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Tribunal régional

«Il avait sorti son sexe de son pantalon»

Un homme de 45 ans accusé entre autres de contrainte sexuelle comparaît depuis hier. Le prévenu, qui conteste les faits, a déjà été condamné pour des délits d’ordre sexuel.

La journée d’hier a été consacrée aux audiences du prévenu, des parties plaignantes et des témoins. Le Ministère public et la défense prononceront leurs plaidoiries aujourd’hui. Le verdict est attendu demain. Archives/Julie Lovens

Didier Nieto

Kader* n’est pas un saint. Il multiplie les condamnations depuis le début des années 2000, principalement pour des brigandages, des vols et des infractions à la Loi sur les stupéfiants. Ce ressortissant algérien a aussi été reconnu coupable de délits sexuels à deux reprises. La dernière affaire avait fait grand bruit dans la région: en 2009, il avait écopé de quatre ans et demi de prison pour avoir agressé sexuellement une mineure dans un train entre Sonceboz et La Chaux-de-Fonds.

Aujourd’hui âgé de 45 ans, Kader – qui séjourne illégalement en Suisse – se retrouve une nouvelle fois face à la justice pour des crimes d’ordre sexuel. Accusé notamment de contrainte sexuelle et de désagréments causés par la confrontation à un acte d’ordre sexuel, il comparaît depuis hier devant le Tribunal régional Jura bernois-Seeland.

«J’ai eu très mal»
Les faits se sont déroulés en trois épisodes distincts entre avril et septembre 2014. Le plus grave a eu lieu dans l’appartement de Céline*. La jeune femme y avait invité Kader, qu’elle avait rencontré le jour même.

Après avoir consommé de l’alcool avec son hôte, elle l’a autorisé à rester dormir sur le canapé. «Je suis allée me coucher dans mon lit. Un peu plus tard j’ai constaté qu’il s’était allongé derrière moi et qu’il me caressait. Je lui ai dit d’arrêter immédiatement, mais qu’il pouvait rester à côté de moi s’il se comportait correctement», a expliqué hier Céline à Maurice Paronitti, président du tribunal composé de cinq juges.

«Je me suis rendormie. Puis je me suis réveillée car il était sur moi et qu’il me pénétrait. Il avait enlevé mes sous-vêtements pendant mon sommeil.»

La jeune femme a tenté de se dégager. «Mais il m’a retournée sur le ventre et a essayé de me sodomiser. J’ai eu très mal.» Céline a rapidement réussi à se libérer. Elle a quitté aussitôt son appartement uniquement emballée dans une couverture pour aller se réfugier chez Reto*, son ancien compagnon. Mais elle ne s’est pas rendue chez un médecin pour se faire examiner et pour vérifier si elle avait été droguée à son insu.

Faits contestés
Une version des faits que Kader a contestée. «Les viols, ce n’est pas mon truc. Je n’ai pas besoin de ça pour assouvir mes besoins.» D’après lui, Céline et lui se sont couchés ensemble dans le lit de la jeune femme. «Avant quoi elle s’est complètement déshabillée», a-t-il précisé. «Elle a posé son pied sur le mien. J’ai pensé qu’elle avait envie de quelque chose alors je l’ai caressée. Soudain elle s’est levée en me disant qu’elle ne voulait pas de rapport sexuel. Je lui ai dit qu’il n’y avait pas de problème.»

«Alors pourquoi a-t-elle quitté son appartement?» a questionné Maurice Paronitti. «Je ne sais pas. On avait sympathisé. Je pense que Céline m’a accusé pour gagner de l’argent et pour se venger des problèmes qu’elle a eus avec des hommes par le passé.» Avant cet épisode, la jeune femme avait déjà été violée à deux reprises.

Présent en tant que témoin, Reto a confirmé avoir recueilli Céline au milieu de la nuit. Interrogé par Maître Contini, l’avocat commis d’office de Kader, il a admis avoir eu des rapports sexuels avec son ex-compagne cette nuit-là. «S’est-elle plainte de douleurs physiques durant l’acte?», a continué le magistrat. «Non», a répondu Reto.

Masturbation devant autrui
Céline a rencontré Kader par l’intermédiaire de son amie Sarah*, qui avait elle-même été victime de l’Algérien une dizaine de jours auparavant. La jeune femme et son petit ami Markus* avaient hébergé Kader après avoir passé la soirée tous ensemble. Les trois personnes ont dormi dans la même chambre: le couple dans un lit et leur invité sur un canapé de l’autre côté de la pièce.

Au milieu de la nuit, Sarah et Markus ont commencé à faire l’amour. «À un moment, j’ai vu Kader à côté du lit en train de se masturber. Il avait sorti son sexe de son pantalon», a raconté la jeune femme.

Après avoir été remis à l’ordre, Kader a réitéré son geste «à deux ou trois reprises» avant d’être mis dehors. Une version corroborée par Markus, mais réfutée par le prévenu. «J’admets que j’étais excité sur le moment, car nous avions bu et consommé des amphétamines. Je me suis touché, mais par-dessus mes vêtements», a affirmé Kader.

Maurice Paronitti a demandé à  Sarah pourquoi elle avait présenté Kader à Céline après cet incident. «Cela ne m’a pas trop pesé, a-t-elle répondu. Kader s’est excusé dès le lendemain. Ses bonnes manières ont repris le dessus. Mais je l’ai mal apprécié.»

Attouchements
Le dernier épisode s’est joué dans l’appartement de Jeanne*. Kader s’est incrusté dans une fête à laquelle il n’était pas convié. Il n’a pas quitté les lieux malgré des demandes répétées. Vers 5h du matin, il s’est introduit dans une chambre où dormaient Jeanne et une de ses amies. Kader s’est approché de Jeanne et a glissé sa main sous son soutien-gorge. La jeune femme s’est alors réveillée et a chassé son agresseur. Kader nie avoir touché le sein de la plaignante.

Le prévenu est aussi accusé de brigandage, de vol et de violation de domicile. Le Ministère public et la défense prononceront leurs plaidoiries ce matin. Le verdict sera rendu demain.

* Prénoms d’emprunt

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