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Immigration

Halte aux discriminations

Deux députées, dont la Biennoise Samantha Dunning, sommaient le Conseil exécutif de prendre diverses mesures pour lutter contre les discriminations. Il en accepte certaines, mais en refuse d’autres.

Le canton s’engage déjà sur le front de la lutte contre les discriminations. LDD

par Philippe Oudot

Dans le canton de Berne comme ailleurs en Suisse, on accorde beaucoup d’importance à l’intégration de la population étrangère. Or, à l’appui de trois récentes études, Samantha Dunning (PS, Bienne) et Natalie Imboden (Les Verts, Berne), soutenues par une vingtaine de cosignataires, relevaient que «les discriminations sont un phénomène quotidien et il est prouvé qu’il constitue un frein à l’intégration».
Elles estimaient en outre que les moyens financiers engagés dans le domaine de la protection contre les discriminations étaient insuffisants et ne permettaient pas un travail professionnel correct dans ce domaine à l’échelle du canton. Par voie de motion, elles demandaient au gouvernement d’établir un vaste plan de mesures «destiné à garantir une protection efficace contre les discriminations». Une requête plutôt mal reçue par le Conseil exécutif, qui assène quela présente motion est de sa compétence exclusive, et donc qu’il lui appartient de décider en dernier ressort.
Parmi le catalogue de mesures réclamées, le gouvernement propose d’en rejeter trois. A savoir la mise en place de campagnes publiques en faveur de l’inclusion sociale, la création d’un service cantonal de médiation, ainsi que la création de nouveaux points de contact dans le canton.

Le canton en fait assez
Il estime en effet que «les efforts déployés dans le domaine de l’intégration sont suffisants pour assurer la réussite de l’inclusion sociale.» Soulignant que l’engagement des personnes concernées joue un rôle essentiel, il juge inutile d’organiser une campagne dans ce sens financée par les pouvoirs publics. Il rejette également la création d’un service de médiation cantonal, estimant que «si une personne se sent lésée par une organisation chargée de la protection contre les discriminations, elle peut porter plainte auprès du mandant, par exemple la Direction de la santé publique et de la prévoyance sociale (SAP)». Quant à la création de nouveaux points de contact, le gouvernement considère que les quatre antennes d’intégration régionales actuelles sont suffisantes.

Requêtes déjà réalisées
Il se montre en revanche plus ouvert aux autres demandes qu’il propose d’adopter et, dans la foulée, de classer, ces dernières étant déjà réalisées. Acommencer par la garantie d’une assistance à bas seuil destinée aux personnes concernées. Le gouvernement indique en effet que les personnes victimes de discrimination raciale peuvent recourir à l’offre de conseil et d’information du service «Ensemble contre la violence et le racisme». Quant aux personnes en situation d’urgence, elles peuvent s’adresser au service RBS (Berner Rechtberatungsstelle für Menschen in Not), qui propose un conseil juridique spécialisé. Sur mandat du canton, ces services offrent d’ailleurs des formations continues, des campagnes de sensibilisation et assurent la mise en réseau avec d’autres acteurs.
Le gouvernement propose également d’adopter et de classer la requête demandant la garantie d’une documentation soigneuse et d’une possibilité d’annoncer chaque cas. Il rappelle en effet que «le service ‹Ensemble contre la violence et le racisme› recense déjà pour le compte du canton tous les cas et les consultations en lien avec la discrimination raciale», données qui font l’objet d’un rapport annuel.
S’agissant de la proposition de sensibiliser et de former les autorités, les employeurs ou encore les institutions de formation à cette problématique, le gouvernement rappelle qu’il finance déjà les cours de perfectionnement des personnes en charge des consultations, et que du matériel d’information est disponible.
Les deux motionnaires demandaient aussi la mise à disposition de moyens financiers supplémentaires dans le domaine de la protection contre les discriminations. Eh bien le canton a déjà exaucé ces vœux:«En réponse à la hausse de la demande de conseil enregistrée ces dernières années, la SAPa légèrement augmenté ses subventions au service ‹Ensemble contre la violence et le racisme›, et cela àcompter de 2019».
Quant à la revendication portant sur le maintien d’une offre en langue française, le Conseil exécutif assure que les offres de ce service, tout comme celles du RBS, «sont disponibles dans les deux langues officielles, et les deux services proposent des conseils aux francophones».

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