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Macolin

Forte et féminine

La marque horlogère Delance fête 25 ans de créations célébrant les femmes. Sa présidente, Giselle Rufer, s’est toujours engagée contre les injustices liées au genre.

Giselle Rufer est à la tête de Delance depuis 1996. Elle donne également des conférences pour aider les femmes à s’affirmer. Matthias käser

Par Maeva Pleines

«Quand j’ai lancé ma marque, je n’avais pas de revendication militante en tête, mais je constatais simplement qu’il y avait énormément de femmes très compétentes en entreprise, mais qu’elles ne montaient pas aux plus hauts postes, même lorsque leur chef se montrait moins capable qu’elles», raconte Giselle Rufer. Depuis toujours, la présidente de Delance est convaincue que la solidarité féminine doit s’étendre non seulement à la sphère privée, mais également au monde professionnel. «Je voyais des cadres pleines de talent qui n’osaient pas faire entendre leur voix. J’ai donc voulu leur offrir un talisman qui leur fasse prendre conscience de leur pouvoir et qui leur rappelle leur force à chaque coup d’œil. Travaillant dans l’industrie horlogère, la montre m’est apparue comme l’objet idéal», sourit-elle.

Esthétique symbolique
Une forme unique en losange pour le cadran et des ornements personnalisés, les modèles Delance sont tous chargés de sens. Giselle Rufer aime en effet associer le symbolisme à l’esthétique. «Le losange représente la vie et la puissance du féminin, et la personnalisation de chaque montre prouve que nous sommes toutes uniques», détaille-t-elle. Et de préciser que sa nouvelle collection Floralia est pensée selon le même esprit: «Un matin de février, j’ai vu sortir les premiers perce-neige. Je les ai tout de suite associés à l’endurance et à la félicité. J’ai donc choisi les fleurs pour représenter l’espoir et la renaissance, à l’occasion ded 25ans de Delance.»

A 74ans, Gisèle Rufer ne manque en effet pas d’endurance. A la vingtaine, enceinte de son premier enfant et armée d’un CFC de commerce, l’entrepreneuse commence par suivre des cours du soir pour obtenir une maturité fédérale scientifique. Elle suit dans un premier temps des études d’art à l’Université de Berne, qui la mènent à l’enseignement secondaire. Cette hyperactive ne s’arrête toutefois pas là. Elle décroche ensuite un diplôme en informatique de gestion à l’école d’ingénieurs de Bienne. Pas assez prise au sérieux dans ce domaine, elle se redirige finalement dans l’horlogerie, à travers une formation au Swatch Group, avant de fonder sa propre marque en 1996. Sans compter la publication de ses mémoires, en allemand, en anglais, et bientôt en français. «J’ai toujours été dynamique, car je m’amuse en travaillant», glisse-t-elle, avant d’avouer rechercher une personne apte à assurer sa succession. «Une recherche pas très active, il faut l’avouer», rigole-t-elle.

«Affirmez-vous»
En attendant, Giselle Rufer donne régulièrement des conférences pour partager quelques clés du succès. «La réussite d’une femme est une avancée pour toutes les femmes, et une fois que l’on a acquis un certain pouvoir, on a aussi les moyens d’aider les autres. Si chaque femme tend la main à une autre, cela créera un cercle vertueux», analyse-t-elle.

Cette patronne salue par ailleurs les récentes avancées féministes. «Ces droits acquis depuis un siècle donnent cependant l’impression à certaines qu’il n’y a plus besoin se battre. Mais, qui n’avance pas recule: nos droits doivent être préservés et élargis, car il y a encore des progrès à faire en matière d’égalité salariale, d’accessibilité aux postes à responsabilité et de politique familiale», énumère-t-elle. Distillant quelques conseils pratiques, elle exhorte ainsi les femmes à s’affirmer et à ne pas se laisser limiter par leurs peurs. «Elles peuvent, par exemple, apprendre à s’adresser à un public, ou encore développer une meilleure conscience de leur corps à travers de la danse ou un sport de combat. Ce travail se répercute sur l’assurance physique et donne confiance en sa force corporelle et mentale.»

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