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Tramelan

Fondateur malin, héritiers enthousiastes

La soirée officielle du Cinématographe, jubilaire autant que jubilatoire, a traversé tout un siècle

La foule des grands soirs devant l’entrée du Cinématographe samedi pour voir Max Linder, héros du muet, avec Claude Rossel au piano (en bas à gauche), et Daniel Chaignat, un des artisans de la survie de la salle tramelote. Bernard Schindler

Bernard Schindler

Devant une salle remplie d’invités, les meneuses et meneurs du Cinématographe ont plongé gaiement dans 100 ans d’histoire du ciné local et mondial, samedi soir dans une ambiance très conviviale, pleine des clins d’yeux. A voir le regard malicieux de Georges Bersot sur son portrait-photo, le créateur de la salle a sûrement pensé jouer un bon tour aux Tramelots en 1915, mais il ignorait qu’il ouvrait un siècle d’histoire.

Et, après quelques vicissitudes et 6 petits et seuls mois de fermeture en 1989, le ciné-phénix décidément immortel a repris son envol grâce à la coopérative actuelle. Daniel Chaignat était l’âme du renouveau, il est toujours là. Avec sa voix d’enseignant retrouvée, il a salué les invités et remercié tous ceux qui le soutiennent toujours.

 

«Ce cinéma est un miracle!»

Le maire de Tramelan Philippe Augsburger a évoqué le parcours poétique du Tavannois qui va au ciné avec les CJ, en 1915. Guy Lévy a apporté le salut de l’office de la culture avec un humour générateur d’une foule d’images mentales et animées. Le patron de la Cinémathèque suisse Frédéric Maire a rappelé la motivation de sa présence, à savoir ses attaches régionales et le caractère exceptionnel du Cinématographe: «Ce cinéma est un miracle!».

Il cumule 100 ans de projection, une structure actuelle qui sert de modèle au sauvetage des salles dans les régions excentrées et une programmation qui n’a rien à envier aux citadins. Moment d’émotion, Claudine Houriet, Elisabeth Contesse et Margot Donzé, trois générations, ont évoqué leur entrée dans le monde des images animées. Margot, la plus jeune, est passée par la Lanterne magique, club de jeunes lancé par Frédéric Maire.

L’historien Roland Cosandey a fait part de ce qu’il a trouvé en épluchant les archives tramelotes. Au début du 20e siècle, deux salles projetaient des images, l’autre située dans l’actuel restaurant du Glatz. Le cinéma d’abord itinérant s’est ainsi sédentarisé à Tramelan. En 1917, le canton a légiféré et les enfants ont été privés d’une large part du programme!

Max Linder. Photos: Bernard Schindler

La traversée de Paris

L’essentiel de la soirée était aussi dans les images. Des pubs des années 20 ont ressuscité des ombres chinoises et des scènes muettes vantant les mérites du chocolat. Max Linder a rêvé de soigner son asthme à Chamonix en 18 images/seconde, avec le piano de Claude Rossel en salle. Des élèves de 7-8H ont entremêlé les discours de leurs créations qui préparent le ciné de l’avenir, en 3 ou 4D dans une salle ondoyante, en 180 ou 360° voire en hémisphérique.

Projectionniste ici même, Pascal Lecureux a tourné son western dans les gorges du Tabeillon, grâce aux mêmes CJ de Tavannes-Tramelan. Ses cow-boys-desperados ont semé la terreur avec un accent très typé taignon.

Au final, la traversée de Paris de Gabin, Bourvil et de Funès, a versé sa pinte de bon sang sur l’assemblée. Le film de Claude Autan-Lara méritait d’être revu, il est entré dans l’éternité des écrans grâce, entre autres, à la qualité de ses prises de vues de Paris dans la nuit des loups vert-de-gris.
 

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