spectacle en plein air, d’une durée de sept heures, et qui se déroule durant la nuit...

Photo Estelle Chardon

Marjorie Spart

Pour l’ouverture de sa nouvelle saison, Nebia invite le public à «un grand voyage nocturne». C’est en ces mots que le metteur en scène Jacques Livchine décrit son spectacle «La nuit unique», qui sera joué samedi, dès 23h, dans le parc du Château de Nidau.

L’originalité de ce «grand voyage» réside dans sa durée – un marathon de sept heures! – et dans l’accueil du public, prié de se munir d’une couverture, d’un sac de couchage et d’un oreiller. Et pour cause: les spectateurs sont installés sur de la paille et invités à rester couchés, de part et d’autre d’un couloir de jeu investis par neuf comédiens.

Une expérience théâtrale
Ce qui attend les intrépides durant cette longue «Nuit unique»? «Nous commencerons par les bercer avec de la musique, pour les endormir», sourit Jacques Livchine. «Ils recevront un doudou avant que le voyage commence. Ensuite, nous leur ferons prendre le train pour les emmener à travers la nuit sur les chemins de l’amour, de la mort, des rêves, des cauchemars... Tout cela par le biais de textes d’une trentaine d’auteurs, parmi lesquels  Michaud, Proust, Cendrars ou encore Vian.» Cette traversée de la nuit, entre musique, chant, poésie et jeu d’acteurs, s’achèvera par un réveil en mouvements, suivi d’un petit-déjeuner.

L’autre particularité de cet intrigant spectacle est que le public est libre de dormir. Quel intérêt alors de participer à cette expérience théâtrale, si c’est pour rester bercé par les bras de Morphée? «Les dernières découvertes sur le sommeil montrent que le cerveau travaille beaucoup durant la nuit. Et que la perception d’un spectacle est différente à midi ou à 4h du matin. Quant au public, qu’il dorme ou qu’il soit réveillé, il entend, ressent des choses qui vont le marquer. Lorsque l’on prend le petit-déjeuner, on parle de ce qu’on a vécu. La perception change d’une personne à l’autre: on ne sait pas si ce dont on se souvient relève du rêve ou de la réalité. Mais une constante demeure: le public est très ému, profondément touché par cette expérience.»

Exacerber les sens
Jacques Livchine a découvert l’expérience du jeu nocturne grâce à un atelier théâtral organisé par des Polonais. «Nous avons improvisé entre 19h et 7h. C’était une expérience magique. Durant la nuit, les acteurs quittent les convenances sociales et deviennent plus authentiques.»

Le Théâtre de l’unitié, fondé en France par Jacques Livchine, est un habitué des spectacles en plein air, «parce qu’on peut bouger, rester jusqu’au bout ou s’en aller si cela ne nous plaît pas», plaide le fondateur. Dans le cas de «La nuit unique», la troupe a opté pour le grand air pour profiter des scènes panoramiques et pour que le public puisse jouir de la beauté de la voûte céleste...

«Le ciel, les étoiles, la nature, les arbres alentours renforcent le côté magique de cette expérience théâtrale», glisse le metteur en scène. Et de préciser que le public qui a déjà assisté à ce spectacle était sensiblement différent de celui qui remplit les théâtres: «Nous avons essentiellement des randonneurs, habitués à dormir à la belle étoile. Ce sont des marcheurs âgés de 20 à 35 ans et qui aiment les épreuves...»

«La Nuit unique», parc du Château de Nidau, samedi à 23h.

www.nebia.ch
En cas de pluie, le spectacle sera joué à l’intérieur.

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