Deborah Balmer / Traduction Marcel Gasser
Assis au volant de leur Audi, Mercedes ou BMW, ils font hurler leur moteur juste pour attirer l’attention sur leur puissante bagnole et leur petite personne. Mais presser inutilement sur le champignon et faire monter les tours pour se faire voir (et entendre, surtout) est une infraction. En 2019, la police cantonale bernoise a verbalisé 40 personnes en ville de Bienne pour ce genre de comportement, surtout le week-end et surtout au centre-ville. Ces chauffeurs en mal de reconnaissance sévissent en effet de préférence aux abords de la gare, à la place Guisan et à la place Centrale. Mais pas seulement: ils affectionnent également les longues lignes droites, du genre rue Dufour, rue de Mâche ou encore rue de Gottstatt. Excédées, la ville de Bienne et d’autres communes du canton ont demandé à la police cantonale de concentrer ses efforts sur ces frimeurs.
Au Canton, on confirme. «Nous procédons à des contrôles ciblés, notamment à Bienne et à Thoune», déclare Letizia Paladino, du service de presse de la police cantonale, à Berne. «Lorsque nous recevons des signalements de la part de la population, la police intervient et les infractions constatées sont verbalisées», poursuit-elle. «De plus, lorsqu’une voiture émet trop de bruit, elle est contrôlée. Et s’il y a soupçon que le moteur a été trafiqué pour qu’il émette plus de bruit, le véhicule est séquestré». En cas de récidive, les contrevenants sont généralement convoqués pour un entretien où on leur explique quelles seront les conséquences potentielles s’ils persistent dans leur attitude. «L’expérience prouve que de tels entretiens ont un effet dissuasif», explique Letizia Paladino.
Perception subjective
«La frime au volant est une nuisance sonore qui importune surtout les riverains», explique l’attachée de presse. «Sa perception est donc subjective.» En revanche, il ne faut pas sous-estimer les risques réels de ces pics sonores intempestifs, qui peuvent détourner l’attention et créer ainsi des situations dangereuses. Les brusques accélérations entre deux feux de signalisation, avec hurlements du moteur, sont également illicites, même si la limitation de vitesse n’est pas dépassée. Les automobilistes sont en effet tenus d’éviter toute nuisance, notamment sonore, susceptible d’importuner les autres usagers de la route ou les riverains. Concernant la frime au volant sur les routes communales, seule la police cantonale est habilitée à intervenir et à prendre des mesures. Au contraire des excès de vitesse et, par exemple, du non-respect d’un feu rouge, qui peuvent être sanctionnés par la police municipale.
Prévention à Bienne
La commune soleuroise de Metzerlen-Mariastein a expérimenté l’automne passé l’usage de panneaux indicateurs qui affichaient les décibels émis par les voitures et les motos. Il s’agissait d’un projet pilote mené durant trois semaines par la commune, conjointement avec l’Office fédéral de l’environnement et le TCS. «La plupart des automobilistes ont immédiatement réagi lorsqu’ils ont constaté qu’ils roulaient trop bruyamment, ce qui est une bonne chose pour nous», explique Daniel Renz, conseiller municipal. Mais il ajoute que ce genre de mesure ne touche au mieux que 80% des usagers, jamais 100%. «Sans compter qu’il y a eu aussi quelques valeurs «aberrantes» de la part d’individus qui profitaient de la présence du panneau pour faire hurler leur moteur».
En 2019 la ville de Bienne a sanctionné 20257 excès de vitesse au moyen de 500 caméras. Un chiffre équivalent à celui de 2018 (20101) avec 497caméras. Selon Beat Feurer, Directeur biennois de la sécurité, Bienne agit de manière préventive depuis des années contre les excès de vitesse et les émissions sonores inutiles, notamment en introduisant des zones limitées à 30 km/h ou en prenant des mesures dans le domaine des infrastructures et de l’aménagement de l’espace public.
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