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Moutier

Etre premier citoyen l’année du revote

Ancien animateur du Groupe Bélier, Clément Piquerez a été élu président du Conseil de ville pour 2021. Un millésime un peu spécial, celui qui doit définitivement sceller le sort de la Question jurassienne.

L’élu du Rauraque devant le Chicago, un bâtiment qu’il «aime bien». Même s’il était à l’origine le siège de la Banque cantonale de Berne. Photo DSH

Par Dan Steiner

Selon le système de la rotation, Clément Piquerez a été élu deuxième vice-président du Conseil de ville de Moutier avant de «monter» jusqu’à devenir le premier citoyen de la ville, en début d’année. Foncièrement projurassien, il assure vouloir appliquer le règlement avant tout et contribuer à maintenir la politesse dans des débats qui vont à coup sûr s’enflammer avant mais sûrement aussi après le vote du 28 mars.

Clément Piquerez, comment allez-vous, à J-70 et quelques jours?
C’est vrai qu’on a du mal à s’imaginer que l’on va voter dans 7 0jours. Il y avait davantage d’ambiance en ville il y a quatre ans: des affiches, des manifestations d’un camp ou de l’un autre. On reste toutefois dans la répétition d’un vote; il y a donc peu de changements dans l’argumentaire. Tout a été dit sur ce dossier. Le plus gros boulot sera de mobiliser les gens.

Avant cela, rappelez-nous l’effet que vous a fait cette nomination comme président du législatif.
Quand on est né à Moutier, qu’on y a fait toute sa vie... Comme je l’ai dit dans mon discours, je ne l’ai jamais quittée plus de 10 jours.

Vraiment?
Vraiment. Mes vacances ne sont pas très longues. Après, devenir le premier citoyen est une charge plus symbolique qu’autre chose, mais c’est tout de même une reconnaissance de la part de mes collègues. Surtout quand on n’a même pas 30 ans. C’est gratifiant.

Et, avant cela, votre accession au Bureau du Conseil de ville?
Sur les cinq élus au Bureau, trois sont destinés à devenir président. Au sein du Rauraque, personne n’était vraiment intéressé. C’est finalement le moins réticent qui a pris la place (rires).

Etre président l’année du vote, c’est un peu spécial pour vous?
Quand même. Cela prend une importance un peu plus grande. Les débats sont un peu plus virulents, mais on le savait.

Il reste encore deux séances avant le 28 mars. La suivante tombe le... 29. Comment allez-vous la mener?
On a réfléchi à la fixer à un autre moment, mais le calendrier est assez serré. On a donc gardé cette date en se disant qu’on pouvait l’annuler s’il n’y avait des dossiers urgents. Celle du début de l’année était aussi là pour prendre un peu d’avance. Quant au 29mars, une moitié du Conseil sera effectivement triste ce jour-là. Mais j’avoue ne pas avoir encore réfléchi à comment aborder cette séance, si elle a lieu (sourire).

Et sinon, le reste de l’année?
Il faut d’abord essayer de faire respecter le règlement à la lettre. Après, il ne faut pas être naïf: il reste deux mois et deux assises avant le vote, et il risque d’y avoir des discours enflammés. Du moment que cela reste poli. Ensuite, un parlement reste une sorte de spectacle. Moins ailleurs qu’à Moutier, c’est sûr. Mais ça fait partie du jeu politique.

Comment y êtes-vous entré, justement, en politique?
Mon père (réd: Roland) est conseiller de ville depuis 1994 et a été président trois fois. C’est donc par la famille. Nous avons baigné dans la politique, également dans la Question jurassienne. On a toujours parlé politique régionale et locale à la maison. C’est ensuite avec un groupe de copains qu’on a voulu s’engager, pour Moutier et pour rejoindre le canton du Jura, et c’est comme cela qu’on a relancé le Rauraque, en 2010. De fil en aiguille, j’ai finalement été élu au Conseil de ville, fin 2018.

Quelles sont les «autres» valeurs politique que vous défendez? Et comme vous devrez bientôt quitter le Rauraque à vos 30 ans...
Je n’ai pas pris de décision définitive pour mon prochain parti, même si j’ai deux ou trois pistes. Quant à mes idées, elles sont tantôt sociales, tantôt libérales. Ni dans un extrême ni dans l’autre.

Quels projets locaux vous tiennent ainsi à cœur?
Surtout ceux qui concernent les infrastructures communales (sportives, culturelles ou autres). C’est aussi mon domaine de prédilection puisque je travaille dans le bâtiment.

Et côté finances, dont on connaît la situation?
La feuille de route du Conseil municipal ne convient. Certains départs ne seront pas compensés et on ne va pas couper à une augmentation d’impôt à cause de ce fameux déficit structurel.

«J’ai toujours approuvé ce qui a été fait et dit lorsque j’étais l’animateur du Bélier»
Votre adhésion à la Question jurassienne vient de vos parents, on imagine?
On a tellement été baigné dedans qu’il était presque impossible de ne pas s’y intéresser. On ne nous a cependant jamais poussés à participer à une manif. Au contraire, c’est de notre propre intérêt qu’on s’est pris au jeu. Mon premier souvenir date de la Fête du peuple, et ses chars, d’où on lançait des pavés en sagex. Une fois qu’on a fait cela, on ne peut pas renier cet héritage (sourire).

Puis vous devenez animateur du Bélier...
Comme on habite une petite ville, on se connaît et on m’a demandé si j’étais intéressé. Ce qui a été le cas, jusqu’à passer par le comité local puis le comité central. Pour le rôle d’animateur, comme pour la présidence du Conseil de ville, c’est le moins réticent qui en a pris la responsabilité (réd: de 2010 à 2018)...

Tous les messages que vous faisiez passer venaient de vous?
J’ai toujours approuvé ce qui a été fait et dit. Je n’aurais pas pu porter un message avec lequel j’étais en désaccord. Le rapport de l’Assemblée interjurassienne est sorti en 2009, et on savait que, tôt ou tard, on voterait sur les six districts. Mais on a mis la pédale douce par rapport aux actions passées. On ne devait plus choquer la population mais essayer de la convaincre. D’anciens militants nous ont du coup reproché notre mollesse (rires).

Et en cas de oui le 28 mars, le Bélier ou vous-même seriez d’accord avec l’idée de s’arrêter là?
Je ne vais pas m’exprimer pour le Bélier puisque ce n’est plus mon rôle. Reste qu’on trouve dans ses statuts un canton uni, de Boncourt à LaNeuveville, et je ne pense pas qu’ils vont baisser les bras en se disant: «On a gagné Moutier.» Le Groupe ne va pas non plus revendiquer un autre vote dans trois ans. Mais il va surtout devoir défendre l’identité jurassienne de la région et conserver le peu d’acquis, en évitant que tout parte à Bienne.

Et à titre personnel?
Je serai toujours convaincu qu’on a raté le coche en 2013 (réd: le 24 novembre). Un canton réuni aura toujours du sens. Il faut toutefois être conscient que ces 72% de la population du Jura bernois n’en a pas voulu et il faudrait être bête de vouloir pousser à tout prix. Du coup, je rejoins la ligne de la défense des intérêts de la région.

Un pronostic pour le 28 mars?
C’est sûr qu’on ne sera jamais à 70-30, à Moutier, mais je suis assez confiant. Les choses sont désormais clarifiées, notamment au sujet de l’hôpital.

Tout le monde ne fait pas la même lecture. Comment être sûr qu’il conserve ses prestations à la population?
Là encore, je suis confiant, notamment après les conclusions du groupe de travail. Au niveau de la santé mentale, c’est une bonne chose, car il y avait un certain manque côté jurassien. Les dirigeants actuels ont bien compris que c’est dans cette voie-là qu’il fallait se diriger. Que ça passe d’un côté ou de l’autre. Après, on n’est jamais sûr de rien, d’autant que le milieu de la santé évolue très rapidement. C’est finalement la direction qui a pris les dernières décisions et qui va tout faire pour garder les emplois.

Clément Piquerez
* Naissance: 5 juin 1991
* Emploi: peintre en bâtiment
* Etat civil: célibataire
* Hobbys: rallye et cuisine

En un mot
* Donald Trump: au bout...
* Joe Biden: doit faire ses preuves
* Alain Berset: courageux
* Roland Béguelin: persévérant
* Pierre Alain Schnegg: joker!
* Marcel Winistoerfer: populaire

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